A l’origine, la petite rubrique aux grands pavés qu’est le Cobblestone Stuff était mensuelle. Seulement, un type de deux mètres s’est un jour pointé devant ma porte puis s’est présenté comme étant une métaphore de la vie étudiante, avant de m’arroser de baffes. Du coup, j’ai du choisir entre continuer mes tests de créations étranges et parfois frustrantes sur Minecraft ou éviter d’échouer ma seconde année d’étude. Le choix a été d’une complexité folle. Mais j’ai moi aussi des congés à présent, alors il est temps pour nous de replonger dans le vif du sujet parce que tout ceci n’est certainement pas intéressant pour vous, et encore moins pour moi.

Si vous avez manqué/ignoré les cinq précédents épisodes, et bien tout d’abord je me demande bien pourquoi vous avez soudainement choisi de lire celui-ci, ensuite, il convient de faire un léger rappel : les sites comme celui-ci présente le côté doré de la communauté du jeu, celui qui fait de grandes choses ou au moins de bonnes choses, celui qui parvient à se démarquer. Le Cobblestone Stuff est l’occasion de se pencher sur les créations un peu plus classiques des joueurs, celles qui sont loin d’être mauvaises sans être excellentes et dont les défauts, même si agaçants de temps en temps, sont à l’origine d’une certaine dimension comique.

Jusqu’à maintenant, nous avions lorgné du côté des Maps Portal-like, des Maps horreurs, des Maps Aventure Vintage, du Voyage dans le temps et d’autres trucs plus ou moins clean. Nous allons aujourd’hui nous pencher sur le cas des suites de maps aventures. Mesdames messieurs, bienvenue dans le Cobblestone Stuff, parce que le pire n’est pas certain, il n’est jamais décevant, merci Murphy.

THE VALLEY : CHAPITRE II – CONTEXTE

Il y a peu de temps, Dammit, jeune rédacteur plein d’ambition et de pellicules avait présenté les créations d’un certain Simph, c’est à dire les deux épisodes de son univers “The Valley”. Dans son article, ledit rédacteur avait eu l’audace de dire que le second chapitre méritait à lui seul de passer dans cette rubrique.

– Oh ah oh, m’étais-je alors écrié sur la conversation Discord de la rédaction. Il est bien rare que la suite d’une bonne création soit moins réussie ou plus fofolle que sa grande sœur, la plupart du temps nous avons l’inverse ! C’est là l’une des principales différences entre Minecraft l’industrie du cinéma !

– Hein ? Entre Minecraft et le cinéma ? Y’a pas que des différences ? ‘Fin, y ont des points communs ? Avait-il répondu.

Avant d’ouvrir les candidatures pour rédacteurs histoire de remplacer ce malotru quand il sera promptement viré, j’ai décidé d’essayer la fameuse map. Je n’y ai pas compris grand chose, tout simplement parce que je n’avais pas joué à la toute première. Alors j’ai joué à la toute première (assez sympathique effectivement) avant de repasser à la seconde. Je n’ai toujours rien compris. Bon. Il faut parfois savoir prendre le taureau par les cornes (même si c’est stupide et qu’il vaut mieux passer par des fléchettes anesthésiantes) : j’admets que je me suis trompé et que les suites de Maps aventures ne suivent pas un algorithme infaillible comme celui-ci :

L'algo magique qui ne l'est pas

Et pourtant, la plupart du temps, la suite d’une création est soit du même niveau que la précédente, soit meilleure. Et c’est comme ça depuis le début du Mapping, même chez les plus grands. L’individu crée quelque chose, il reçoit en retour des critiques et des remarques constructives ou non, les prend en compte pour sa prochaine création et l’expérience acquise dans tout ça lui permet de s’améliorer et de nous sortir quelque chose d’encore plus bon, et ainsi de suite. C’est un processus créatif que l’on retrouve très souvent dans tout ce qui est éditeurs de niveaux (Mario, Portal 2, Little Big Planet…) et SandBox. A la rigueur, le bonhomme va faire quelque chose d’aussi bon ou d’aussi mauvais que son premier essai, mais sans tomber plus bas.

Dammit, attention, ton heure approche

Dammit, attention, ton heure approche

Vous vous en doutez, mais il y a des exceptions. Pourquoi ? Parce que l’absolu n’existe guère ! Ou juste parce que se planter, c’est humain, tout connement. Attention, je ne parle pas de gros plantage, on ne passe pas de Birdman à 50 Nuances de Grey, on ne parle pas d’un gouffre créatif plus profond et plus large que le grand canyon. Aucun Map Maker, talentueux ou non, ne se la joue ascenseur à passer de très bon/très mauvais à très mauvais/oh mon dieu. Simph n’est pas différent. Non, parfois, la différence ne tient qu’à un scénario qui en fait trop, à une architecture trop peu inspirée, à un subtile changement d’ambiance ou bien, comme c’est le cas ici, à un changement de registre trop…brutal. Comme si vous passiez de The Mask à Donnie Darko.

