[Histoire] Les Reliques d'EntreMonde

LordOldo

Troll Rôliste Pacifique
15 Juillet 2013
69
11
3
Bonjour.

Voici une histoire de type Héroïque Fantasy dans l'univers de Minecraft.
J'espère qu'elle vous plairas, n'hésitez pas à commenter.

Ps: veuillez excuser l'orthographe déplorable, je n'aurais en aucun cas les moyens de payez les frais médicaux des futures greffes oculaires qui suivront.


«_ Regarde-moi ça ! »
L’homme émergeât d’une galerie à moitié effondrée et infestée de toiles d’araignées, soulevant sur son passage des volutes de poussières. Il tenait dans ses mains un antique grimoire dont les pages, jaunies par le temps, étaient presque collées entre elles.
Son compagnon, le regard fixé sur le trou par lequel ils étaient arrivés, ne semblais pas partager son enthousiasme.

_ Tu sais très bien que je déteste quand tu fouilles dans ces couloirs, Ezeis ! Grommelât ’il sans lui accorder un regard. On est ici pour déterminer l’état des fondations de ces galeries.
Sans prêter attention à cette remarque, le dénommé Ezeis balayât une antique table de son épaisse couche de poussière pour y déposer le vieil ouvrage.

Il coinçât sa torche entre deux blocs de gravats que le plafond avait dû libérer des centaines d’années au paravent pour s’éclairer convenablement et entrepris de faire sauter le lourd cadenas de fer qui verrouillait la couverture de cuir usée et racornie.

_ Je sais pas pourquoi ça t’intéresse pas, tout ça, déclarât il en forçant la serrure avec sa dague. C’est tellement fou ! Dis-toi qu’on met les pieds dans des couloirs royaux d’une forteresse abandonnée il y à plus de huit cents ans lors des invasions barbares ! C’est saisissant ! On est dans les quartiers inférieurs de l’ancienne Origine, sur les fondations de la nouvelles ! Toi tu vois juste l’aspect « boulot », le repérage des supportages, alors qu’il y a tellement de secrets oubliés ici, tellement de trésors.
D’un geste expert, il fit sauter le cadenas.
_ Notre boulot, ce n’est pas une chasse au trésor, petit frère ! Le sermonnât l’autre homme. On est là pour inspecter les ruines qui ont été découvertes pour vérifier si elles ne menacent pas de faire écrouler les fondations des nouvelles murailles du chantier. Tu sais très bien que si on t’attrape à la fouille avec quoi que ce soit venant de cet endroit, on te tranchera la main droite, alors ne t’avise pas de ramasser le moindre objet qui te plaira. On n’est pas en train de jouer !
Il tendit ça torche un peu plus haut pour mieux inspecter le trou et marmonnât dans ça barbe.
_ A quoi bon ? répliqua le jeune homme. Dans tous les cas, ils vont faire des arches doubles pour supporter le poids de la muraille. Elle tiendrait des décennies sans s’effondrer dans un marais, avec ça. Et je ne te parle pas de trésors matériels. Regarde, c’est un ouvrage d’un gars qui était Maître Magicien du Conseil d’Or ! Y’a pas d’autre fois dans ta vie ou tu pourras lire un truc écrit par un gars d’aussi haut rang !

Son frère soupirât, excédé. Il ne comprenait pas qu’il refuse de grandir et n’accepte pas de réfléchir en adulte. L’attrait qu’il avait pour toutes ces antiquités historique ne le quittait plus depuis qu’ils avaient commencé ce travail de repérage pour le chantier de la nouvelle Origine, la forteresse bâtie sur les ruines ancestrale de son ancêtre. Chargés d’inspectés les galeries centenaires que les mineurs avaient mis à jour, ils découvraient chaque jour de plus en plus de ce qui fût une capitale prospère jusqu’à sa chute, obligé d’explorer de plus en plus profond terre pour établir des plans primaires des anciens quartiers militaires, des salles des coffre, des cuisines, et de bien d’autres choses.

_ Je t’avouerais que j’en ai rien à secouer d’un texte écris par les Esprits eux-mêmes, si ça m’apporte pas de quoi payer les repas de ce mois qui viens, lui rétorquât-il. On à d’autres problèmes, les cordages on lâchés, et on est beaucoup trop loin du point de récupération. Il faut trouver de quoi remonter d’au moins quinze mètres sinon on va rester là jusqu’à ce que la prochaine équipe nous trouve. Pour peu qu’elle passe par là. Dis, tu m’écoute au moins ?
Son frère ne lui avait prêté aucune attention, complètement absorbé par le contenu du livre.
_ Ça parle d’une prophétie sur la guerre des portails, racontât-il à haute voix. Il y a près d milles ans, les hommes et les nains ce sont ligués contre une horde de créatures de la nuit près de la crique de Nazarog. Le magicien parle de plus de dix milles combattants de toutes les contrées unis sous une même bannière contre des cohortes de revenants, d’archès squelettiques, de Ghasts, et de pleins d’autres abominations qui s’étaient regroupé pour exterminer la vie sur terre. Regarde, Artur, Il y a même des dessins !

L’ainé ne répondit pas. Il savait qu’il allait devoir se débrouiller seul pour les sortir d’ici. De plus en plus d’équipes racontaient avoir vu d’étranges choses en s’enfonçant dans les ruines, et il ne souhaitait pas s’éterniser pour confirmer les histoires à dormir debout qui se répandaient sur le chantier.
En écartant les toiles d’araignée avec sa torche, il se mit à la recherche de cordage encore en état, ou d’une échelle. Il savait qu’il ne devait pas s’attendre à des miracles, car tout ce qui trainait dans ces galeries était rongé par la moisissure, l’humidité, et le temps.

_ D’après ce texte, le magicien à chercher à trouver pendant presque toute sa vie pourquoi les créatures de la nuit avaient rompus leur mode de vie solitaire pour s’unir et s’organiser, et pourquoi ils avaient choisi de forcer le lieu de la bataille à cet endroit précis de la crique. D’après lui, plus de quatre mille soldats de l’alliance ont péri ce jour-là, et la bataille à durer plus de vingt et une heure de combats acharnés. Il a trouvé de vieux écrits par ci par là qui parlaient d’une invocation d’une grande menace par un énorme sacrifice. Tu verrais les dessins du monstre ! Il est terrifiant !

Artur tirât sur une corde qui se cassât aussitôt en une dizaine de morceaux. Rien ici ne leur permettrait de s’en sortit. Même en empilant les coffres, ils n’attendraient pas le point ou les cordages avaient lâchés.

_ Le magicien indique que plus le sacrifice est important, plus le temps d’invocation est long. Le livre est abimé ici mais j’arrive à lire qu’il a déterminé l’année à laquelle la créature devait se manifester. Après il parle d’une autre dimension et de portails. C’est assez flou, et les pages sont dévorées par les mites. Là, il parle de l’apparition grands monstres noirs et d’une prophétie ancestrale ou seul un gars qui… J’arrive pas à lire… enfin bref, seul un gars bien précis pourra choper la bestiole démoniaque et la tuer. C’est flippant pas vrai ?

Arthur découvrit un étrange cercle de pierre en arrachant d’un mur une teinture délavée criblée de trous. On aurait dit que ce n’était pas une partie intégrante du mur, mais plutôt…

_ Eh ! J’ai trouvé la date à laquelle tout ça devrait se produire ! Et ben devine, je te le donne en mille c’est…

Son frère poussât l’étrange bouton sans écouter son frère. Dans un bruit sourd, un pan complet du mur s’escamotât.
Surpris, il découvrit une porte gigantesque ornée de crânes humains, ouverte sur une pièce tellement obscure qu'il n'y voyait pas à plus de dix pas. Arthur brandit alors sa torche pour voir ce que donnais cette pièce et s'il pouvait y trouver de quoi remonter.
Un grincement métallique puissant lui fit tourner la tête.
Puis, sortant de l’obscurité, un énorme poing d’acier l’écrasât contre le mur, projetant du sang et des morceaux d’os à trois mètres aux alentours, sur le lit de poussière qui recouvrait le sol.

_ Arthur ? Appela timidement son frère, en se retournant.
Puis il hurlât, lorsqu’il vit ce qui fonçait droit sur lui, faisant trembler le sol sous son poids.

minecraft_abyss_by_xcrosspictures-d3gbtfg.png
 
  • J'aime
Reactions: FatalityRainbow
CHAPITRE I - RENCONTRE


L’avantage des campagnes de Dragedon, c’est qu’on y évite les unités d’éclaireurs, les formations de mercenaires, les batailles, les pillages, en somme, tous les inconvénients des zones prospères des terres d’Agorïm.
Dragedon est une zone qui n’est ni riche, ni prospère, avec aucun fief, aucune armée connue, ni même aucun temple secret oublié qui pourrait attirer des aventuriers.
Aucun grand fleuve ne la traverse, aucune mine importante n’a été trouvée, et très peu de routes importantes permettent d’y circuler.

