Réflexions " philosophiques ".

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Oui, c'est mieux d'associer une musique à un fragment de ta courbe, à un intervalle, car chacune possède son histoire (lisant trop vite j'ai cru que tu disais "histoire" à cet effet donc j'y ai pensé), sa mélodie, ses couleurs ...

Mais je maintiens qu'il y a une infinité de possibilités, par le nombre de permutations et combinaisons différentes de notes, la tonalité, le nombre d'instruments (rajoute les permutations entre les instruments en considérant que tu peux en avoir jusqu'à une centaine voire plus si t'es un taré), la durée de ladite musique, les silences qui sont eux-aussi très importants, les nuances, le rythme ...

Tu as trop de caractéristiques et de variables pour avoir uniquement un nombre fini de musiques à la fois. On pourrait même rajouter les voix, très importantes : s'agit-il d'un alto ? D'un soprano ? Quel âge possède cette personne ? Les musiques diffèrent aussi par leurs compositeurs (+ l'identité des musiciens et chanteurs - les chanteurs sont des musiciens, et j'ai plus le nom pour celles et ceux qui font carrière grâce à leur voix), les interprétations et reprises qui vont suivre, etc ...

Si tu veux c'est une fonction avec un très grand nombre de variables (on pourrait en trouver des milliers si ça nous *chantait*, jeu de mot involontaire de base). Tout cela pour dire qu'avec un nombre aussi grand de variables et de variabilités (polyptote nécessaire) le nombre de musiques possibles ne peut être qu'infini.
 
Un très grand nombre de variables entre en compte, je suis d'accord.

Mais le nombre d'unités musicales restent limité sur la courbe car la musique, par définition, est un équilibre entre (on peut considérer chaque tiret comme une dimension, un plan de la musique) :
- le silence absolu et le bruit le plus fort et le plus douloureux
- l'absence d'harmonie et la multitude harmonique
- la pureté du timbre (en somme, son absence !) et la complexité de la composition des harmoniques
- le grave et l'aigu, tout simplement (20Hz - 20 000 Hz)
- etc.
Admettons donc que la musique possède des limites, à partir desquelles elle n'est justement plus de la musique. Considérant la multitude des dimensions de la musique, la représentation graphique de la fonction n'est plus une courbe, mais une boule (ou un patatoïde) à n dimensions. Le dehors de la boule est un endroit où une suite de sons n'est plus fidèle à la définition de la musique. La boule est certes cyclopéenne (sans jeu de mot !!), sans mesure, incommensurable, mais pas moins finie.

Mais enfin, dans la mesure où nous discutons d'un sujet assez abstrait (car trop humain ?), nous pouvons tous les deux avoir raison en même temps ! Il nous faudrait l'avis d'un musicologue pour considérer la chose avec plus de recul, il me semble.
 
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Une boule est un ensemble infini de points tu m'diras :>

Après en effet, il y a une différence entre son et musique que j'avais un peu zappée, mais est-ce que cela contredit ma vision de l'infini ? Je ne saurais dire ... Par contre, les musiques qui sont susceptibles de nous plaire, je pense pouvoir affirmer qu'il y en a un nombre fini ! : D
 
Une boule est un ensemble infini de points tu m'diras :>
On a dit qu'une musique était une unité (pas forcément une unité cubique ; ça peut être plein de formes (d'autant plus qu'il y a n dimensions, c'est-à-dire beaucoup !))
Mais enfin, c'est toujours aussi abstrait, ha ! ha !
 
Dernière édition:
Peut-on toujours parler de formes dans un espace à n dimensions ?

D'ailleurs, cela me fait penser à une blague (oh non ! me direz-vous ...)

Comment un mathématicien se représente-t-il un espace à 4 dimensions ?
Il fait la démonstration pour un espace à n dimension puis il applique à n=4 !
 