Passons au test.

THE VALLEY : CHAPITRE II – TEST

Dans The Valley, nous incarnions un gugus qui, un matin en sortant de chez lui, est témoin de l’effondrement du seul et unique tunnel qui permet de sortir de la vallée dans laquelle lui et une petite communauté de PNJ vivent. Bien entendu, comme tous les héros de Maps aventures, il est le seul et unique personnage qui en a quelque chose à cirer parce que tout le monde s’en tamponne le haricot avec une asperge, trop occupé à vivre dans les égouts ou à créer des puzzles sous sa baraque. Il nous fallait donc aller à droite à gauche pour rechercher de l’aide et des items pour finalement déboucher ledit tunnel grâce à une pioche en diamant. Ceci étant fait, nous nous retrouvions dans notre lit, là ou tout avait commencé. Ah.

Bah ouep, c'est vide

“Je viens de me lever. Go supermarché. Même s’il est vide”

Tout ceci était donc un rêve. Le type rêve de “tunnel qui se bouche” et de villageois qui vit dans les égouts, tout ceci me parait relativement suspect et relativement pervers si nous nous penchons sur le subconscient du personnage, mais ne partons pas trop loin. Un rêve, donc. Nous nous réveillons là ou la dernière map s’était arrêtée, c’est à dire…là ou elle avait commencé. Chez nous, dans notre petit village dans la vallée. Il fait beau, le soleil brille, l’herbe pousse, le tunnel est clean, il n’y a pas d’égout étrange avec un clochard blond à l’intérieur, tout semble aller pour le mieux. Notre héros est content, il décide que c’est le jour idéal pour aller faire la meilleure soupe du monde. Ce qui inclut d’aller au supermarché. Ce qui inclut d’avoir de l’argent.

Tout ceci s’annonce épique.

Good luck Harry, on est tous pour toi

Ron se prépare pour affronter cette terrible épreuve

Alors qu’on se demande si cette quête de soupe va être à l’image d’un Timmy se rendant à l’école, devant en chemin se jeter dans un lac de lave et répondre aux énigmes d’un pédophile, on remarque vite que l’ensemble a une tonalité un peu différente. Alors qu’on passe le tunnel pour nous rendre au supermarché, une grille se referme derrière nous, sans que nous sachions pourquoi. Le héros est étonné. Je suis étonné. La vache située pas trop loin est étonnée. C’est l’étonnement général. Présumons qu’acheter de la soupe est interdit dans la constitution de la vallée et continuons notre route.

Le fameux tunnel

“lol c’était un drôle de rêve. Allons acheter de la soupe”

Nous arrivons devant la mairie. Il se trouve que pour atteindre le supermarché, il faut forcément traverser la mairie, parce qu’aller savoir pourquoi, un con a construit une mairie sur la route. Bah. Ces choses là arrivent. Du coup tous les samedi matins ça doit être un sacré bazar dans le hall de la mairie, mais ce n’est pas notre soucis, nous, nous voulons de la soupe bon sang. Alors nous traversons le hall pour ressortir de la l’autre côté, ou trône le supermarché. Nous sommes surpris de voir que ce dernier est ouvert mais que personne ne s’y trouve, ni clients, ni employés.

– Hum, c’est pas banal…se dit notre héros. Bah, ils disent que c’est ouvert, alors j’y vais.

Je suppose que le gérant et les autres clients sont séquestrés dans le petit village vu que tout s’est refermé derrière nous, de mon côté. Quoi qu’il en soit, nous ramassons les ingrédients nécessaire à notre fantastique mixture puis nous nous dirigeons vers la caisse, bien qu’elle soit vide.

– Arf, je vais laisser 5 dollars, j’espère que ça suffira, s’exclame notre personnage un peu concon.

Niveau alternative, tu peux aussi regarder le prix des trucs que tu as ramassé, genre en lisant l’étiquette. Ou tu peux aussi ne pas payer, de tout façon c’est vide. Comme tes rêves. Mais visiblement, notre personnage est trop honnête et laisse donc un peu d’argent avant de reprendre sa route. Il s’agit maintenant d’aller nous prendre quelques bonbons à la…disons bonbonnerie du coin ? Bon d’accord. Allons y. Nous traversons à nouveau la mairie, puis nous filons droit vers la petite boutique. Et c’est à ce moment précis qu’il faut s’ouvrir le crâne, sortir son cerveau puis le manger. Dans cet ordre, si possible.

Cet emplacement...

En avril les mairies commencent à pousser. N’importe ou.

