Égalité

Hippotropikas

Lièvre arctique
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Je me suis souvent penché sur la question de l'égalité ; pas seulement l'égalité entre les hommes et les femmes, mais aussi l'égalité entre les Hommes.

Le féminisme est une approche de l'égalité. Il vise à établir l'égalité homme/femme en apportant les droits des hommes aux femmes. Mais pas seulement : dans la mesure où les hommes et les femmes sont égaux en droits en France, ceux-ci ne sont toujours pas égaux. En effet, même si la loi s'applique autant aux citoyennes qu'aux citoyens, une femme perçoit un salaire en moyenne moindre que celui d'un homme à poste égal et effectue toujours plus de tâches ménagères qu'un homme (60% du temps en moyenne). Elle est aussi soumise aux stéréotypes : ceux de la femme belle et mince, gentille, douce et sensible. Dès l'enfance, la socialisation différenciée fait son œuvre, et la fille est éduquée "comme une fille", par des parents souvent inconscients. Les jouets, comme les barbies, les sets de maquillage, ou les bébés en plastique, loin d'être innocents, l'encouragent à avoir un comportement type : celui de faire le ménage, de se faire belle pour plaire aux hommes, de s'occuper des enfants, etc. Elle est pour ainsi dire "destinée" à être, non pas une femme, mais le stéréotype de la femme imposé par la société. Ainsi, elle se retrouve privée de certains rôles plus attribués aux hommes. Par exemple, les femmes sont rarement aux postes gouvernementaux, aux postes à responsabilité de manière générale (chef d'entreprise ou "homme" d'affaire), ou aux postes qui nécessitent des connaissances en science. Elles sont plus nombreuses que les hommes à faire des métiers comme technicienne de surface. Elles sont aussi plus nombreuses à être soumises au viol, surement à cause de leur sexualisation dans les magazines et sur les sites pornographiques.

L'hominisme est une autre approche de l'égalité. Je précise tout d'abord qu'il n'a rien à voir avec le masculinisme, mouvement misogyne et machiste en réaction au féminisme. L'hominisme vise à supprimer les injustices que subissent les hommes par rapport aux femmes qui ne les subissent pas, outre les avantages qu'ils ont par rapport à ces dernières. On peut citer par exemple le fait qu'un homme est soumis par la justice à une peine plus lourde qu'une femme pour un même crime, le stéréotype de l'homme fort et musclé, un peu bête, ambitieux et surtout qui ne pleure pas (ou encore celui de l'homme macho...). Même si les stéréotypes touchent aussi les femmes, les hoministes veulent se débarrasser des leurs, et au moins avoir une image aussi méliorative que celle de la femme bienveillante. Ces stéréotypes sont entretenus, comme pour la femme, par la socialisation différenciée. Les parents l'habituent à jouer à des jeux dits "de garçon" : costumes de policier, d'astronaute, activités techniques et manuelles, etc. Ces jeux, couplés à des comportements attendus par les parents, vont le conformer à un comportement type : travailler pour la famille, être courageux, autoritaire, etc. La majorité des garçons font un BAC S au lieu d'un BAC L, mais le plus signifiant est qu'il y a beaucoup moins de garçons en L que de filles, et plus de garçons en S que de filles. La répartition masculine dans les filières générales est donc totalement déséquilibrée, beaucoup plus que chez les filles, et ce n'est pas le fruit du hasard. Autre injustice : les garçons réussissent moins à l'école que les filles.


Ces combats menés par chacun des deux sexes réussiront-ils à aboutir à l'égalité, la vraie ? Est-ce qu'il n'est pas vain de choisir de ne défendre que son sexe et pas l'autre ? Et pourquoi pas mélanger féminisme et hominisme, et défendre l'égalité pure, l'égalité dans le sens général ?
Appelons ça humanisme. L'humanisme a aujourd'hui une signification bien plus large que celle qu'on lui attribuait à la Renaissance. L'humanisme défend l'intérêt général : la sécurité, la liberté (toutefois difficiles à conjuguer ensemble), et l'égalité de tous les Hommes. L'humanisme est une preuve de bonté, mais aussi une preuve de pacifisme profond puisqu'il refuse les revendications particulières (politiques, religieuses, des sexes) au profit du bien-être de tous les individus, en tant qu'humains doués de sensibilité. Le problème que ne pose pas l'humanisme est qu'il ne permet aucune radicalité (en tout cas aucune nuisible !) comme on peut les voir chez certaines féministes misandres et certains hommes misogynes. Le principe fondamentale est que les différences sociales ne peuvent pas être tournées à l'avantage de l'un ou de l'autre sexe, et même, ne peuvent être tournées à l'avantage de certaines personnes plus qu'à d'autres. Acceptons que les différences biologiques ne sont pas des prétextes de hiérarchie, mais uniquement des facteurs de survie de l'espèce. Acceptons que les hommes et les femmes ne forment qu'une seule et même espèce. Acceptons, enfin, que l'union fait la force.
 
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Baator

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Loin à l'Horizon
Grosse question mais j'pense que ça peut donner un débat très intéressant. T'as eu raison de le faire.