Mon avis actuel sur la musique est que certaines ondes agissent sur notre cerveau, dont la musique.Lorsque l'oreille entends des bruits (entrée), elle les transmettra à l'intelligence qui en déduira des actions (sortie). Ces actions sont l'activation de zones cérébrales, telles que celles dédiées aux émotions ou au mouvement. On sera alors "ému" par la musique, ou on aura envie de "danser". Selon moi, la danse n'est qu'une canalisation du besoin de mouvement provoqué par la musique. Je vous conseille d'étudier l'agissement des battements binauraux sur le cerveau : c'est abassourdissant.
P.S. : Comme d'habitude, cet avis est proposé par un être non-omniscient prêt à changer d'avis si de nouvelles données sont proposées.
 
mais Mozart n'est autre qu'un homme qui sait jouer magnifiquement bien du piano.
Il n'est donc pas un génie pour toi ? Ce n'est pas parce qu'il était scatophile qu'il faut lui retirer son dû.

J'ai beaucoup apprécié vous lire. Cette lecture tombe d'autant mieux que j'aie commencé à me poser des questions sur le rapport que j'entretiens avec la musique, amateur à ma hauteur que je suis.

Tout d'abord, et en réponse au dernier message de Clen (et si ce n'est déjà fait...) je te conseille de jeter un coup d’œil à ceci, Spirit. Selon moi, toute réflexion philosophique devrait se baser sur les découvertes scientifiques les plus récentes. J'insère aussi un texte de l'auteur de cet essai, distribué à un concert de Jordi Saval.

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Ecouter une musique c'est se laisser transcender par elle, la laisser nous envahir, nous prendre et la laisser jouer avec nous, nos sensations, se jouer de nous. Celle-ci provoque en nous des symptômes physiologiques, comme une accélération du rythme cardiaque ou des variations de la pression artérielle, une sensation de chaleur intérieure et d'apesanteur.


Celle-ci est faite de formes pures, de sons ordonnés, équilibrés, tandis que nous ne sommes que chaos, poussière, incohérence et déséquilibre par rapport à celle-ci. Il suffit de regarder ma personne, décousue, autodérisoire à l'excès, incohérente et floue.


La musique nous permet en quelque sorte de toucher un idéal de pureté, non souillé par certains êtres humains mais dépourvu de lui. Elle contient quelque chose d'indéfinissable, d'insensible et de sensible à la fois, recevable par nos sens mais portant un message ou des images, quelque chose de transcendant et d'immanent à la fois.


Certes la musique est créée par l'homme, par des génies et visionnaires, mais la beauté de celle-ci réside en le fait qu'elle se détache ensuite de l'homme, que celui-ci perd tout contrôle sur elle, qu'elle se diffuse où elle le "souhaite", nous touche comme et quand elle le "veut", nous brise ou nous reforme à notre insu.


Peut-être peut-on dire que musique et amour riment. Amour de qui, de quoi ? Je ne sais, mais qu'importe, suis-je pour savoir ? La musique peut transporter de l'amour, un amour du compositeur pour une dame, un amour pour la musique, un amour pour les formes qu'elle contient. Il peut aussi s'agir d'une identification de l'auditeur dans cette musique qui y puise son amour, ou le transpose, qu'il éprouve un "amour" de cette musique, où stimule celui pour une dame par celle-ci.


On peut aussi penser que la musique révèle une certaine vérité à l'auditeur, lui fait prendre conscience par un certain nombre de symptômes corporels de son insignifiance ? Comment un ensemble de fréquences peut-il avoir un tel impact sur moi ? Je ne suis rien par rapport à cette musique, ou plutôt quelque chose de sensible et qui peut recevoir. Peut-être alors artiste et producteur riment ensemble, peut-être que l'artiste produit la musique car il arrive à dépasser sa condition de récepteur sans pour autant la nier.


Une autre vérité apparaît, celle de l'amour. Présent dans la musique par transposition ou identification, celui-ci apparaît comme vrai par sa puissance. L'amour serait alors le support de la musique, lui donnerait sa force et son caractère envoûtant, serait même à son origine. Produisant la musique, il serait alors le moteur même de l'artiste. Celui-ci serait traversé par une force extérieure, non humaine, transcendante par sa pureté et beauté mais immanente par son influence sur l'être.