L’inconvénient, c’est que le peu de route qui existe regorge de brigands, de coupe jarret et autre bandes organisées sans foi ni loi. Et pour cause, peu de villages, aucune milice, cela amène un climat propice à des larcins faciles même si peu juteux, comme le paysans lambda n’est pas cossu.
C’est donc sur la petite route de gravier qui reliait la bourgade d’Unan à celle de VilleNuit, à la sortie d’une petite clairière débouchant sur une plaine verdoyante, qu’un paysan et son troupeau de gorets récemment acheté se retrouvait agressé par une bande de quatre malandrins.

- - Je vais pas t’compter d’surprise, dit le premier brigand, surnommé La Tiraille par ces paires, un homme dont le torse nu mettait en avant son aspect maigrichon, de vilaines cicatrices mal recousues, et une épée en fer déjà bien usée, mais avec une lame asses large pour que son utilisateur puisse faire peur avec, c’est ton or, ou on te vide la bedaine comme un vulgaire poulet.
- - J’aurais eu quelque chose que j’t’aurais rien donné, gamin, répondit le paysans un peu gêné mais sans pour autant céder à la peur, j’ai tout dépensé au marcher. Trouvez-vous un autre gars à fatiguer, j’suis fauché comme les blés.
- - Gamin ? S’étranglât son interlocuteur. Y m’as appelé gamin, ce salopard, je vais…
- - La ferme, La Tiraille, le coupa un grand gaillard avec une lance qui avait été autrefois un étendard, sans doute récupérée sur un champ de bataille. Tu vois bien qu’avec six cochons derrière lui, après l’heure du marché aux bêtes, il doit plus avoir un rond dans les fouilles.
- - Et alors ? renchérit un autre, plus petit, les cheveux roux qui couvraient son crane de façon désordonnés, avec une masse en bois, et de gros bracelets en cuivre qui entouraient ces bras musclés. On va le laisser décarrer sans une obole ? Je passe pas une journée de plus à me faire chier derrière un bosquet sans qu’on y touche au moins une prune !
- - Il a pas tort, Julius, déclarât La tiraille à celui qui lui avait coupé la parole. J’le laisse pas s’en aller après m’avoir traité, ce pécnaud ! J’vais le…
- - On va lui prendre ces cochons.

Celui qui avait parlé était le dernier bandit, en retrait, vêtu d’une légère armure en cuir. Il était chauve, mais arborait une longue moustache noire et un tatouage tribal rouge sur son cuir chevelu luisant. Deux coutelas étaient fixés à sa ceinture dans des fourreaux en peau de loup. Il était assis sur un rocher, les bras croisé.

- - Mais qu’est-ce qu’on va faire de six porcs ? demandât La Tiraille
- - Ca ne s’échange pas dans un bordel, appuya le brigand de petite taille.
- - Dans tous les cas, y’en a pas dans l’coin, lui répondit le grand Julius en haussant les épaules.
- - On va en manger un au repaire, ce soir, continuât le chauve. Le reste, on le revendra.
- - C’est loin d’être con, admis le petit.
- - Contrairement à toi, raillait la Tiraille avant de prendre un crochet dans les côtes.
- - Si vous pensez que j’vais vous laisser trois mois d’labeur vendu comme ça, déclarât le paysan en se positionnant d’un air protecteur devant ces cochons en brandissant son bâton, vous vous carrez l’doigt dans les mirettes. Vous z’autes, vous feriez moins les malins si les gens d’armes du comté d’IleNâcre était dans l’coin.

Les quatre brigands se mirent à rire aux éclats.

- - Hé l’aut’ ! raillât La Tiraille en se tapant sur les cuisses. On est quatre, armés, et toi t’as qu’un bâton d’merde et t’es tout seul !
- - En fait, il n’est pas tout seul.

Celui qui venait de parler était un étrange personnage, tout juste sorti de la clairière sans un bruit, si bien que la petite troupe et le paysan, trop occupés, ne l’avaient pas vu arriver. Il était capuchonné dans un accoutrement en cuir noir, et la poignée d’une épée dépassait de sa cape de voyage. On ne voyait de son visage qu’une légère barbe taillée, encadrant un visage taillé au couteau. Il tenait à la main un bâton de voyage dont l’extrémité usée attestait de la longue route qu’il avait déjà entrepris.

- - Et c’est qui, lui ? demandât La Tiraille en s’avançant vers le nouveau venu. On l’a convié ? non ? alors qu’il fasse la queue, on le dépouillera quand ce sera son tour.
- - Tu as mal choisit ton moment, étranger, l’apostropha Julius.
- - Laissez-le partir et allez-vous-en. continuât l’étranger comme si le brigand maigrelet était transparent.
- - Sinon quoi ? Hein ? continuât de couiner La Tiraille. Qu’est-ce que tu comptes faire ? Hein ? Nous faire « Bou ! », en espérant qu’on s’barre en courant.

L’étranger continuait d’avancer pour ce placer devant le paysan, sans tenir compte de la présence du bandit maigrelet qui par conséquence était au bord de la crise de rage.

- - Hé connard, j’te cause !
- - Tu pourrais répondre à notre camarade, étranger, concédât Julius.
- - Il n’est malheureusement pas dans mes coutumes de m’adresser aux faibles dans ce genre de situation, mais plutôt aux chefs.
- - Moi ? s’étranglât La Tiraille. Faible ?
- - Il est de notoriété publique que celui qui parle le plus et fait le plus de bruit est le plus faible d’un groupe, acquiesça le nouveau venu. C’est un moyen de combler certains complexes.
Le brigand de petite taille éclatât de rire.
- - Le vrai meneur, continuât l’étranger en s’adressant au guerrier chauve, c’est plutôt celui qui observe attentivement les situations et qui donne des ordres, je me trompe ?
- - Tu ne te trompe pas, lui répondit ce dernier en se relevant. Cependant, malgré ces lacunes en retenue et en bienséance, La Tiraille n’as pas tort. A deux contre quatre les chiffres sont contre toi.
- - Je dirais tout au plus à un contre deux, corrigea l’étranger.
- - Tu sais pas compter, connard ? raillât le petit homme.
- - Je ne prends pas en compte la personne que vous agressez. Il n’est pas un combattant, tout le monde en conviendra. Si j’élimine votre chef, votre moral va flancher. Et si je me charge du plus téméraire de ceux qui resteront, les deux derniers détaleront comme des lapins.
- - Un calcul correct, acquiesça le guerrier chauve en marchant vers son interlocuteur. Mais ton calcul omet des variantes.
- - Lequel ? s’enquérir l’homme au capuchon.
- - L’EFFET DE SURPRISE ! Hurlât le guerrier chauve, en profitant de sa position en aplomb pour bondir sur lui, une dague dans chaque main.

Au moment où son agresseur allait tomber sur lui, l’étranger fit un pas de côté, dégainant une épée longue à lame légère, lui faisant décrire un arc de cercle rapide d’un mouvement expert trahissant des années de maniement.
Le corps décapité de ce qui fut Ulgar le chauve, déserteur des armées de Téné, brigand à la petite semaine et chef du son équipe de brigand, s’écroulât par terre, la tête allant rouler au pied du paysan sous les yeux ébahis de ces comparses.

La Tiraille cherchât à venger son meneur en brandissant son épée, mais l’étranger lui projeta dans le front une dague équilibrée en acier qui le fit voler en arrière sous la puissance du choc, en émettant un bruit sourd lorsqu’elle se planta jusqu’à la garde dans son crâne.
Il s’étalât au sol au pied du dénommé Julius.

L’action avait duré une fraction de seconde.

- - Hé ben nous on va faire comme vous avez dit, monseigneur, glapit le petit homme en déposant son arme au sol.
- - Oui, un contre deux, pas plus, approuva le grand Julius en l’imitant, laissant tomber sa lance et levant les bras en signe de soumission.
- - Cassez-vous, soupira l’étranger.
- - Comment ?
- - Bou !

Et les deux brigands détalèrent à toute jambe dans la clairière.
Le paysans, plus que reconnaissant, et tremblant encore un peu, se retournât vers son sauveur.

- - Pour sûr que c’est les éléments qui vous ont mis sur ma route, Monseigneur ! Soyez bénit !
- - Je me dirige vers le village VilleNuit, déclarât l’étranger comme si la scène qui s’était déroulée était un évènement anodin auquel il ne prêtait aucune importance. Pourriez-vous m’indiquer le chemin ?
- - J’y vais moi-même ! Et même que je vous invite me suivre, parce que j’vous paye le gîte et la mangeaille, ho ça oui ! Vous allez pas rester dehors une fois là-bas, La nuit est dangereuse par ici. Et puis il faut que j’vous présent au Bourgmestre !
- - C’est ce qui m’amène, répondit-il en se remettant en marche. Toutefois, je tiens à vous avertir d’un détail.
- - Oui da ?
- - Votre cochon à commencé à manger le cou de ce cadavre, là. C’est une mauvaise habitude…

tube_w10.gif
 
CHAPITRE II - CONTRAT


Les deux hommes marchais depuis plus d’une heure mais le paysans ne semblais pas être à court de sujets de discutions et de questions. Il était, il faut dire encore en admiration devant son sauveur, et qui plus est heureux comme tout de pourvoir discuter du monde extérieur avec un étranger.