Bref pour l'instant je vais surtout revenir sur l'égalité entre les hommes et les femmes.

Pour commencer ça me semble extrêmement d'arriver à établir une totale égalité, mais on doit tout de même faire tout pour s'en approcher. Les mentalités souffrent malheureusement de modèles sexistes et patriarcaux installés depuis des siècles voir des millénaires dans une majorité de sociétés qui ont été remis en cause que très récemment. Le problème est que notre formation dans la société et notre modélisation/visiond e cette société subit une énorme influence des structures de la société (la religion, l'école, les médias...) et donc on va être bien souvent avoir une vision biaisée sans s'en apercevoir. Et en plus il y a une (je dis bien UNE, pas la, j'englobe pas toute la problématique de cette domination ici) domination masculine dans cette société qui est intangible et donc qui se fait sans que le dominé en ait conscience et donc en est complice (ce fait ne remet pas la cause sur le deminé hein (ici les femmes) mais sur les structures) Et donc ça c'est la problématique de la violence symbolique. Du coup j'dis au passage que cette domination masculine a fait partie des objets d'étude de Pierre Bourdieu avec sa violence symbolique étou étou, et ce type il est vraiment super.
Après comme tu l'as dit il y a des conséquences néfastes de chaque côté.
Et il faut lutter contre ça déjà d'une part pour être dans une société plus saine et plus épanouissante. Aller vers l'égalité c'est aussi accroître le respect de l'autre et donc l'altruisme. Mais c'est aussi un enjeu économique à mon avis. Fin j'me suis dis ça y'a peu de temps et j'pense pas que j'ai été trop con sur ce point là.
Si on vit dans une société où il n'y a pas la pression de problèmes sexistes, les femmes et les hommes ne seront pas poussés à cause de leur sexe vers tel où tel axe professionnel. Leurs propres envies auront une plus grande marge de manoeuvre, il y aurait donc plus de femmes policières, militaires, politiciennes, peut-être aussi menuisières, ou traders ou tout secteurs actuellement très machistes. D'un autre côté il y aurait plus d'hommes infirmiers, instituteurs, assistants sociaux. Et donc le pourcentage de gens s'épanouissant dans leur boulot serait plus grand -> Employé épanoui = travaille mieux et plus.

Du coup j'pense que ce travaille pour l'égalité est un enjeu sous tout les tableaux et pas seulement social/humaniste. Même l'aspect politique.

Bon j'ai beaucoup résumé ma pensée parce que je suis un flemmard m'enfin pas grave. xd
 

Hippotropikas

Lièvre arctique
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Je pense comme toi que l'égalité est difficile à obtenir. Mais si tout le monde partait de ce principe-là, ce serait encore plus difficile de s'en approcher (problématique du destin).
L'enjeu politique et économique est aussi présent dans l'humanisme, car qui dit égalité dit paix, et qui dit paix dit diplomatie et pas de dépenses militaires. D'ailleurs si l'armée française arrêtait de bombarder la Syrie, peut-être qu'il y aurait moins d'actes terroristes (ou peut-être plus au contraire, la violence étant inscrite dans le Coran de toute façon).

En revanche on peut extraire de l'humanisme une problématique : est-ce que le fait de défendre le général n'est-il pas inefficace face aux multiples inégalités particulières ?
Je pense que si on prend l'humanisme au sérieux, on réussira à s'occuper de tout le monde à la fois, car ce n'est qu'une question d'ordre idéologique. En effet, il suffit d'avoir suffisamment d'informations sur le monde actuel pour voir qu'une foultitude de groupes sociaux, pour ne pas dire tous, sont victimes d'immoralités. Quand on parle d'égalité on pense souvent à l'égalité homme/femme car l'égalité entre les hommes a déjà été établie depuis longtemps. Mais il n'en est rien. Il y a de plus en plus de riches (qui sont de plus en plus riches) et de plus en plus de pauvres : ici les sexes n'ont rien à voir, c'est un problème au niveau des "classes sociales" qu'a inventé la société, et qu'il faut combattre tout autant que l'inégalité homme/femme. Car ce sont ces riches qui, avec leurs magazines, leurs marques, leurs entreprises, entretiennent les stéréotypes et l'inégalité des sexes. Je pense donc que défendre le particulier serait beaucoup plus lent à faire de nos jours qu'il n'y parait ; il est nécessaire de voir le problème avec une plus grande ouverture pour se rendre compte des véritables causes des inégalités.
 

Hippotropikas

Lièvre arctique
31 Août 2013
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Il y a une question qui est fondamentale pour déterminer la meilleure façon de lutter contre les inégalités de sexes (féminisme ou humanisme ?) :

Doit-on séparer les inégalités en deux parties — les inégalités avantageant les hommes opposées à celles qui avantagent les femmes — ou au contraire mettre toutes les inégalités de sexes dans un seul sac ?