Certaines forces invisibles nous gouvernent donc, comme celle-ci, mais combien encore ne sont-elles pas révélées à nous ? Nous en sommes les jouets, celles-ci se substituent à d'autre pour mieux nous tromper, nous briser ou nous harmoniser si nous les percevons. Peut-être alors faut-il définir le monde comme l'ensemble de ces forces invisibles qui nous traversent, nous définissent et nous ordonnent ou non. Le monde, traversé par ces forces, ne deviendrait-il pas alors invisible lui aussi ?


Tout dépend de ce que l'on appelle monde. S'il s'agit de l'ensemble de ces forces, il le devient alors. Mais si le monde n'est réduit qu'aux effets de celles-ci, il devient visible et nous sommes coupés de toutes forces. Cependant par définition le monde est le tout, ainsi le monde correspond à l'ensemble des deux : causes et effets, si nous pouvons conceptualiser ces causes et effets, les temporiser et situer. L'homme n'est donc pas séparé de l'absolu, il y tend en le subissant, le percevant, le produisant quand il s'agit de musique.


Ce monde apparaît alors comme un tout harmonisé, mais ne ressemble-t-il pas à un chaos en regardant certains êtres et certains lieux ? Ces forces aiment se jouer de nous, ainsi elles m'induisent en erreur quand je pense le monde tel un chaos. Il s'agirait d'un chaos ordonné, ou régit par ces forces. Mais celles-ci ne sont-elles pas vides à cause de leur définition ? Celles-ci correspondent à l'être des choses et l'être du monde, elles sont donc ontologiquement immanente par leurs effets et transcendantes par leur unicité et l'impossibilité de les reproduire dans le sens d'en faire des copies.


L'homme est donc le sujet de l'être du monde, dans le sens qu'il est car est trompé, pour citer Saint Augustin (ou Descartes citant celui-ci). L'homme, régit par des forces transcendantes et immanentes, est donc condamné à vivre entre celles-ci, les subir, s'y plier comme pour l'amour, ou s'y affranchir comme l'artiste qui les utilises à des fins de production. Nous sommes donc le jouet de l'être des choses, mais cela ne signifie-t-il pas un destin en raison de l'ordre de ces forces ? Non, car elles surviennent de manière indépendante de toute volonté, elles ne peuvent se plier à aucune loi mais les créent, les modifient et nous trompent en conséquences.


L'homme en outre serait un milieu pour reprendre Pascal : "Un tout à l'égard du néant, rien à l'égard du tout". L'immensité de ce monde et son aspect minuscule mettent l'homme dans une situation inconfortable : il ne peut vivre sans ses forces, mais est de plus cloîtré entre ces deux abîmes de l'infini et du néant, ainsi réduit physiquement et métaphysiquement.


Il en est donc à réduit à penser ces choses, les écrire sur les tréfonds d'internet au pire, sans se soucier de tous les processus physico-chimiques qui lui permettent de penser, taper sur son clavier, transmettre instantanément les lettres sur l'écran, sans parler de tous les processus d'apprentissage de l'écriture voire de l'emplacement des touches du clavier pour les plus habiles, etc ...


Il en réduit à penser dans un lieu non approprié, d'où la création de certains lieux comme celui-ci pour y déverser toute chose étrangère au but de ce lieu, afin de le préserver justement pour assurer sa pérennité. Cette juste décision, gouvernée par des forces extérieures, a provoqué une autre restriction de l'homme dans cet équilibre entre deux abîmes.


Ces forces se superposent donc, s'enchevêtrent et nous perdent. Nous ne pouvons nous en détacher car elles assurent notre survie, mais nous ne pouvons nous les approprier car elles sont vivaces, invisibles et indivisibles, métaphysiques et détachées de toute relation à la volonté si volonté il existe.


