Dans toute discipline que l'on apprend et dans laquelle, en tout cas, on œuvre un peu soit tant à y progresser, des paliers, des caps plus ou moins importants jalonnent le parcours de l'apprenti...
Un épisode aux échecs peut dans certain cas s'avérer marquant.
Celui que m'a partagé un ami récemment, celui du passage du joueur qui sort de la période où il apprivoise le mouvement des pièces et intègre les erreurs lourdes à éviter.
Plus généralement, c'est le moment où l'on commence à se mette à table à propos de la dimension psycho-émotionnelle de la partie d'échecs dans laquelle les joueurs s'affrontent...
Il semble difficile de retrouver les mots dans lesquels il me témoignait cette étape qui, selon lui, n'aurait jamais été franchie s'il avait appris aux côtés d'un autre que moi, ce qui est assez touchant voire gratifiant, il faut bien admettre...
Selon ses dires, et selon ce que j'avais déjà constaté, ceci demande un effort d'humilité et de maîtrise de l'orgueil blessé de toutes ces parties inégales et bel et bien perdues à plate couture.
Et en effet, si cette étape n'est pas franchie à grands coups de curiosité, de dépassement de soi et d'acceptation de l'échec (tiens donc, c'est le cas de le dire !), il y a peu de chances pour que la mayonnaise prenne... Et si ce n'est pas le cas, on risque en effet un rejet définitif que j'aie pu voir chez nombre de gens...
Les échecs ne sont pas véritablement dans notre culture à nous français, sempiternels joueurs de cartes et de flûte, accessoirement.
Je me demande parfois si l'absence de hasard ne terrorise pas les occidentaux de façon générale, bien que non systématique...
Certains ouvrages échiquéens affirment qu'à 5 ans on peut parfaitement intégrer les règles... Quoi qu'il en soit, je suis essentiellement certain, pour l'avoir vécu, que le plaisir aux échecs apparaît et s'accroît une fois les grands mécanismes de déplacement connus, et surtout une fois que la vision est un peu rôdée à étudier l'échiquier, notamment pour identifier les possibilités qui s'offrent à chaque coup...
Nul besoin d'être une tronche en maths ou quoi que ce soit de ce genre, mais vraiment pas !
L'effort de s'accrocher au début vaut largement le plaisir en ascendance exponentielle qui s'ensuit.
Et oui, il est difficile de le croire sur parole de ces modestes lignes...
La curiosité sera-telle victorieuse sur la fierté pour les prochains apprentis ?
Je le souhaite passionnément !