-Et du coup, les troupes du Duc de PicDeBrûme ont battu en retraite ?
-Depuis cet Hiver, les terres de l’Est ont eu droit à un peu de répit, répondit l’étranger. Mais ça ne vas pas durer, le Duc à renforcer ces liens avec les seigneurs des Terres de fer. D’ici peu, la guerre reprendra son cour.
-Et es-t’y vrai qu’les membres de sa cour font leurs enfants en famille ?
-La légende de la consanguinité de la ligné royale de Jemo est tellement connue qu’elle doit bien avoir des origines. Je n’ai pas pu pour autant trouver de quoi la confirmer.
-Votre nom à vous monseigneur, c’est quoi, parce que depuis le temps qu’on cause, on s’éty pas présenté poliment, comme il faut, quoi.
-Je m’appelle Kael, lui répondit, son interlocuteur, et je suis tout sauf un seigneur.
-Moi c’est Yvaud, m’sieur, s’empressât de répondre le paysans. Et si vous êtes pas seigneur, avec vot’ accoutrement, là, vot’ épée, vot’ cape, tout ça, vous êtes surement pas un commerçant ni un poète. Vous êtes mercenaire ?
-Pas tout à fait, lui répondit Kael en souriant. Disons que je résous certains problèmes.
-Un mercenaire, en somme.
-Je ne prends part à aucune guerre, et je ne me plie à aucun maître. Je suis une sorte d’expert dans un domaine bien spécifique. On m’a dit que votre village décerne une prime pour une chasse « spéciale ». Ce genre de travail m’interesse.
-Ho ! Vous venez pour ça ! S’étonnât Yvaud. Personne ne croyait que ça intéresserais quelqu’un.
-Pourquoi donc ?
-Au début, on aurait dit des histoires de bonnes femmes, et personne c’en est soucié. Et puis des bêtes sont mortes, pis après des chasseurs, vous connaissez la suite.
-En effet.
-Du coup, quand on raconte ça aux gens des autres villes, ils se marrent en disant qu’on écoute trop les contes pour gosses.
-Toutes les « histoires de bonnes femmes » comme vous dite, ont un fond de vérité.
Le paysan le dévisageât.
-Les blocs de roche qui attaquent les maris infidèles en leur explosant au visage et en se transformant en insecte ?
-Celle-là, par exemple, à un fond de vérité.
-Nooon. J’vous crois pas !
-Il y a une race d’insecte argenté qui vie dans les mines très profondes. Lorsqu’ils pondent, ils entourent leur œufs d’une carapace fais à partir des matériaux les plus proches de leur lieu de ponte. Ils sécrètent un acide très corrosif qui leur permet de liquéfier la roche pour la redéposé sur leur progéniture. Plus les œufs grandissent, plus la pierre est comprimée. Si on frappe la coquille à maturité en pensant qu’il s’agit d’un bloc de roche, elle éclate, en libèrent un insecte qui à consommer les réserves de son œuf. Il cherche alors à se nourrir sur le malheureux qui a eu la mauvaise idée de miner à cet endroit.
-Ah bon, c’est pas dénué d’logique. Mais l’adultère alors ?
-Il est tellement plus aisé de dire qu’un homme est mort à cause de ces péchés, que suite à un bête accident.
-Si j’avais su… Soupira le paysan.
-Pardon ? Demandât Kael.
-Je disais, si j’avais su que l’adultère avait rien à voir avec tout ça…
-Vous auriez miné plus souvent ?
-Ho que non, lui répondit Yvaud en riant. J’aurais plus profité pendant ma jeunesse !

Les deux hommes éclatèrent de rire.
Au loin, on distinguait déjà les panaches de fumé grise qui s’échappait des cheminées des masures du village de VilleNuit. Droit devant eux, derrière une colline se tenait la petite bourgade d’une centaine d’habitants. Elle ne possédait pas de murailles, tout juste une palissade de rondins de bois, et l’unique route de la région la traversait de part en part.

Autour d’elle, les fermes et les champs se faisait nombreux, preuve du caractère agraire de ce village, puisqu’il ne produisait que du blé, du melon, un peu de cuir grâce aux troupeaux de vaches, mais une bière de bonne qualité.
La nuit commençait à tomber, et Yvaud invita son sauveur à la taverne, pour le présenter au Bourgmestre.

Dans ce type de petits villages, on trouve le plus souvent le responsable à la taverne. Il y a rarement des maries, et s’il y en à, elles font également office d’étable ou de commerce. De plus, un bon Bourgmestre est l’homme du village qui tiens le mieux l’alcool, qui prend le moins part aux bagarres, et qui est le meilleur orateur. Il est donc logique que ce type d’individu sois couramment un coude sur le comptoir, en cumulant alors habilement deux fonctions, celle de surveiller ces ouailles, et celle de détériorer son foie.

Le bourgmestre de VilleNuit était un homme aussi sage que bedonnant nommé Alfred, fils de Judeon. En plus de son talent certain dans l’art de raconter des histoires, il était doté d’un sens la gestion du patrimoine suffisant pour encadrer une ville telle que la sienne. A savoir, en cas de problème, gueuler un grand coup. Si ça ne marche pas, demander de l’aide. Dans le cas présent, la première étape n’avait pas donné grand-chose. Il avait donc payé le crieur public local pour faire passer l’annonce qu’il expliquait à l’heure actuelle à Kael, autour d’une bière, sur une table en bois autour de laquelle s’attroupait déjà une vingtaine de curieux.

-Tout à commencer il y a une lune environ, commença à résumer Alfred. On a commencé à remarquer que pas mal de morceaux de murets disparaissait des chemins, et pas que de la corrosion, ou des éboulis, des trucs qui disparaissaient vraiment. Et puis un matin, on a découvert qu’un morceau de deux pieds sur quatre manquait dans l’étable de Bertie.
-Un trou énorme, affirmât un autre homme. Le bloc de pierre complet qui avait disparu !
-Autrement dit, continuât le Bourgmestre, on avait enlevé durant la nuit, et sans faire de bruit, un pan de mur complet. Quelque chose d’inconcevable. Une semaine plus tard, c’était le grillage de la ferme de Gérin qui se faisait la malle de la même manière. Disparut pendant la nuit.
-On a suspecté Lucien, qui est notre maçon, continuât un homme ventripotent à côté du bourgmestre. On pensait qu’il ferait ça pour ce créer du travail, mais quand c’est ça maison qui a reçus aussi, on s’est vite inquiété.
-Et pas qu’un peu, concédât le Bourgmestre, la porte d’entrée, rien que ça ! Bref, on n’y comprenait rien, et on colmatait les trous créés en cherchant à savoir d’où ça venais.
-Et puis y’a des bêtes qui ont disparues, poursuivit l’homme trapu.
-Laisse causé Alfred, lui lança un homme un peu plus loin dans la foule.
L’intéressé termina ça rasade de bière pour enchainer.
-On a perdu une vache, puis deux moutons. On a mis des chiens de gardes, du coup, et on en a perdu deux. Alors les gars ont fait une battue, y’a deux semaines, et c’est là que c’est devenu dangereux. Ils sont tombés sur cette Chose.
Le public fit grand silence, captivé par le récit.
-Sur les 5 hommes qui étaient partit, un seul est revenu. Et encore, il n’a pas encore récupéré ces esprits. De ce qu’il à raconter, on sait pas s’il divague encore ou si c’est vraiment ce qu’il à vue. Il parle d’une grande créature noire enveloppée dans un brouillard violacé. Lorsqu’ils l’ont trouvé, elle dévorait une vache entière. Deux gars ont été comme transformés quand ils ont regardés dans ces yeux, si bien qu’ils ne pouvaient plus bouger. Quand ils ont tourné la tête, elle les a attaqués sans délais. Le rescapé parle de ces cris tellement aigus, à lui détruire les tympans, et de la vitesse à laquelle elle se déplaçait. Du coup, on ne savait plus trop quoi faire, après ça.
-Vous avez déjà eu des cas de monstres de ce genre dans les parages ? demandât Kael.
-Il y a quelques Cadavres qui apparaissent la nuit, dans les bois à l’Est. Mais ils sont lents. Si ma mémoire est bonne, la dernière bête qu’on a eu à chasser était une araignée noire de taille moyenne, mais ça date de mon grand-père, c’est presque une légende.
-Pas de choses anormales ?
-Pas plus que chaque saison.
-Vous avez un Portail ?
-Ho ça non, celui qu’on a est éteint depuis des lustres. Il a été scellé par le dernier mage qu’on ait eu au village, j’étais p’tiot quand il a fait ça. Trop de risque pour les jeunes, qu’il disait. Après ça il s’est empoisonné lui-même avec une potion ratée, et on a jamais pu rouvrir le portail.
-D’accord, acquiesça Kaed. Donc rien d’inhabituel, aucun portail d’activé.
-Vous pensez pouvoir régler ça ? demandât un autre homme.
-Vous auriez vu comment il a découpé la tête du mécréant qui m’avait agressé ! déclarât Yvaud à qui voulais l’entendre. Si quelqu’un peut nous aider à tuer cette chose, c’est bien lui !
Le Bourgmestre termina sa chope.
-Tu as pris conscience de notre accord, étranger, lui dit-il. C’est trois lingots d’or plus quatre d’argents. On ne croule pas sous les richesses, ici.
-La somme me convient, acquiesça Kael.
-Vous aurez besoin de quelque chose de spécial ? vous comptez vous mettre à l’ouvrage tantôt ?
-Je pense m’en charger cette nuit, oui. J’ai appris qu’une caravane passe par cette ville demain en fin de matinée. Comme j’aimerais me rendre à Brena, je compte faire le trajet avec eux.