Dans un tel monde et par de telles forces, comment pouvons-nous vivre en harmonie si cela n'est pas de notre ressort ? Comment produire d'effets ? Seuls les artistes le peuvent, il leur revient donc d'organiser le monde, de l'harmoniser et de le vivre pleinement. Mais comment naissent les artistes ? Ils sont les fruits de ces lois, qui ont créé un individu susceptible de tant recevoir que par un excès de reçu il produira en retour, comme toute réaction chimique arraché de son état initial il tentera d'y tentera d'y retourner, et ce par la production. L'artiste n'a alors pas d'autre but physiologique que de retourner à sa condition primaire, mais n'avons-nous pas dit que parler de but était vide de sens ?


L'artiste est le jouet de ces lois ou forces, mais est équilibré entre celles-ci et sa condition, et peut donc plus de choses que tout non-artiste, ainsi lui incombe la fonction d'ordonner un tant soit peu ce monde.

J'ai un peu de mal à comprendre la conception sur les forces transcendantes qui traverseraient le tout. La notion de transcendance me pose problème. D'autant plus que la musique est créée par les humains. J'entends par là qu'elle est la "matérialisation" d'une pléthore de choses que les humains éprouvent, ressentent, observent. Parler de matérialisation est bien mal échu en ce qui concerne la musique, j'en ai bien conscience. C'est que la coquine est toute particulière. Certes, les partitions me direz-vous. Ces dernières ne sont qu'un moyen pratique de pouvoir les reproduire. Cette beauté qui s'étouffe à sa naissance (de par sa nature physique) me passionne.
La notion d'absolu, apparemment différente de celle du tout, m'embrouille encore plus.

Plus que l'amour, la musique n'est-elle pas un moyen pour une personne de s'exprimer ? L'art, de manière générale ? La langue française a beau être finement fournie, l'art la dépasse tellement...

Je voulais dire que si je ne trouve pas d'amour dans toutes les musiques, je peux être certain d'en trouver en cherchant dans le répertoire du monde. Donc au lieu de dire que "l'entièreté de l'œuvre musicale de l'Homme contient de l'amour" j'aurais dû dire "l'entièreté de l'œuvre musicale de l'Homme contient à coup sur, et partiellement de l'amour".
Si on affirme que toute musique peut contenir de l'amour, même si ce n'est que pour une personne, je pense que c'est l'interprétation de l'individu qui va faire que la musique en contient ; mais "du point de vue de l'univers", tout est relatif, donc on s'en fiche de savoir si oui ou non la musique contient de façon entière, absolue et dogmatique de l'amour. C'est une question de point de vue. Enfin c'est mon point de vue. LOL


Pas de soucis !
Je suis d'accord avec Hippooooooooooow, léger biais logique de ta part (ou plutôt mauvaise formulation ?). Et vu que tu aimes les mathématiques, Spirit, tu ne seras pas désarçonné par un raisonnement logique à l'appui pour éclairer tout lecteur sur ce sujet :

a => b
a : une morceau de musique "contient" de l'amour.
b : la musique "contient" de l'amour.


a = 1 ET b = 0 : l'implication est fausse.
a = 1 ET b = 1 : l'implication est vraie.
a = 0 ET b = 0 : en logique et par convention, l'on décrit cette implication comme vraie. Mais la vérité est que nous ne pouvons rien en dire.
a = 0 ET b = 1 : idem que le cas précédent.

Si un morceau en contient, tu peux affirmer que la musique en contient. Nonobstant, si un seul morceau de musique ne contient pas d'amour, tu ne sais rien dire du tout (je veux dire du tout, pas de pas du tout. Aurais-je fait pis que mieux avec cette précision ?).

Un très grand nombre de variables entre en compte, je suis d'accord.

Mais le nombre d'unités musicales restent limité sur la courbe car la musique, par définition, est un équilibre entre (on peut considérer chaque tiret comme une dimension, un plan de la musique) :
- le silence absolu et le bruit le plus fort et le plus douloureux
- l'absence d'harmonie et la multitude harmonique
- la pureté du timbre (en somme, son absence !) et la complexité de la composition des harmoniques
- le grave et l'aigu, tout simplement (20Hz - 20 000 Hz)
- etc.
Admettons donc que la musique possède des limites, à partir desquelles elle n'est justement plus de la musique. Considérant la multitude des dimensions de la musique, la représentation graphique de la fonction n'est plus une courbe, mais une boule (ou un patatoïde) à n dimensions. Le dehors de la boule est un endroit où une suite de sons n'est plus fidèle à la définition de la musique. La boule est certes cyclopéenne (sans jeu de mot !!), sans mesure, incommensurable, mais pas moins finie.

