Salut à tous,
Je crée ce topic suite à cette remarque de @Cercus , disant que baisser les dépenses publiques, c'est bien.
Je vais donc vous expliquer pourquoi non, ça ne marche pas et ce n'est pas bon, contrairement à ce que veut nous faire croire une grande partie des candidats à la présidentielle.
Cela s'appelle une politique d'austérité. Si vous ne savez pas ce que c'est, alors voici la définition :
"Nous savons pourtant, depuis la Grande Dépression, que l'austérité ne fonctionne pas. Le Fonds monétaire international [FMI] en a refait la démonstration plus récemment [lors des dernières crises monétaires] en Amérique latine et en Asie, et c'est à nouveau le cas actuellement en Europe. Ce qui est stupéfiant, c'est qu'autant de dirigeants politiques continuent malgré tout d'appuyer ces politiques discréditées, même si des voix aussi conservatrices que le FMI leur disent aujourd'hui que leur austérité est dangereuse et qu'il faut s'occuper de toute urgence de stimuler l'économie. C'est comme si les gouvernements avaient cessé d'écouter."
Joseph Stiglitz - entrevue accordée au Devoir, 13 avril 2013
Si vous ne savez pas ce que c'est le FMI, le Fonds Monétaire Internationale, c'est une assemblée de 189 pays qui gèrent la stabilité économique du monde, en gros.
1er mythe : les dépenses publiques plomberaient l'économie. Il serait donc logique de diminuer les dépenses publiques pour relancer une économie exsangue.
En fait, c'est exactement l'inverse, et même le FMI en est désormais convaincu. Il faut dire que les multiples épisodes d'austérité budgétaire de ces dernières décennies ont fourni plus d'une preuve empirique aux prédictions des économistes. C'est désormais prouvé : 1 euro de baisse des dépenses publiques se traduit par 2 à 3 euros de réduction d'activité économique (Blanchard 2015, Wilkinson et Pickett 2013). C'est à dire que pour une baisse de 100 milliards d'euros de dépenses publiques, c'est presque 300 milliards d'euros qui disparaissent de l'activité économique.
En clair, réduire la dépense publique mène à la récession, c'est à dire à une baisse de l'activité économique, puis à l'enlisement (moins de croissance, par exemple). C'est en particulier vrai lorsque de nombreux pays s'ajustent en même temps, comme lorsque l'UE impose la "règle des 3%" à tous ses états membres, un des nombreux traités européens un peu chiant sur les bords.
En fait, la dépense publique a un énorme effet d'entraînement sur l'économie d'un pays. En effet, contrairement à ce que les mythes néolibéraux tendent à faire croire, la dépense publique n'est pas de l'argent qui serait siphonné de l'économie pour disparaître dans le néant. Lorsque cet argent est distribué aux ménages modestes, il est instantanément dépensé (et contribue donc à la demande des entreprises). Quant il sert à construire des bâtiments ou des routes, il retourne directement dans la poche des entreprises sélectionnées. Cela sert donc à faire marcher l'économie.
2e mythe : Il faut à tout prix rembourser la dette, olala il faut dépenser moins !
La France est surendettée et ce n’est rien de le dire (plus de 2000 milliards !) Donc, pour combler les trous dans les caisses, pour paraître cette grande, prospère et puissante nation qu’elle fut jadis, la France réclame aux banques privées des fonds, puisqu'elle ne peut plus le faire avec la BCE, qu’elle obtient immédiatement, car l’affaire est juteuse pour les créanciers. Faute de pouvoir équilibrer la balance budgétaire année après année, elle doit emprunter à nouveau. Primo pour faire fonctionner le pays, secundo pour rembourser le montant du précédent prêt, tertio pour rembourser les intérêts de ce dernier, d’un pourcentage indécent. Et ainsi de suite... C’est un cercle vicieux infernal ! Et cette arnaque engendre un effet inflationniste néfaste in fine.
Sauf que ! Non, la dette ne fait pas si peur que ça. 2000 milliards, reportés sur UNE année de PIB, c'est monstrueux. Sauf qu'on ne va pas rapporter ce que tu dois pour ta nouvelle maison à UNE année de revenus, si ? La dette, il faut la prendre en compte pour à peu près 7 ans, c'est à dire sur sa durée de remboursement. Et ramenée à cette échelle, ça ne représente que 12% du PIB, et non pas plus de 100%.
Deuxièmement, personne ne va rembourser la dette grâce à l'austérité. Vous pensez vraiment que des pays comme l'Italie vont le faire ?
L'austérité n'est pas la solution. Globalement, il y a trois solutions pour rembourser la dette :
1/ L'inflation. Quand c'est bien utilisé, ça peut-être très efficace, y'a pas mort d'hommes et c'est moins contraignant pour la population que l'austérité. Il peut y avoir des effets négatifs, mais ça se gomme rapidement.
Solution ? La BCE rachète toutes les dettes de tous les pays européens, comme ce qu'on pouvait faire avant le traité de Lisbonne de 1973. Concrètement, ça va faire une inflation de seulement 6 ou 7%. C'est la version la plus contrôlée et la plus raisonnée.
2/ La guerre. Je pense que personne ne la veut.
3/ La Banqueroute, une vraie catastrophe.
Voilà ! Merci de m'avoir lu
Je crée ce topic suite à cette remarque de @Cercus , disant que baisser les dépenses publiques, c'est bien.