Au milieu de l’auberge, non loin du comptoir, un objet venait de retenir son attention. Entre deux fûts se trouvait plusieurs étagères poussiéreuses recouvertes de bibelots divers ainsi que de vieux livres abimés. Kaed se leva sans dire un mot pour se rapprocher d’un livre en particulier.
-Ou avez-vous eu ce livre ? Demandât-il au Bourgmestre.
L’intéressé haussât les épaules.
-Ça ? C’était au mage, pour la plupart, c’est notre bibliothèque, en quelque sorte.
La foule pouffât de rire. Visiblement, « Bibliothèque » était un lot amusant, pour eux.
-Vous y tenez, à ce livre, l’interrogeât kaed.
-Ho ben c’est-à-dire, fit Alfred en se grattant le crâne à l’endroit exact d’une belle calvitie. Nous autres, ici, on ne sait pas lire, vous comprenez. Alors un livre…
-J’aimerais également l’ajouté à ma récompense, si ça ne vous pose aucun problème.
-Pas de souci, approuva le Bourgmestre.
-Ha, et autre chose, déclara Kaed à l’ensemble des personne présentes, ce soir, ne sortez pas dans les rues, restez chez vous.
Sur ces paroles, il récupérât sa cape laissée sur le dossier de sa chaise, termina sa bière d’une traite, et sortit.


wChDI.png
 
CHAPITRE III - LA BÊTE
C’était la troisième fois en un mois que Kaed entendait parler d’une annonce de ce type.
Personne auparavant n’avais vu ce genre de monstre. On recensait pourtant une dizaine de monstres hostiles communs, avec leurs origines, leurs habitudes, leurs faiblesses.
La majeure partie apparaissant la nuit tombée, la coutume voulait qu’on rentre chez soi, sans s’attarder seul dans les collines, la nuit.
Le Squelette apparaissait le plus souvent près des tombes, cimetières, et champs de batailles. Il était souvent armé d’un arc abimé, et la poudre obtenue en broyant ces os donnaient un engrais puissant ainsi qu’un composant alchimique de base apprécié.
Le Cadavre, souvent accompagné de trois ou quatre de ces semblables, se trainaient mollement dans des régions sombres et humides, comme certaines forets ou cavernes.
On dit que c’est l’âme d’aventuriers tourmentés qui ère sans but, déplaçant un corps en décomposition à la chaire putréfiée. Comme le Squelette, il craignait la lumière du soleil qui lui brulait le corps jusqu’à ne laisser que des cendres.
Il existait également plusieurs races d’araignées dites Araignées Reines. Des insectes pouvant aller de la taille d’un chien à celle d’un veau, avec une large gamme exotique de mandibules, toiles tranchantes, et venins, qui une fois récoltés donnais de puissants poisons.
La créature non pacifique la plus connue restait la tristement célèbre Effrayeur Vert, plus communément appelé Creeper par la plèbe, subtile mélange populaire de cris et de peur. Une bête au cuir vert foncé, de la taille d’un homme adulte, se mouvant sur quatre petites pattes atrophiées sans faire de bruit, tout en arborant un visage dépressif.
La créature pourrais presque paraitre à plaindre si elle n’activait pas, sous le coup du stress, la combustion de sa chaire aux propriétés explosives, entrainant ainsi après un long sifflement son auto destruction, et celle de ce qui se trouvait dans une large zone autour d’ elle.
Nombreux sont les mineurs distraits qui sont morts lorsqu’un creeper distrait est tombé nez à nez avec leur dos dans des galeries isolées.
Pour des raisons que pas même les grands sages de la Nouvelle Origine n’ont réussi à expliquer, le creeper à un profond dégoût pour les chats. C’est pourquoi l’animal domestique en question est populaire, voir, dans certaines régions, sacré.
S’il est tué par surprise, on peut ponctionner sur le creeper une chaire qui sert dans bon nombre de potions, mais évidemment dans la conception de bien des engins de siège, du simple canon à la charge explosive.
Bien d’autres créatures plus disparates existaient encore, les plus dangereuses se trouvant dans l’AutreMonde, du terrible Ghast hurleurs aux Blazes incendiaires, mais aucune ne ressemblais à ce qui agressait VilleNuit.
Kaed avait étudié la différente attaque de la bête pour définir une zone de recherche. Une fois sur place, il s’assit, les jambes croisées, et sortit de sous sa cape deux fioles scintillantes. La première améliorait sa vision, lui permettant de voir comme en plein jour dans la nuit noir qui enveloppait l’enveloppait. Il débouchât l’opercule de cire bleu foncé, et but d’une traite le contenu. Le liquide lui brulât la gorge et il dut se retenir de hurler quand la mixture atteignit son estomac. Puis son corps fut pris de convulsions.
Après quelque secondes, ces pupilles se dilatèrent, et il se mit à voire de plus en plus clairement à travers l’obscurité.
Il respira longuement plusieurs fois pour chasser le goût acide de sa bouche. Malgré toutes les fois où il s’était administré cette mixture, il ne parvenait pas à s’y habituer.
Sans elle, pourtant, il ne serait plus en vie. Les formes de vies hostiles se débusquent la nuit, et elles y voient mieux que quiconque. Certains mouvements mal interprétés ou certaines attaques trop courtes peuvent vite mener à un aller simple dans une boite en résineux.
La seconde fiole décuplait la force, augmentait la vitesse et les réflexes musculaires de façon conséquente. Il retirât l’opercule de cire rouge terne, puis but son contenu.
C’était comme une sorte d’huile sucrée avec des pointes de vanille.
Très vite, son cœur se mit à battre la chamade, et ces veines se mirent à gonfler. Son sang se chargeât en globules blanc.
Pour finir, il mit les deux fioles vides dans une petite besace de lin qui gardait autour de sa taille, puis s‘enveloppât dans sa cape, son épée sur ces genoux.
C’était le moment qu’il appréciait peut-être le plus. Le calme avant la tempête. Comme lorsque deux armées sont face à face, avant l’assaut. Il y a dans l’aire que l’on respire plus de vie que qu’à n’importe quel autre moment. Chaque bruit est comme un murmure qui plongeait Kael dans une torpeur admirative.
Ecouter la nature.
Sentir la vie autour de soi.
Et la créature fit son entrée. Elle tenait dans ces mains un mouton de belle taille, dont elle avait déjà prélevé la majeure partie des organes vitaux d’un coup de dent.
Kaed frissonnât. C’était encore une de ces bêtes-là. Comme les deux autres.
Haute de plus de deux mètres cinquante, la créature se mouvait sur deux grandes jambes noires, maigres comme des bâtons. Ces bras, eux aussi bien fins, et long de plus d’un mètre cinquante, ne soutenait pas l’animal mort. Ils le faisaient léviter.
Une sorte d’énergie violacée s’en émanait pour faire flotter la masse du mouton comme s’il était aussi léger qu’une plume. Le même aura violet suintait du corps entier de la créature, qui était noir et semblait étrangement lisse. Elle disposait d’une horrible et puissante mâchoire dont elle se servit pour arracher d’un coup le foie et l’intestin du pauvre mouton, avant de les engloutir.
Kael se relevât et empoignât son arme.
D’un coup, la créature se retournât, et le fixa droit dans les yeux, le sang s’écoulant encore le long de sa bouche.
Malgré le fait que ce ne sois pas ça première rencontre avec cette espèce, Kael eu du mal à résister à l’effet hypnotique du regard de la créature. La première fois, il avait failli y laisser sa vie. Perdus dans le regard de la créature, il avait une fois de plus l’impression de revivre les pires épreuves de sa vie. La bataille de Valmont, côte à côte avec ces meilleurs hommes, qui tombaient les uns après les autres en attendent les renforts qui n’étaient jamais venus. Le siège de Fort d’Hiver, avec les corps des déserteurs qui brulaient vifs devants les murailles. Et puis ça femme, gisant sur le sol, la robe en sang…
La peur et l’horreur lui glaçait la chair, mais il put se ressaisir avant que la créature ne l’attaque.
Elle se battait à une vitesse inouïe. Ces bras squelettiques fendirent l’air si vite qu’on eut dit qu’ils n’étaient pas réels. S’il n’avait pas roulé sur le côté, Kaed aurais perdu la mâchoire et une partie du torse. Il n’avait pas encore élaboré de technique pour tuer la bête. Trop rapide, elle semblait se transporter ailleurs quand il cherchait à lui asséner des coups, comme si elle disparaissait dans une fumée violacée.
Ce sentiment d’impuissance… impossible de la toucher. Il s’en était fallu de peu pour qu’il tue les deux premières créatures, et après une dizaine de parades et de coup manqués, le guerrier commençait à douter de lui. Une atmosphère de peur glacé flottait autour de lui, et le silence n’était interrompu que par le vent fendu par l’épée de kaed et les cris stridents de la créature.
La seule solution résidait dans le calme. Il fallait qu’il rejette se sentiment de panique pour ce concentrer sur le moyen de tuer la bête. Mais comment faire ? Impossible de se focaliser sur un sentiment, un souvenir. La bête le prenait sans arrête depuis un angle mort, et il ne devait son salut qu’à son sixième sens hors du commun.
Se téléportant dans son dos, elle manquât de peu de lui emporter le bras gauche, et il dû faire un effort surhumain pour éviter la seconde attaque qui visais son torse. Il commençais a perdre la vision de nuit. Les drogues ne faisaient plus effet.
Et puis l’idée lui vint. Il décrivit une attaque frontale lente et prévisible. La créature disparut une fois de plus. Autour de lui, des particules de fumée violette s’estompaient petit à petit.
Une seconde de silence.
Et il plongeât son épée derrière lui sans se retourner.
L’arme s’empalât jusqu’a la garde dans le corps de la créature.
Cette dernière, surprise, hurlât un cri suraigus qui déchirât la nuit avant de s’effondrer, les deux mains sur la lame qui lui transperçait le ventre. Kaed se retournât sur le cadavre de son ennemi, tellement heureux d’avoir pu se focaliser à temps pour trouver le calme en lui. Il venait de trouver la technique pour vaincre ces monstres.
La bête commençait à se disperser dans des volutes de fumées, et il dut faire vite. Les deux précédentes autopsies n’avaient pas donné grand-chose. Il n’avait rien sauvé du ventre de la bête, et il n’avait trouvé que trop tard lors de la seconde dissection quel élément résistait à cet étrange putréfaction rapide. Son corps disparaissait en quelque minutes, et ces avants bras avaient déjà disparuts.
Il sortit un léger couteau en acier forgé et d’un geste expert, il énucléât la bête. Puis, il déposât les yeux dans un morceau de velours bleu pour les ranger précieusement dans une des besaces qui pendaient à sa ceinture.
Une pièce du puzzle de plus, songeât-il.
Le coq se mit à chanter, et il se relevât. Le soleil se levait déjà sur les collines avoisinantes. Le combat avait presque duré toute la nuit. Il se dirigeât vers le village.