Mais enfin, dans la mesure où nous discutons d'un sujet assez abstrait (car trop humain ?), nous pouvons tous les deux avoir raison en même temps ! Il nous faudrait l'avis d'un musicologue pour considérer la chose avec plus de recul, il me semble.
C'est comme des mathématiques en quelque sorte. Je m'explique : tu prends une fonction continue (définie en tout point d'abscisse réelle) quelconque, puis tu te demandes : quelle est la probabilité ou que représente le point de la courbe de coordonnées (x;f(x)) par rapport au reste de la fonction ? Rien, absolument rien. Comme si chaque musique possible représentait un point de la courbe de cette fonction. Nous avons peut-être créé l'intervalle [0,10^50], mais tant que nous aurons une création finie (l'inverse serait bien sûr impossible, nous composons un nombre fini de musiques) celle-ci sera un point par rapport à l'infinité de possibilités existantes.

J'ai perdu personne avec ma comparaison assez particulière ?
Je reprends ces deux messages parmi d'autres pour rebondir sur ces idées.
Peut-être la création de musique a-t-elle vraiment des limites physiques, je ne vais pas m'avancer là-dessus, je n'en sais rien. Admettons les deux cas :
La création de musique a des limites physiques :
Alors le nombre de morceaux de musiques est limité, aussi grand soit-il. Pour filer la métaphore mathématique, il y a néanmoins deux choses à préciser. La fonction actuelle prend déjà actuellement beaucoup de paramètres, et il ne faut pas oublier tout ceux qui peuvent s'ajouter dans le futur. Quels sont-ils ? me direz-vous. Je n'en sais rien. C'est de cela qu'il faut se méfier : c'est que nous ne savons pas ce que nous réserve l'avenir.
La création de musique n'a pas de limites physiques :
Le nombre de morceaux de musiques est théoriquement infini. Mais comme l'a dit Hippoooooooooow, beaucoup de nuances seraient perdues par la faiblesse de l’ouïe humaine.

Je poursuis la métaphore mathématique pour ajouter quelque chose : bien sûr, nous pouvons perdre l'équilibre en prenant compte de l'immensité future et de la petitesse du nombre de créations actuelles. C'est omettre quelque chose. Cette fonction dont Spirit parlais possède obligatoirement des maximums et des minimums. Les maximums étant des chefs d’œuvre, de la musique d'exception, peu importe vos goûts. Les minimums étant tout ce que la mémoire collective ne retient plus au fil des âges. Ce dernier point est affaibli par Internet et le partage qu'il peut offrir. J'ajouterais tout de même cette nuance que même avec cela, une quantité énorme de choses tombent dans l'oubli.
Toujours dans le domaine mathématique, dans une certaine mesure : aux échecs, il doit y avoir des millions (j'écris millions pour ne pas trop m'avancer mais l'idée est là) de jouer les 10 premiers coups. Mais toute façon de jouer ces 10 premiers coups n'est pas bonne ! Et là, nous en revenons à ce qui a été écrit plus haut : pour un néophyte, la réflexion du "tout a déjà été fait" est facile. Pour quelqu'un qui réfléchit un peu plus loin apparaît ce fait : malgré les limitations imposées par les règles du jeu, il y a sans cesse de nouvelles manières de jouer qui sont mises au point à travers le monde. Malgré le peu (au vu du nombre possible) d'ouvertures à jouer, il y a toujours du neuf qui apparaît. Surprenant, n'est-ce pas ?

Ce n'est pas différent pour la musique. Qu'elle ait des limitations physiques ou non n'est pas la question essentielle. La question essentielle est de savoir si les humains sauront garder une créativité.
 