La boutique est en fait un couloir. Il y a un trou au fond de ce couloir et des morts vivants dans ce trou. Ce sont les villageois, nos amis nos voisins, tous morts, décomposés, zombies et squelettes, là, dans ce couloir froid et sombre, qui est en fait une bonbonnerie. Bon, à sa place je me dirai que c’est toujours mieux que rien et bien que ce soit un peu différent du réglisse et des carambars, ça fera l’affaire. Mais notre héros n’est pas d’accord et fait ce que n’importe qui ferait dans cette situation : se tirer en courant leur exploser la tronche à coup d’épée dans la gueule, épée trouvée quelques secondes plus tôt dans un coffre qui trainait là.

Ceci est une bonbonnerie.

Ceci est un magasin de bonbon. C’est plus ce que c’était.

On continue notre chemin (qui est en fait le même couloir) pour finalement tomber dans un ruisseau qui nous fait doucement glisser vers un…autel consacré au clochard blond timbré des égouts qu’on avait déjà rencontré dans notre rêve, pendant le premier chapitre. L’autel n’est pas vide, le clochard est dessus, d’ailleurs. Il me regarde. Je le regarde. Il me regarde. Puis là le mec me sort sans pression :

– Oh cool c’est toi ! T’es le mec que j’ai vu dans le rêve !

Lolz comme le mec au début du jeu Oblivion ? Ai-je envie de répondre, mais ça ne se passera pas ainsi.

Non non, à ce moment s’en suit alors l’un des dialogues les plus tordus qui soit, que je vais vous abréger un peu :

– Mais qu’est ce que quoi ? Auriez-vous l’obligeance de m’expliquer ce qu’il se passe et pourquoi mes potes étaient des zombies ?

– Non on s’en fout. Quand t’étais venu dans les égouts j’ai découvert que t’avais une grosse maladie super rare.

– Oh mon dieu donc je suis aussi en train de rêver là ?

– Je ne sais pas comment t’es arrivé à cette conclusion parce que ça n’a aucun rapport avec ce que j’ai dit, mais ouep, tout juste.

– Oh cool mais alors comment je me réveille ? Parce que c’est gentil mais je fais de sacrés rêves de merde quand même.

– Oh bah c’est facile, tu dois juste crever héhé ! Je vais t’aider regarde, passe par là et tu pourras sauter de trente mètres, au calme !

Bon sang le mec est complétement pété

Bon sang le mec est complétement pété

Et voilà notre protagoniste convaincu. Que dire. Bah allons y hein. Donc du coup notre personnage est super content, il se dit que se suicider en se fracassant dans une crevasse c’est faisable, même pour lui, alors il se lance. Malheureusement, même sur ce point, il avait tort. Il s’écrase en bas, se pète la plupart des os puis se relève difficilement, n’ayant plus que quelques points de vies. A ce stade, autant se finir en se frappant la tête contre un mur très très fort, mais le gaillard estime que ce n’est pas suffisamment viril et prend la décision de se faire péter à la TNT dans son trou. Coup de bol, au fin fond de la crevasse dans laquelle il s’est viandé, y’a tout ce qu’il faut. Table de craft, sable, poudre…limite on aurait juste besoin d’un manuel IKEA pour monter sa propre bombe et c’est bon. Effectivement, après l’explosion, nous nous réveillons une fois de plus dans notre chambre, cette fois ci pour de bon visiblement.

"haaan je vouus ai vu dans mes rêvees"

“haaan je vouus ai vu dans mes rêvees”

Morale de l’histoire : N’achetez pas de soupe. Restez au lit. Rideaux.

INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Nous avons là deux projets assez courts, ça tape dans les vingts ou trente minutes pour terminer le premier chapitre et entre cinq et dix pour boucler le second. Le premier était donc un gros bazar ambiant dans lequel nous devions déboucher un tunnel, pour finalement nous rendre compte que nous rêvions, pour finalement nous rendre compte encore plus tard que nous rêvions que nous rêvions le rêve. Le tout avec des zombies dans un magasin de bonbons-couloirs et un autel construit pour le culte du clochard blond des égouts. Voilà. Étant donné que la map était bien plus courte que sa grande sœur, qui était déjà courte, je présume que l’auteur avait tout bonnement moins d’idée ou moins de motivation pour boucler son univers, surtout si le plot-twist final est exactement le même que celui du premier chapitre. Si vous pensez faire une suite à l’une de vos créations, réfléchissez d’abord à ce qu’elle peut apporter à ladite création, et évitez de partir n’importe ou. Une fois sur deux vous atterrissez dans une mairie.

Vous n’en avez aucune envie, croyez-moi.

VIDÉO

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The Valley – Chapitre I

The Valley – Chapitre II

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