enderman_by_reinder88-d4juzkn.png
 
CHAPITRE IV - CARAVANE

Si l’absence de cadavre aurait pu laisser sceptique les habitants de VilleNuit, le cri strident de la créature au moment de sa mort, qui avait réveillé le village entier, avait suffi comme preuve de l’accomplissement du travail de Kaed. Il n’avait même pas eu besoin de montrer au bourgmestre les yeux de la créature, ce dernier l’avais acclamé comme un sauveur sacré et l’avais prestement payé. Le guerrier du monter d’un ton dans la voix pour faire comprendre qu’une fête en son honneur n’était pas nécessaire et que les habitants feraient mieux de continuer leur travail dans les champs. Beaucoup de signes annonçaient un hiver rude et ils allaient avoir besoin de leurs récoltes de blés pour traverser cette période de grand froid.

Après avoir paisiblement refusé une montagne de cadeaux plus ou moins utiles de la part de ses hôtes, il fût soulagé de les voir partir couper et impacter le blé en ballots. Comme ce travail occupait petits et grands, il ne restait dans le village que quelques vielles femmes et un ou deux bandeaux encore ivres de la veille.

Kaed, attendant la venue de la caravane menant au poste frontière de Brena, entrepris donc d’inspecter son équipement, maintenant moins dérangé par les curieux. Il s’assit près de la fontaine du village et déballât une partie de son inventaire de voyage.

Il déposât devant lui son épée longue, encore dans son fourreau de cuir travaillé et décoré de runes nordiques. Il sortit également quatre dagues ainsi qu’une hachette de lancer, et les plaçât sur sa droite. Chaque arme venait d’une contrée différente, et on le devinait au type de matériaux utilisés pour la lame, le manche, mais aussi par les décorations et les courbes stylisées de chacune d’entre elles.

La hachette était un exemplaire très rare car d’origine naine. On ne croisait plus de nains depuis des décennies et beaucoup racontaient qu’ils avaient tout bonnement disparut. Leur travail en métallurgie était cependant tellement réputé qu’on entendait parfois des dictions comme « ça c’est un travail de nain ! ». Le métal de cette arme ne s’oxydait pas, ne perdait presque pas son tranchant.

Pour le reste, il fallait être un expert en armes et un voyageur aguerrit pour retracer la provenance des autres objets. Une dague provenait de sans nul doute de la vieille Ténéa. Elle était incurvée comme toutes les lames de cet énigmatique empire des sables, et décorée à la garde de tissus colorés et de pierres aux couleurs chaudes.

Une autre, un seul bout de métal forgé qui formait de façon neutre et froide la garde et la lame, avait du appartenir à l’équipement de cérémonie d’un général de Terre de Fer. Une arme sans aucune décoration, aux traits de forge carrés dans un acier de qualité.

Il restait un couteau de lancer des troupes d’élite de Khain, équilibré par une étrange pierre noir, et un Egorgeur Gris des Terres d’Octopus, une arme d’assassinat destinée à être dissimulée aux avants bras dans des renforts en cuir pour plus de souplesse durant l’escalade.

L’épée, quant à elle, était unique en son genre. Une garde en Os polis finement nervuré au stylet, suffisamment grande pour que l’arme puisse être tenue à deux mains mais pas asses pour que cela devienne une claymore, une garde étrange faite d’un alliage de limaille de Fer Vert et d’ébonite, ce qui donnais un mélange envoutant de teintes vertes et noires, mais également une lame inhabituelle. Longue de presque un mètre, son centre s’ouvrait pour ne laisser que deux remontés de métal qui se rejoignaient à la pointe, formant ainsi le tranchant de gauche et de droite du plat de la lame. La longue rainure au centre allégeait l’arme, permettant des gestes plus rapides sans pour autant la fragiliser. Dans aucune contrée on ne forgeait ce type de lame, et ce n’était pas l’étrange pommeau qui aiderait à retracer son origine.

Il s’agissait d’une bille de verre dans laquelle était figée, prise au piège, une rose finement taillée dans des pierres rares, aux pétales de lapis-lazuli et de PierreRouge. Un symbole inconnu.

Kaed sortit de sous son manteau de voyage différentes besaces et étuis qu’il déposât sur sa gauche. Il trillât les fioles vides de potions, comptât les ingrédients de ces sachets d’alchimiste, et sélectionnât une huile dont il enduisit les lames de chacune de ces armes, excepté la hachette, pour les préserver des ravages de l’humidité.
Il avait à peine finit de ranger ces affaires que la caravane arrivât dans un grand bruit de roue ferrée sur un parterre de pierre concassée, soulevant la poussière sur son passage.

Trois caravanes imposantes tirées par des mulets, contenant les marchandises, ainsi qu’une dizaine de cavaliers pour l’escorte.
Pendant que les marchands ravitaillaient le tavernier resté pour l’occasion, Kaed cherchas le chef des gardes. Il le repéra sans mal, car il était le seul des miliciens de Nouvelle Origine à porter un heaume à crête.