Selon la première proposition, la lutte pour l'égalité des sexes consisterait à équilibrer les deux tas d'inégalités pour qu'aucun des deux sexes ne soit (dés)avantagé par rapport à l'autre.
Selon la deuxième proposition, il ne faudrait pas lutter contre une inégalité plus qu'une autre, mais réduire le nombre global d'inégalités. Il y aurait néanmoins une indifférence à l'égard du fait que le sexe féminin est globalement désavantagé par rapport au sexe masculin (les inégalités avantageant les femmes étant moins nombreuses que celles qui avantagent les hommes).

PS : gardons bien sûr en tête que toutes les inégalités ne se valent pas (difficile de s'exprimer mathématiquement quand on parle d' "inégalités" sociales...). On pourrait par exemple imaginer affecter à chaque inégalité son "coefficient malfaisant". Plus ce coefficient serait grand, plus le mal induit au sexe en question serait important. Bref, l'idée est qu'on ne peut pas compter les inégalités aussi facilement.
 
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En ce qui concerne l'égalité entre les êtres humains : dans toute beaucoup de décision politique, il y a un curseur à mettre entre plus d'égalité et plus de liberté. Si vous tirez le curseur vers plus de liberté, vous réduisez l'égalité et inversement.
 

Hippotropikas

Lièvre arctique
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En règle général, c'est vrai. Mais je crois que certaines libertés (dont bénéficient seulement ceux qui en ont les moyens) n'ont pas d'utilité, et nuisent davantage à la société qu'elles ne la magnifient, pour ainsi dire...
 
9 Août 2014
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Ne crois-tu pas justement que les libertés auxquelles tu penses empiètent sur l'égalité entre tous les citoyens d'un pays ?
 
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Gaël Erhlich

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Ici-même
En ce qui concerne l'égalité entre les êtres humains : dans toute beaucoup de décision politique, il y a un curseur à mettre entre plus d'égalité et plus de liberté. Si vous tirez le curseur vers plus de liberté, vous réduisez l'égalité et inversement.

Faut pas confondre liberté et libéralisme. Si t'as pas la liberté d'aller massacrer ton voisin, c'est parce que un tel voudrait se venger et qu'au final, ce serait un bain de sang, chose qui a tendance à déclencher des mécanismes sociaux qui vont détruire beaucoup plus de liberté que ce que t'as gagné avec le droit de tuer.
La liberté d'être employé (et pas de travailler) pendant 70 heures par semaine n'est-elle pas automatiquement une privation de liberté hors de l'entreprise ? Sans parler du management moderne qui utilise allègrement des techniques de manipulation.
Et puis pour le sexisme, est-ce qu'en étant façonné par la société, on peut être libre ? Que ce soit de façon sexiste ou non ?
 
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Faut pas confondre liberté et libéralisme. Si t'as pas la liberté d'aller massacrer ton voisin, c'est parce que un tel voudrait se venger et qu'au final, ce serait un bain de sang, chose qui a tendance à déclencher des mécanismes sociaux qui vont détruire beaucoup plus de liberté que ce que t'as gagné avec le droit de tuer.
Je ne pense pas que les réactions en chaîne (basée sur "Je ne le fais pas parce que je n'aimerais pas que l'on me le fasse") soit le premier argument mis en avant. Même si c'est évidemment un argument important, je pense plutôt que le fait de tuer en lui-même est mauvais pour la plupart des personnes.
Tu me demandes de ne pas confondre ces deux notions, et tu reposes la question de savoir si

on peut être libre ?

Je pense que tu devrais dans ce cas écrire ce que tu entends par "liberté" et "libéralisme", parce que j'ai l'impression que le second concept concerne, pour toi, une dimension fortement économique, mais par "décisions politiques" j'entends aussi l'imposition d'assurer son véhicule, le choix du coût des frais d'inscription aux études supérieures, le financement des lieux d'arts et de culte, le choix entre financer des autoroutes ou des lignes de chemin de fer, imposer un seuil maximum de rejet de CO² pour certaines activités, etc. Tous ces exemples ont une dimension économique, certes, mais pas uniquement lié à cela non plus.
 

Gaël Erhlich

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Je pense que tu devrais dans ce cas écrire ce que tu entends par "liberté" et "libéralisme", parce que j'ai l'impression que le second concept concerne, pour toi, une dimension fortement économique

V'là mes définitions :
Ce que j'appelle libéralisme, c'est la volonté (c'est donc un courant politique) de supprimer un maximum de règles qui contreviennent directement à la liberté, des règles institutionnelles.
La liberté, c'est simplement la possibilité de faire ce que tu veux, dans la mesure du possible. Ça va de la possibilité de marcher en crabe dans la rue à celle de monter ton journal parodique.

Du coup, ce que je voulais dire, c'est que c'est pas parce que t'as pas de règle ou d'encadrement institutionnel qu'il y a liberté. Or, la politique en matière de liberté ne peut être qu'institutionnelle ou réglementaire, ce qui fait qu'une décision libérale n'est pas forcément gage de liberté. Pourquoi ? Parce qu'une autre privation de liberté (voire la même) peut apparaître en différé ou par des interactions sociales.