Il n'est donc pas un génie pour toi ? Ce n'est pas parce qu'il était scatophile qu'il faut lui retirer son dû.

J'ai beaucoup apprécié vous lire. Cette lecture tombe d'autant mieux que j'aie commencé à me poser des questions sur le rapport que j'entretiens avec la musique, amateur à ma hauteur que je suis.
plz no dat jok

Tout d'abord, et en réponse au dernier message de Clen (et si ce n'est déjà fait...) je te conseille de jeter un coup d’œil à ceci, Spirit. Selon moi, toute réflexion philosophique devrait se baser sur les découvertes scientifiques les plus récentes. J'insère aussi un texte de l'auteur de cet essai, distribué à un concert de Jordi Saval.
Je n'ai absolument pas le temps de m'y pencher cette année, mais merci pour l'invitation. Pour les réflexions philosophiques je suis d'accord. Dans une plus vaste mesure, elles devraient se baser sur tout, sur le tout, le monde, l'ensemble de l'être des choses.

Je t'aime.

J'ai un peu de mal à comprendre la conception sur les forces transcendantes qui traverseraient le tout. La notion de transcendance me pose problème. D'autant plus que la musique est créée par les humains. J'entends par là qu'elle est la "matérialisation" d'une pléthore de choses que les humains éprouvent, ressentent, observent. Parler de matérialisation est bien mal échu en ce qui concerne la musique, j'en ai bien conscience. C'est que la coquine est toute particulière. Certes, les partitions me direz-vous. Ces dernières ne sont qu'un moyen pratique de pouvoir les reproduire. Cette beauté qui s'étouffe à sa naissance (de par sa nature physique) me passionne.
La notion d'absolu, apparemment différente de celle du tout, m'embrouille encore plus.
Pour être honnête, j'ai peu de souvenirs de mon post car je croule sous les cours. Mais je n'en reste pas moins d'accord. Si je puis moduler ma pensée (qui est toujours en mouvement car vivante et toujours soumise à des stimuli externes comme internes), on va plutôt parler de "forces immanentes", inhérentes à la vie même. Par celle-ci j'entendais (je crois) qualifier toutes les interactions et tous les mécanismes biochimiques, nerveux, qui nous gouvernent à chaque instant.

Plus que l'amour, la musique n'est-elle pas un moyen pour une personne de s'exprimer ? L'art, de manière générale ? La langue française a beau être finement fournie, l'art la dépasse tellement...
Pour moi c'est bien plus qu'une simple expression, c'est se laisser envahir et dominer par toutes ses interactions nerveuses ou forces (tout vient de tes neurones et synapses), et essayer de les décrire autrement que par la pensée pure. C'est comme mettre des couleurs, formes, paysages sur ce que nous pensons. Certains tableaux ont en effet écrit sous l'effet de la musique, et réciproquement ... Un art en appelle un autre, nous fonctionnons par association libre de telle sorte que l'on peut associer à une musique une couleur, comme l'inverse, y voir des formes danser pour certains (@Yuyu' me redonnera le terme exact).

Je suis d'accord avec Hippooooooooooow, léger biais logique de ta part (ou plutôt mauvaise formulation ?). Et vu que tu aimes les mathématiques, Spirit, tu ne seras pas désarçonné par un raisonnement logique à l'appui pour éclairer tout lecteur sur ce sujet :

a => b
a : un morceau de musique "contient" de l'amour.
b : la musique "contient" de l'amour.


a = 1 ET b = 0 : l'implication est fausse.
a = 1 ET b = 1 : l'implication est vraie.
a = 0 ET b = 0 : en logique et par convention, l'on décrit cette implication comme vraie. Mais la vérité est que nous ne pouvons rien en dire.
a = 0 ET b = 1 : idem que le cas précédent.
Je t'aime encore plus. Et je ne peux qu'approuver. Mais pour le dernier cas, on est d'accord que (non a) => b restant faux n'interdit pas que b est faux ? (je vérifie juste cette subtilité mais pour moi oui).