- Bonjour à vous, commenças t’il. Je cherche à me rendre en Nouvelle Origine, pour affaire, vous reste-t-il une place ?
- Pas d’étranger en chemin, c’est la règle, déclarât l’homme sans même le regarder.
- J’ai de quoi payer mon trajet, insistât le guerrier.
- Mais vous n’avez pas de cheval, continuât le garde en le scrutant de la capuche aux bottes. Vous voulez courir ?
- Louez moi en un, répondit Kaed en désignant un des deux chevaux attaché derrière une caravane.
Le garde le dévisageât une nouvelle fois, remarquant l’épée qui dépassait de la cape.
-Et vous allez y faire quoi, en Nouvelle Origine, avec cet accoutrement, demandât-il.
-On m’a dit que les chercheurs de marbres qui aident à reconstruire Origine ont besoins d’escortes pour leurs excavations dans l’Autre Monde. Je suis une sorte de spécialiste dans la traque de monstres. Je sais que mes talents seront appréciés, et que très peu de gens se portent volontaires pour ce genre de missions.
-Vous voulez travailler à la sécurité des extractions de marbres ? Déglutit le garde. Après tout c’est votre problème, hein ?
-Et il vient de nous débarrasser d’une bête effroyable, renchérit le tavernier qui venais de remarquer la discussion. Si vous aviez vu ça ! Un combat titanesque ! Cet homme est un vrai héros !
Kaed se demandât, comme il avait été le seul à voir et vivre le combat, si l’homme mentait pour l’aider ou si il était asses idiot pour croire aux histoires enrobées d’ajouts épics et chevaleresques que les enfants fanfaronnaient depuis l’aube.
-Bien, déclarât le garde, visiblement surpris que ce qu’il avait tout d’abord considéré comme un étranger qui ferrait des histoires soit en réalité un terrible guerrier tueur de monstres. Il se trouve qu’il nous manque un homme. Si vous intégrez la sécurité du convoi, on vous ferra grâce du prix du voyage et de la location du cheval. Ça vous convient ?
-Parfais, acquiesçât Kaed. Indiquez moi quel cheval je peux prendre et je me tiendrais près à partir.
-Il me faudra un nom et une profession pour mon registre. C’est pénible, mais c’est le règlement.
-Notez alors Kaed d’Arx, je suis ChasseNuit.
-J’avais deviné votre profession, monsieur, lui confessât le garde. Je n’ajoute pas n’importe quel étranger dans mon équipé. Mais je ne cracherais pas sur un ChasseNuit.

**********************************************************************************************
fairba10.jpg
**********************************************************************************************


Kaed avait été affecté à la sécurité du dernier chariot. Pour une curieuse raison, les gardes ne s’en approchait que très rarement, comme si un creeper, ou leur femme, pouvais en sortir à tout moment.
Il savais que seul deux jours de chevauché le séparais des frontières de ce nouvel empire prospère qu’était Nouvelle Origine, et si tout ce passais comme prévus il serrais dans quatre jours devant les recruteurs du chantier de la nouvelle capitale.

Le marbre se trouve sous forme pure dans des gisements profonds au fin fond du Nether, appelé l’AutreMonde. Ce matériau devenait si beau, une fois travaillé, que le conseil d’Or avais organisé des explorations sécurisées dans cette contrée pour s’en procurer dans la construction de sa capitale, malgré les dangers des terres du Nether.
Le travail de garde y était très bien rémunéré, mais si ce n’était rien par rapport aux risques mortels auquel il exposait.

-C’est vrai que vous êtes Chassenuit ?
La personne qui l’avais apostrophé en sortant la tête du rideau de la caravane le fit sursauter. Et pour cause, un visage fin, un bouc fièrement taillé au bout du menton et de fines moustaches lisses encadrants une bouche souriante, des cheveux bruns longs et bouclés recouverts d’un chapeau rouge à large bord, orné d’une longue plume rouge, c’est le genre de vision qui peut surprendre un homme perdu dans ces pensées.
-Heu, oui, enfin, je suis un chasseur de monstre. Le titre, de mon point de vue, c’est quelque chose de pompeux qu’on s’auto-décerne.
-Il n’y a pas d’école de Chassenuit ? S’étonnas l’homme. De formation ?
-Il y a une école dans les terres de fer qui forme plus des alcooliques à mieux battre leur femme que des hommes qui tuent des monstres pour libérer les gens de leurs malheurs. Je n’ai jamais rencontré personne qui ne sache former la chasse aux monstres.
-Ha ! Ça ne m’étonne pas ! Les terres de Fer sont un ramassis d’incompétent ! Heu, enfin, vous ne venez pas des terres de fer, s’enquérit le curieux personnage.
-Il faudrait être stupide pour aller en Nouvelle Origine en venant des terres de Fer, avec ce qui s’y passe, répondit en souriant devant le regard penaud de son interlocuteur.
-Effectivement, continuât l’homme au grand chapeau. Avec ces rumeurs de guerres, leur région va encore se transformer en lac de sang, et tout ça pour une histoire sordide de bâtards qui souhaitent se légitimer. Au passage je me présente, Jaque D’orpalie, Maitre Energéticien, pour vous servir.
- Un Maitre Energéticien, voilà qui est intéressant. J’imagine que vous allez aussi aider pour le chantier d’Origine.
-Et comment ! Répondit Jaque. Avec les imbéciles qui fourmillent dans ma profession, le Conseil d’Or va laisser un bras dans les dépenses en PierreRouge. Si vous voyez comment ils ont prévus de câbler la porte principale… Avec des systèmes de réseaux binaires SANS répéteur ! C’est pire qu’une erreur, c’est une insulte à la logique ! Et je ne parle pas de l’éclairage sois disant automatisé encore axé sur des systèmes manuels, continuât-il. C’est honteux pour la profession. !

Kaed discutât encore deux bonnes heures avec Jaque. Il s’avérait ressembler à tous les Energéticiens qu’il connaissait jusqu’à l’ors, avec des traits de caractère poussés à leur paroxysme. Comme ces comparses, il était passionné, vif, mais également excentrique, et démarrant au quart de tour quand on parlait d’un autre que lui dans ca profession.

Les énergéticiens étaient des experts dans les mécanismes et la technologie de pointe qu’était la PierreRouge. C’était un matériau rougeâtre que l’on trouvait sous forme de gisements un peu partout en terre d’Agorïm. Depuis quelques années, des scientifiques avaient découverts que lorsqu’il était ce qu’ils appelaient dans leur jargon « Polarisé », il émettait et réceptait une énergie rougeâtre plus ou moins rapide, permettant de mettre en marche toute sorte de mécanismes. Grâce à ce procédé, les énergéticiens fabriquaient toutes sortes de structures, d’objets, tel que des portes automatiques inviolables, des détecteurs de présences, des pièges, et bien d’autres choses.

Un énergéticien reste un grand savant, car la PierreRouge reste un procédé liant chimie et mathématique, ce qui donne naissance à des polémiques et des querelles enfantines entre chaque créateur d’un « nouveau système révolutionnaire ». kaed comprenais pourquoi les autres gardes évitaient cette caravane. Son nouveau compagnon de route était bavard à l’excès, chose qui ne le dérangeait pas, car il aimait discuter des nouvelles du monde avec quelqu’un doté d’un sens critique.

-Il faut savoir que c’est moi qui ai dessiné les plans des portes à double entré avec détection en tout ou rien. Lui racontât son nouveau compagnon de voyage. Et c’est ce salopard visqueux aux testicules de poulpe de Charle Dénériant qui m’a volé le concept. J’espère qu’il décèdera nu dans une ruelle en déféquant.
-Le Conseil d’Or a convié beaucoup de vos confrères ? demandât le guerrier.
-Des tas ! Avec leur Ecole des Ensorceleurs, leurs architectes, ils espèrent devenir un centre de culture reconnus et respecté partout en Agorïm. Un peu comme Origine l’Ancienne à l’époque.
-C’est une bonne chose, répondit Kaed. J’aurais besoin de voire un ensorceleur.
-Oh ! Mais votre épée n’est pas déjà enchantée ?
-Elle l’est, acquiesçât le ChasseNuit. C’est un ami de longue date qui me l’a fait. Elle fait tranche les morts vivants avec beaucoup plus de facilité. Ma cotte de maille absorbe aussi beaucoup mieux les projectiles.
-Des sorts de quatrième classe ? Demandât l’énergéticien débordant de curiosité.
-Non, souri Kaed. Mon ami n’avait pas la puissance pour ce genre de prouesses. Au-delà de la classe trois, ce sont majoritairement des sorts de la dynastie de Kain ou de Vuul, sois des peuples de premiers nés qui était bien meilleurs que nous dans la magie. Les hommes qui peuvent réaliser ces sorts sont très rares, et l’énergie demandée pour l’enchantement les met au lit pour plusieurs jours.
-Vous connaissez bien des choses, pour un simple chasseur de monstre, mon cher.
-J’ai surtout beaucoup voyagé, lui répondit humblement Kaed.
-Ha ! C’est vrai que ça forme une jeunesse, confirmât Jaque. Ce n’est pas les bibliothèques poussiéreuses qui vous donnent le savoir, ho, ça non ! C’est le vécu, ce qu’on fait sur le terrain !
-Je ne rentrerais pas dans un long débat sur le savoir et l’expérience, lui répondit-il. Mais vous, combiens de langues savez-vous lire et parler ?
-Douze ! S’empourpra son compagnon. Le Menzorien, le Haut Goldave, deux dialectes de Kain, ainsi que l’Argorïm classique, le…
-Sauriez-vous lire ceci, le coupât Kaed en lui tendant le livre dont il avait hérité à VilleNuit.
L’énergéticien sursautât.
-Non d’un p’tit bonhomme en argile ! Ou avez-vous trouvé ce livre d’enchantement ?
-Dans un village ou personne ne sais lire.
Jaque examinât le livre comme si il s’agissait d’un diamant.
-C’est un très vieux cuir, et du Menzorien, mais de l’ancien, pas de l’actuel. Je dois regarder sur un de mes parchemins, j’ai encore l’alphabet quelque part.
Et il disparût dans sa roulotte. Quelque secondes plus tard, il en ressortit avec un long rouleau de papier racornis et jaunâtre.
-Alors, c’est un sort de troisième rang, et ça vaut une fortune ! (Il dévisageât son interlocuteur.) il vous l’on DONNE ?
-Pour eux, c’était aussi important qu’un livre sur la reproduction des poulpes en milieux rurale.
-Donc, Azegatur, c’est les pieds, Zulguru, c’est la table, non, la force… plutôt le choc. Ca y est ! C’est un enchantement qui diminue le choc quand vous tombez de haut !
-C’est toujours utile, mais je m’attendais à quelque chose lié aux combats. Répondit Kaed un peu déçut.
-Tenez, lui dit Jaque en lui tendant le livre. Et rangez le bien. J’en connais qui tuerais pour ça.

