Depuis les débuts du jeu, Minecraft a su faire rêver ses joueurs, non pas forcément par des aspects immersifs, mais plutôt par ses innombrables possibilités. Pourtant, éternels insatisfaits, nous sommes irrémédiablement attirés vers l’inaccessible. Coincé sur l’hostile lande de terre, Steve, depuis son arrivée, a rivé ses yeux vers le ciel : Minecraft dans l’espace. L’histoire extraordinaire de l’Aether (dimension du Paradis), le projet de mod des plus fous du jeu en est un exemple concret. Par ailleurs, dans le jeu même, la possibilité de faire des cartes “Skyworld” sans bloc de départ est très utilisée. Mais d’autres projets aussi fous que l’Aether ont vu le jour pour se payer un aller dans l’espace cubique. Pensons notamment au Mod GalaxiCraft 4, projet démentiel qui rajoute la Lune, Mars, Vénus, des astéroïdes et des nouvelles mécaniques de jeu (1.8.9 à 1.12.2).
Toujours à la recherche de ce vertige du vide spatial, nous vous présentons aujourd’hui deux jeux complets de cubes dans l’espace. Des faux nouveaux du genre, puisqu’ils sont en développement depuis 2012 : God is a Cube et le bon vieux StarMade.
God is a cube est un jeu d’initiation à la logique programmatique (ou combinatoire), s’inspirant de la redstone de Minecraft. Il s’agit historiquement d’un mod Minecraft. Le but du jeu est de donner les bonnes instructions à votre cube pour finir le niveau. Pour un public plutôt patient (le jeu est lent, peu d’action), il peut se révéler casse-tête à haut niveau. Il n’est pas nécessaire de s’y connaître en code ou en programmation : c’est une introduction à la logique et non au code.
Pour le dire autrement, il s’agit d’un “puzzle game” de programmation, où vous créez des Intelligences Artificielles avec des symboles pour contrôler des robots cubes et construire des pyramides spatiales. Votre cube, plus vous avancez, peut faire des choses complexes : analyser le terrain, choisir, construire, contrôler… Vous pouvez même lui donner de plus en plus d’autonomie grâce à, par exemple, des boucles (à tel point que ça peut en devenir flippant).
Le créateur, Marc Kruzik, a ajouté au jeu une dimension métaphysique amusante et passionnante ; régulièrement entre les niveaux du mode campagne, des cinématiques plongent le joueur dans le vertige de l’intelligence artificielle, comparée très subtilement à celui de l’espace. Un même vertige de l’Infini. La cinématique d’introduction est à vous donner quelques frissons. L’immersion dans cette quête est prenante et agréable, avec des musiques très réussies, pour une expérience véritablement inédite.
Le jeu est aussi fait pour un public expérimenté dans le domaine. Au début de la campagne, vous pouvez immédiatement sauter les chapitres faciles pour aller sur les plus croustillants. Par ailleurs, une version avancée du jeu est disponible. Elle contient de nombreux outils qui permettent d’explorer plus en profondeur toutes les possibilités du jeu, notamment d’intelligence artificielle. Certaines mécaniques de jeu peuvent être entièrement modifiées grâce à ces outils.
A la date de cet article, le jeu est en développement, en pré-Alpha (disponible pour 14,99€ sur Steam et sur le site officiel). Acheter le jeu maintenant est un soutien supplémentaire pour son développement. Qui dit Alpha, dit jeu incomplet, et parfois bugué. Il peut crasher de temps à autres si on abuse du alt-tab ou plus rarement sans raison apparente mais il est tout à fait jouable malgré tout, la progression se sauvegardant automatiquement. Très bon point pour le jeu, il est déjà disponible en deux langues : français et anglais. D’après le créateur, 95% du contenu est déjà présent dans le jeu, il lui reste surtout à équilibrer la difficulté et à finir de peaufiner.
Dans un genre beaucoup plus proche de Minecraft, Starmade peut faire office de leader en bac à sable dans l’espace. Dans ce jeu développé par Robin Promesberger (et sa compagnie Shine), vous incarnez un spationaute dans une galaxie, avec des cubes, des planètes, des vaisseaux. Comme dans Minecraft, il n’y a pas de but préconçu à l’avance. Vous pouvez explorer, combattre et build. Vous pouvez télécharger gratuitement le jeu ou l’acheter pour 14.99$ sur le site officiel et ainsi le posséder à vie (c’est-à-dire même après sa version finale).