Je reprends ces deux messages parmi d'autres pour rebondir sur ces idées.
Peut-être la création de musique a-t-elle vraiment des limites physiques, je ne vais pas m'avancer là-dessus, je n'en sais rien. Admettons les deux cas :
La création de musique a des limites physiques :
Alors le nombre de morceaux de musiques est limité, aussi grand soit-il. Pour filer la métaphore mathématique, il y a néanmoins deux choses à préciser. La fonction actuelle prend déjà actuellement beaucoup de paramètres, et il ne faut pas oublier tout ceux qui peuvent s'ajouter dans le futur. Quels sont-ils ? me direz-vous. Je n'en sais rien. C'est de cela qu'il faut se méfier : c'est que nous ne savons pas ce que nous réserve l'avenir.
La création de musique n'a pas de limites physiques :
Le nombre de morceaux de musiques est théoriquement infini. Mais comme l'a dit Hippoooooooooow, beaucoup de nuances seraient perdues par la faiblesse de l’ouïe humaine.
Je ne peux qu'approuver. Pour la fin de ce deuxième point, je complète par ta méfiance à la fin du premier. En d'autres termes un peu plus explicites, la limite de l'oreille humaine est largement compensée par le reste des possibilités quand on les considères toutes.

Je poursuis la métaphore mathématique pour ajouter quelque chose : bien sûr, nous pouvons perdre l'équilibre en prenant compte de l'immensité future et de la petitesse du nombre de créations actuelles. C'est omettre quelque chose. Cette fonction dont Spirit parlais possède obligatoirement des maximums et des minimums. Les maximums étant des chefs d’œuvre, de la musique d'exception, peu importe vos goûts. Les minimums étant tout ce que la mémoire collective ne retient plus au fil des âges. Ce dernier point est affaibli par Internet et le partage qu'il peut offrir. J'ajouterais tout de même cette nuance que même avec cela, une quantité énorme de choses tombent dans l'oubli.
Non, non et non. On ne peut associer un maximum à un chef d'oeuvre, c'est bien trop unifier la musique quant à toutes les différentes perceptions sensibles qui existent. Toute musique peut être considérée comme un chef d'oeuvre en soi, avec des fluctuations grâce à la majorité, mais on trouvera toujours des exceptions pour qui la courbe prendra une toute autre forme. Faire une moyenne perdrait tout son sens, comme parler d'un maximum ou d'un minimum à l'égard du tout. On peut certes dire qu'il y a une majorité qui apprécie cette musique, mais en "généralisant" et créant un maximum à ce point on perd de l'information sur ceux qui n'apprécient pas cette musique. J'espère que je suis clair et que je ne m'embrouille pas trop (ni vous), je veux juste dire que ces notions sont bien trop ponctuelles pour être applicables, que parler d'un maximum reste assez flou.

Toujours dans le domaine mathématique, dans une certaine mesure : aux échecs, il doit y avoir des millions (j'écris millions pour ne pas trop m'avancer mais l'idée est là) de jouer les 10 premiers coups. Mais toute façon de jouer ces 10 premiers coups n'est pas bonne ! Et là, nous en revenons à ce qui a été écrit plus haut : pour un néophyte, la réflexion du "tout a déjà été fait" est facile. Pour quelqu'un qui réfléchit un peu plus loin apparaît ce fait : malgré les limitations imposées par les règles du jeu, il y a sans cesse de nouvelles manières de jouer qui sont mises au point à travers le monde. Malgré le peu (au vu du nombre possible) d'ouvertures à jouer, il y a toujours du neuf qui apparaît. Surprenant, n'est-ce pas ?

Ce n'est pas différent pour la musique. Qu'elle ait des limitations physiques ou non n'est pas la question essentielle. La question essentielle est de savoir si les humains sauront garder une créativité.
J'approuve entièrement. Mais cette créativité est une nécessité pour "transcrire" (petit clin d’œil à la musique) tout ce qui nous passe par la tête en art, grossièrement dit.
 
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