Au moment où il terminât sa phrase, deux gardes à l’avant du convoi prirent en pleine fosse nasale des flèches qui les firent tomber de leur selle.
-AMBUSCAAAADE !
 
CHAPITRE V : EMBUSCADE

Le convoi s’arrêta net, omis la première caravane qui se plaça en travers de la route, son conducteur étant trop occupé à regarder d’un air ébahit les deux flèche dans son torse, libérant son attelage.
Prix de panique, les chevaux ainsi détachés s’enfuirent en hennissant, suivant l’exemple des montures des deux défunts soldats.
Kaed descendit de cheval pour se jeter derrière la caravane de tête, juste à temps pour éviter une flèche au niveau de son épaule. Il y retrouvât le chef des gardes, ainsi que quatre de ces hommes.
Les trois soldats restant s’était cachés derrière la deuxième caravane.
Une dernière flèche sifflât pour se ficher dans un essieu de la caravane.
Puis le calme s’installât.

_ Je vais… commença le chef des gardes.
_Ne dites rien et laissez les parler, coupa Kaed. On en saura plus sur eux et ça les forcera à nous révéler leurs positions. Pas de déplacements stupides à découvert. Faites passer le message à vos hommes.
_ Je… C’est d’accord, dis le soldat. Je vous fais venir notre archer, ajoutât-il.
_ Et dites aux personnes dans les caravanes de ne pas sortir, sinon ils se feront abattre comme des lapins.
_ Pour ma part, j’ai réussi à sortir sans trop de problème.
Kaed découvrit à côté de lui Jaque D’orpalie, avec dans ces mains une grande boite en bois qu’il serrait contre lui.
_ Bon sang de… Que faites-vous là, et qu’est-ce que c’est que ça ?
_J’ai besoin de voir ce qui se passe, se justifiât l’homme. J’ai amené mon…
_Vous n’avez rien à faire là ! Vous allez vous faire tuer, pour l’amour des esprits, retournez dans votre caravane !
_Refaire le trajet en sens inverse maintenant qu’ils cherchent une cible à se mettre sous la dent ? S’offusqua Jaque.
_Bon, restez là, et attendons de voir ce que nous veulent ce gens.
Le chef des gardes revint en rampant jusqu’à eux.
_ Nous avons encore neufs civiles en vie, leur dis t’il. Il n’y a quel le conducteur de la caravane de tête qui a été touché, ainsi que Garl et Jaetan. Les trois sont morts. Qu’est-ce qu’on fait ?
Kaed ouvrit de grands yeux lorsqu’il réalisât qu’il était désormais chargé de la défense du convoi. Est-ce parce qu’il était ChasseNuit ou parce que le chef des gardes venais d’uriner sur lui ?
_ On attend de voir comment ça évolue.

Une voix aigüe s’élevât de la position des agresseurs.
_ Rendez-vous, on vous encercle !
Kaed fronçât les sourcils.
_ Bien sûr que non, criât-il, sinon vous n’auriez pas arrêté de tirer et vous nous auriez tous cloué au sol.
Son interlocuteur marquât un temps.
_ Non, croyez-moi, repris la voix, moins sûre d’elle. Nous avons une dizaine d’archès qui pointent leurs traits vers vous. Je n’ai qu’un mot à dire pour mettre fin à vos jours.
_Et d’habitude, les gens vous croient ? Demandât le guerrier.
_ Ben, c’est-à-dire, hésitât la voix. Oui, évidement, c’est dans leur intérêt aussi.
_ Vous avez trois archès, ou deux très rapide pour recharger, et vous êtes à une vingtaine de pas de nous cacher derrière une grosse souche d’arbre.

Second silence.
_Comment vous savez, pour la souche d’arbre ? Demandât enfin la voix.
_Pour être franc, avouât Kaed, c’était une supposition. Vous venez de me le confirmer. Dans un sens, il y en a beaucoup sur le bord de la route.
_Bon, on vas pas y passer la nuit, déclarât une autre voix, plus grave, sortez sans faire d’histoires, et donnez-nous vos richesses, sinon, on ne vous laisseras pas la vie sauve, croyez-moi sur parole !
_ Si on se lève sans arme, vous ne nous tuerez pas lâchement de loin ? Demandât alors Kaed.
_ Mais non ! répondit la grosse voix.
_ Ça aussi, ça marche, d’habitude ? Continuât-il.
Une flèche volât pour s’enfoncer dans le sol à deux pas d’eux.
_ Bon, ça suffit ! Déclarât une troisième voix, féminine. Sortez tout de suite !
_ J’ai une autre idée, répondit alors Jaque, et si vous alliez vous faire foutre ?
Kaed le dévisageât, surpris.
_ Quoi, j’ai dit une boulette ? Demandât l’énergéticien.
_Heu, non, non. Mais c’est que j’avais… Non, ça colle. Le but, c’est de les faire sortir de leurs gonds pour savoir combien il y en a, et où ils sont. Je penche pour trois archès et sans doute un autre homme, et ils nous ont eu même dit ou ils étaient.
Jaque affichât un large sourire.
_Qu’est-ce que vous foutez, leur grognât le chef des gardes, vous allez nous faire tuer !
_ Libre à vous d’aller les voir, répondit Kaed, mais ces gens-là ne sont pas plus bêtes que d’autres. S’ils en avaient les moyens, ils nous auraient déjà tous tués. Il se trouve que ce n’est pas le cas. Ils ne nous laisserons jamais partir vivant, sinon, on appellerait une patrouille et ils serraient obligé de changer de région, et donc de marcher longtemps, sans se faire de profils, avec le risque de tomber sur une route déjà tenue par une autre bande, ou par une milice.

Le chef des gardes commençait à comprendre.
_ Et qu’est-ce qu’on va faire ?
_ Ils ne peuvent pas nous bloquer toute la journée, expliqua Kaed. Si jamais une autre caravane arrive, dans notre sens ou dans le leur, ou pire, une patrouille, ils seront pris dans leur propre piège. Ils vont sans doute se rapprocher petit à petit par les flancs pour nous avoir, mais là, votre archès aura l’avantage. S’il y a un arc et des flèches quelque part, je prendrais l’autre flanc.
_Il y à celui de ce pauvre Jaetan, dit le chef des gardes en montrant le cadavre d’un des soldats. Mais il faut arriver à l’attraper.
_Ne bougez pas, j’ai ce qu’il vous faut ! déclarât Jaque.
Il déposât au sol son extravagant chapeau, pour s’en retourner vers sa caravane en rampant.
Pendant ce temps, l’archès restant parmi les défenseurs était venus près du ChasseNuit.
_ Comment tu t’appelles, mon gars, demandât-il.
_ Isidor, monsieur. Répondit le soldat.
_Bien Isidor, tu es un bon archès ?
_Pour sûr, j’touche toutes les cibles d’argile à la foire, même à plus de soixante pas !
_ Parfais, tu as déjà tué quelqu’un ?
_Jamais, répondit Isidor en baissant les yeux.
_Bien, ce serra sois lui, sois toi, mais également tes camarades, et les civiles. Si tu hésites, lui ne le ferras pas. Tu as une femme ?
_ Oui, enfin, c’est pas officiel, mais on aimerait…
_ Alors dis-toi bien que c’est le seul moyen de la revoir, si il te tue, elle ne t’épousera pas, elle t’oubliera, et elle fondera une famille avec un autre, à cause de lui. Retiens bien ça. C’est lui, ou ton avenir. Compris ?
Le soldat hochât la tête.
_ Voilà ce qu’il nous faut ! Déclarât jaque, revenu furtivement, comme par magie, avec dans les mains un long bout de boit, équipé d’un long fil à crochet et d’un curieux mécanisme.
Kaed le dévisageât encore une fois.
_ Dites-moi, ou avez-vous appris à vous déplacer aussi silencieusement ? J’ai encore manqué de vous tordre le cou.
_ Comment voulez-vous que je teste mes mécanisme anti intrusion et mes alarmes si je me trémousse comme une vache? Lui répondit l’intéressé. On peut se mouvoir en silence tout en étant habillé avec une très grande classe !
_ Qu’est-ce que c’est que ça ? demandât le chef des gardes en désignant l’objet qu’il avait ramené.
_Ça ? L’énergéticien se gonflât d’orgueil. Je vous présente la fantastique Canne à Pêche à Tractation automatisée de Jaque D’Orpalie !
_ Je peine à croire que je viens de voire la promotion d’un ustensile de pêche au milieu d’une embuscade, déclarât Kaed en se prenant la tête dans les mains. Et à quoi diable cela me servirais.
_Oh mais vous pouvez aller chercher l’arc sur le cadavre de ce pauvre homme, au risque de vous transformer en pelote de flèche, ou alors, vous pouvez attraper le cadavre et le tracter grâce à cette canne qui peut ramener un Saurien adulte sans le moindre effort.
Kaed empoignât l’objet.
_ Et j’imagine que je n’ai qu’a presser le gros bouton ici une fois-là cible attrapé ?
_Exactement, répondit Jaque en remettant son horrible chapeau. Cela étant, c’est un prototype. Remettre la corde dans le dérouleur prendrais une bonne heure, donc ne ratez pas votre coup !
_Encourageant, grommelât Kaed.