- "Diminuer la dépense publique de 100 milliards" -> Cela permettrait de faire des économies
Je vais donc vous expliquer pourquoi non, ça ne marche pas et ce n'est pas bon, contrairement à ce que veut nous faire croire une grande partie des candidats à la présidentielle.
Cela s'appelle une politique d'austérité. Si vous ne savez pas ce que c'est, alors voici la définition :
S'il s'agit de résorber les déficits publics ou de diminuer l'endettement du pays, une politique d'austérité cherchera à réduire les coûts et les dépenses publiques.
"Nous savons pourtant, depuis la Grande Dépression, que l'austérité ne fonctionne pas. Le Fonds monétaire international [FMI] en a refait la démonstration plus récemment [lors des dernières crises monétaires] en Amérique latine et en Asie, et c'est à nouveau le cas actuellement en Europe. Ce qui est stupéfiant, c'est qu'autant de dirigeants politiques continuent malgré tout d'appuyer ces politiques discréditées, même si des voix aussi conservatrices que le FMI leur disent aujourd'hui que leur austérité est dangereuse et qu'il faut s'occuper de toute urgence de stimuler l'économie. C'est comme si les gouvernements avaient cessé d'écouter."
Joseph Stiglitz - entrevue accordée au Devoir, 13 avril 2013
Si vous ne savez pas ce que c'est le FMI, le Fonds Monétaire Internationale, c'est une assemblée de 189 pays qui gèrent la stabilité économique du monde, en gros.
1er mythe : les dépenses publiques plomberaient l'économie. Il serait donc logique de diminuer les dépenses publiques pour relancer une économie exsangue.
En fait, c'est exactement l'inverse, et même le FMI en est désormais convaincu. Il faut dire que les multiples épisodes d'austérité budgétaire de ces dernières décennies ont fourni plus d'une preuve empirique aux prédictions des économistes. C'est désormais prouvé : 1 euro de baisse des dépenses publiques se traduit par 2 à 3 euros de réduction d'activité économique (Blanchard 2015, Wilkinson et Pickett 2013). C'est à dire que pour une baisse de 100 milliards d'euros de dépenses publiques, c'est presque 300 milliards d'euros qui disparaissent de l'activité économique.
En clair, réduire la dépense publique mène à la récession, c'est à dire à une baisse de l'activité économique, puis à l'enlisement (moins de croissance, par exemple). C'est en particulier vrai lorsque de nombreux pays s'ajustent en même temps, comme lorsque l'UE impose la "règle des 3%" à tous ses états membres, un des nombreux traités européens un peu chiant sur les bords.
En fait, la dépense publique a un énorme effet d'entraînement sur l'économie d'un pays. En effet, contrairement à ce que les mythes néolibéraux tendent à faire croire, la dépense publique n'est pas de l'argent qui serait siphonné de l'économie pour disparaître dans le néant. Lorsque cet argent est distribué aux ménages modestes, il est instantanément dépensé (et contribue donc à la demande des entreprises). Quant il sert à construire des bâtiments ou des routes, il retourne directement dans la poche des entreprises sélectionnées. Cela sert donc à faire marcher l'économie.
2e mythe : Il faut à tout prix rembourser la dette, olala il faut dépenser moins !
La France est surendettée et ce n’est rien de le dire (plus de 2000 milliards !) Donc, pour combler les trous dans les caisses, pour paraître cette grande, prospère et puissante nation qu’elle fut jadis, la France réclame aux banques privées des fonds, puisqu'elle ne peut plus le faire avec la BCE, qu’elle obtient immédiatement, car l’affaire est juteuse pour les créanciers. Faute de pouvoir équilibrer la balance budgétaire année après année, elle doit emprunter à nouveau. Primo pour faire fonctionner le pays, secundo pour rembourser le montant du précédent prêt, tertio pour rembourser les intérêts de ce dernier, d’un pourcentage indécent. Et ainsi de suite... C’est un cercle vicieux infernal ! Et cette arnaque engendre un effet inflationniste néfaste in fine.
Sauf que ! Non, la dette ne fait pas si peur que ça. 2000 milliards, reportés sur UNE année de PIB, c'est monstrueux. Sauf qu'on ne va pas rapporter ce que tu dois pour ta nouvelle maison à UNE année de revenus, si ? La dette, il faut la prendre en compte pour à peu près 7 ans, c'est à dire sur sa durée de remboursement. Et ramenée à cette échelle, ça ne représente que 12% du PIB, et non pas plus de 100%.
Deuxièmement, personne ne va rembourser la dette grâce à l'austérité. Vous pensez vraiment que des pays comme l'Italie vont le faire ?
L'austérité n'est pas la solution. Globalement, il y a trois solutions pour rembourser la dette :
1/ L'inflation. Quand c'est bien utilisé, ça peut-être très efficace, y'a pas mort d'hommes et c'est moins contraignant pour la population que l'austérité. Il peut y avoir des effets négatifs, mais ça se gomme rapidement.
Solution ? La BCE rachète toutes les dettes de tous les pays européens, comme ce qu'on pouvait faire avant le traité de Lisbonne de 1973. Concrètement, ça va faire une inflation de seulement 6 ou 7%. C'est la version la plus contrôlée et la plus raisonnée.
2/ La guerre. Je pense que personne ne la veut.
3/ La Banqueroute, une vraie catastrophe.
Voilà ! Merci de m'avoir lu