En apparence, très peu de différences avec Minecraft donc, si ce n’est qu’au début du jeu, la prise en main est (très) longue et difficile. Cette étape est nécessaire pour apprendre les nouvelles mécaniques de jeu ajoutées à un sandbox basique. Entre minage amélioré, magasins spatiaux, batailles de vaisseaux, et exploration de vieilles bases, il y a de la matière ! Même les astéroïdes peuvent être explorés, minés, ou servir de base secrète. Voici le trailer officiel du jeu :
Les planètes apparaissent (comme dans une génération Minecraft) aléatoirement. Il en existe plusieurs types : glaciales, désertiques, simples amas de roches ou même plus rare, de type terre (qui ressemble à s’y méprendre à un biome plaine). Vu que nous sommes dans un monde cubique, faire des planètes rondes ne fut pas chose aisée : au début, les planètes étaient plates mais elles sont désormais des dodécaèdres réguliers (12 pentagones). Les planètes sont encore assez petites et le petit nombre de faces génère des arêtes marquées mais l’aspect rond donné à des cubes est spectaculaire. Dès que vous changez de face, la gravité se met à jour et vous retombez normalement : attention à ne pas vous crasher avec votre vaisseau !
Les systèmes d’inventaire, de crafting et de blocs sont très semblables à Minecraft, avec des interfaces adaptées mais analogues dans le fonctionnement : c’est surtout le contenu qui change. Une majorité de nouveaux blocs avec des crafts différents. Des nouveaux minerais à explorer aussi, pour fabriquer les meilleures pièces de vos vaisseaux ou vous enrichir.
L’élément central et capital du jeu réside dans le vaisseau spatial. Il est évidement le moyen de déplacement nécessaire pour explorer la galaxie. Le principe est le même que plusieurs mods Minecraft rajoutant des véhicules : un bloc, le “shipcore” (cœur) qui permet de relier les blocs du vaisseau en une unique structure. Celle-ci se déplacera d’un seul bloc. Le bloc est aussi utilisé pour d’autres types de structures spatiales. Quand vous entrez dans un shipcore, deux modes s’offrent à vous : le mode “vol” et le mode “build“. Au fur et à mesure du jeu, vous améliorerez votre vaisseau de la manière qui vous plaira. Par exemple, avec de meilleurs propulseurs pour la vitesse, ou encore en ajoutant une lourde artillerie laser pour vous préparer au combat.
Starmade est aussi un jeu de gestion : vos ressources sont limitées, à commencer par l’argent de départ. Mais vous devrez aussi gérer la complexité grandissante de vos structures, vos vaisseaux surtout. Gérer la vie de votre cœur en ajoutant des boucliers, mettre des stocks d’énergie pour les faire fonctionner… Tiens ! Votre vaisseau est trop gros, il va falloir ajouter des propulseurs… Le tout bien raccordé aux bons ordinateurs. Même bataille pour vos bases spatiales, bien sûr. Testez ensuite en combat votre vaisseau ! Heureusement, grâce au catalogue, vous pouvez sauvegarder vos plans de vaisseaux. En mode survie, rachetez ensuite les matériaux et refaites une copie en un rien de temps. N’hésitez pas à télécharger une bonne vieille étoile de la mort (ou un croiseur impérial) sur internet pour la placer en mode créatif, c’est toujours sympa.
Vous ne trouverez pas de zombies ni de creepers spatiaux sur les planètes, et encore moins dans le vide de l’espace. En revanche, factions aliens, marchandes et pirates peuplent la Voie Lactée. Vous pourrez y trouver des bases pirates, d’immenses magasins et des convois interstellaires. Le choix vous appartient d’être diplomatique, commerçant ou simplement d’engager le combat pour les piller dans les règles de l’art, comme tout bon joueur qui se respecte. Malgré ces éléments, en solo, l’immensité et le silence de l’espace vous feront vite ressentir un vide métaphysique et une solitude sans pareille, alors n’hésitez pas à jouer en multijoueur.
Jouer en multijoueur à Starmade est très simple. Vous pouvez lancer une partie en local ou ouvrir depuis votre ordinateur pour jouer une partie online avec des amis. Essayez donc aussi des serveurs publics comme celui de Orion du site StarMade France, ou encore louez votre propre serveur (attention, les serveurs publics français sont régulièrement déserts…). Battez-vous ensemble ou dans des factions différentes pour le contrôle de la galaxie ou mettez votre force collective à l’œuvre pour construire toujours plus démesurément.
J’espère que ce voyage stellaire vous aura plu et que vous avez ressenti un peu de cette immensité de l’espace. Il y aurait bien d’autres éléments à développer sur le thème de Minecraft dans l’espace, peut-être un futur article ! En attendant, n’hésitez pas à tester ces deux jeux tous deux immersifs à leur façon. Extrêmement différents et originaux, le frisson du vide est pourtant garanti d’une même manière.