Il se préparât a jeter le crochet quand un des brigands se remit à crier.
_Bon, il faut vraiment qu’on vienne vous chercher, alors ?
Le MarcheNuit se retourna vers son compagnon.
_Faite moi gagner du temps ! Lui souffla-t-il.
Jaque se raclât la gorge d’un air théâtral, puis s’adressât aux brigands.
_Je veux bien me rendre, mais pour cela, il faudra répondre à une devinette !
Kaed se retourna, furieux.
_ Qu’est-ce que vous branlez !
_ Laissez-moi faire, répondit l’énergéticien sur le même ton.
Kaed soupira et jeta le crochet, ratant de peu la bandoulière du cadavre.
_ Vous croyez qu’on a que ça à foutre ? Fît la voix féminine.
_ Eh bien, je dirais oui. Pas de réponse, pas de soumission, je ne me rends pas à des gens qui ne sont pas intelligents, voyez-vous !
Kaed récupéra doucement le crochet et retentât une seconde fois, sans plus de chance.
_ On est très intelligents, ici, répondit, la voix aigüe, vous pouvez vous rendre, ça colleras parfaitement, soyez en sûr, monseigneur !
_Tututut ! D’abord la question, jeune homme ! Alors, pourquoi le petit garçon ne tourne plus sur lui-même ?

Pendant le bref moment de silence qui s’instaurât, le guerrier réussit à bloquer le crochet dans la ceinture du cadavre.

_On en sais rien, c’est même pas une vrai question, répondit la voix féminine.
_ Bien sûr que si, c’est une vrai question, enfin ! Déclara Jaque comme s’il était un professeur énervé par l’ignorance d’un élève.

Kaed enfonçât alors le bouton de l’engin. Aussitôt, la bobine de fil se mit à tourner à toute vitesse avec une série d’étincelles rouges, tendant la corde d’un seul coup et manquant de lui arracher le bras. Il dût prendre la canne à deux mains pour éviter qu’elle ne lui échappe, et ramenât le cadavre jusqu’à lui en le trainant sur le sol. Dès qu’il l’eu près de lui, en sureté, il fit signe à Jaque.

_Bon, je sais pas ce que vous foutez, mais on vient vous crever la gueule, fit la voix grave. On vous aura prévenus.
_ Je savais que vous n’étiez pas digne de ma reddition, déclarât Jaque d’une voix faussement triste. La réponse est pourtant si simple.
_ Elle t’arrive dans la gueule, la réponse, imbécile ! répondit la voix féminine qui se rapprochait déjà.
Kaed encochât une flèche et se levât d’un bond pour tirer un trait dans la gorge d’une jeune femme rousse habillée en aillons qui remontait de son côté. Il se baissât aussitôt pour éviter deux traits qui lui frôlèrent le crâne.
_ ESPECE DE SALOPARD ! ON VA TE DEFONCER, ENFOIRE ! se mit à hurler un des brigands ON VAS PAS TE TUER, ON VAS TE FAIRE SOUFFRIR !
Isidor décochât une flèche aussitôt de son côté.
Il fit signe à Kaed qu’il avait eu sa cible, mais il reçut aussitôt une flèche dans l’épaule.
Le dernier brigand venait de déborder sur le côté, et visait maintenant le ChasseNuit qui n’avait pas encore ré encoché une nouvelle flèche.
Avant qu’il ait pu tirer, le brigand en question reçut une dizaine de carreaux dans la poitrine, la tête, et les jambes.
Il s’écroulât dans un râle de stupéfaction devant la découverte de son torse perforé de part en part.
Kaed découvrit alors Jaque, couché, l’air triomphant, tenant dans ça mains une curieuse arme automatique qu’il avait sorti de la boite en bois qu’il portait près de lui depuis le début.
Kaed se jetat sur Isidor et lui administrer les premiers secours.
_ Il me faut de l’eau ! Et du tissu !
_ Je m’en occupe déclarât le chef des gardes visiblement trop heureux de la tournure des évènements, et cherchant à faire oublier à ces hommes son absence d’implication dans le combat. Allez vérifier qu’ils sont bien morts. (il se tournât vers son soldat) Ca va aller, Isi, c’est juste une blessure. Avec ça, tu vas avoir une médaille et une promotion.

Kaed se levât, une flèche encoché et près à tirer, jusqu’à ce qu’il soit sur que le calme sois revenus. Le silence était revenu, si l’on supprimait les gémissements du blessé, et les aboiements des gardes qui remettaient la caravane en place pour repartir.
Il dévisageât l’énergéticien qui avait ouvert une partie de son arme improbable, et farfouillait frénétiquement à l’interieur.
_ Vous pouvez me dire ce qu’est cet engin de mort et pourquoi vous ne m’en avez pas parlé plus tôt ? Demandât-il en désignant l’étrange mélange d’arc, de rouage, de fils rouges et d’une poignée avec une large gâchette de métal.
_ Ca, mon ami, répondit l’énergéticien, c’est un arc automatique à Pierre Rouge ! Une cadence de tir de deux carreaux par seconde, avec une portée de précision de cinquante mètres ! Un de mes petits bijoux personnels ! Un chargeur en tonneau contenant quinze carreaux ! Avec ça, impossible de rater une cible à courte distance.
_ Un arc automatique ? S’ébahit Kaed.
_ Oui, mais cette version s’enraille encore beaucoup. La polarisation des pré-pierres primaire est encore trop faible pour actionner les vérins des micro-pistons.
Jaque compris en regardant son compagnon qu’il ne comprenait pas un mot de ce qu’il allait essayer de lui expliquer.
_ J’ai voulu vous en parler, mais vous m’avez envoyé paitre, gémit-il. Et puis, elle n’est pas encore tout à fait fiable, le dernier à l’avoir testé a perdu sa main droite à cause d’une fuite de compression.

Kaed s’était dirigé vers le bandit que Jaque avait abattu.
_ Pas fiable, pas fiable… Allez lui dire ça…
_ Je ne l’ai touché que sept fois sur quinze ! Se justifiât l’intéressé. J’aurais put faire mieux.
_ Vous m’avez surtout sauvé la vie, acquiesçât le guerrier. Je vous suis redevable.
_ Arrêtez votre délire chevaleresque, c’était mon chapeau qu’il visait !
_ Votre machine, demandât Kaed, vous la vendriez ?
_ Ça peut se faire, acquiesçât Jaque. Quand elle serra au point, nuançât-il.

Un gémissement leur fit tourner la tête.
C’était le deuxième homme, celui qu’Isidor avait touché.
Il était en train d’agoniser, la flèche lui ayant traversé l’estomac.
_ Arhhh… La répo.. La réponse…. Gargouillât-il une fois qu’ils l’eurent rejoint.
_De quoi ? demandât Kaed.
_ La… arhhh réponse à… heurk (il se mit à tousser du sang) à votre… huuur… quest… question…
_ Pourquoi le petit garçon ne tourne plus sur lui-même ? demandât l’énergéticien.
L’homme acquiesçât de la tête.
_ Parce qu’on lui a cloué l’autre pied ! Répondit-il, fier comme un coq de son trait d’humour noir digne des pire blagues de tavernes.
L’homme mourut en riant, s’étouffant avec son sang, sous le regard attristé de Kaed.
_ C’était ça, votre technique pour nous faire gagner du temps ? Lui demandât-il
_ C’est l’une des rares blagues que je connaisse, avouât l’homme en refixant machinalement sur sa tête son hideux chapeau rouge. Bon, j’ai des carreaux à retrouver, et il nous reste de la route.


machine_crossbow_by_paleblu-d4fr2qk.jpg