La liberté d'expression devrait-elle être totale ou partielle ?

Hippotropikas

Lièvre arctique
31 Août 2013
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Dans de nombreux pays "démocratiques", la liberté d'expression est considérée comme un droit fondamental. Ne devant être absolue pour la raison qu'elle serait nuisible à certains autres droits plus ou moins fondamentaux, à l'ordre public ou à la bienséance, leur gouvernement a décidé qu'elle devait comporter des limitations, des cadres. On ne pourrait pas tous les citer ici tellement ils sont nombreux, mais on peut déjà en citer quelques-uns.

Aux Etats-Unis, la liberté d'expression est quasiment totale : il est possible de dire n'importe quoi qui ne soit pas de l'obscénité, de la diffamation mensongère, de l'incitation à l'émeute, du harcèlement, ou encore de la divulgation de secrets professionnels, commerciaux ou d'État. En France, les lois brassent plus larges et interdisent certaines idées : le négationnisme (loi Gayssot de 1990 et autres lois dites mémorielles), les discours de haines concernant l'origine ethnique, la religion, l'orientation sexuelle. De nombreux autres pays ont adopté ce type de lois restrictives.
Parmi ces limitations, certaines sont plus critiquées que d'autres parce qu'elles vont trop loin. Par exemple, les lois mémorielles sont critiquées par une partie des historiens et certains intellectuels qui considèrent qu'interdire une mémoire au profit d'une autre, nuit aux débats sur la réalité de certains évènements historiques. Ainsi, il serait plus difficile de combattre le négationnisme si les partisans de cette idée n'ont plus le droit d'apporter des arguments. Cela gèlerait les débats et donc les recherches historiques autour de la Shoah.
Certaines personnes pensent que les lois contre le racisme sont un non-sens, parce que le mot race admet plusieurs définitions parmi lesquels on en trouve qui ne parlent pas de hiérarchiser les races, notamment en biologie. Après tout, le mot espèce s'est souvent révélé aussi arbitraire que le mot race (exemple de la découverte de descendants féconds d'un individu tigre et d'un individu lion), et il n'est pas mal vu de l'employer. Certaines définitions du mot race seraient donc scientifiquement plausibles au sein de l'espèce humaine. Or prononcer ce mot connote souvent une hiérarchisation des différentes ethnies et empêche le débat sur l'existence ou l'inexistence de races humaines. Cette connotation hiérarchique est majoritaire et l'a sans doute longtemps été, mais l'interdiction du racisme a peut-être, par biais d'association, participé à faire croire que l'idée de l'existence de races humaines est fondamentalement immorale.

Il est évident que ce topic n'a pas pour but de débattre autour de la question des races ou de la Shoah. L'intérêt est de discuter sur la légitimité des restrictions sur la liberté d'expression en général. Est-ce que le débat sur tel ou tel sujet devrait être autorisé ? Ou vaut-il mieux interdire certaines idées dangereuses ? Sont-elles dangereuses au point que les interdire est plus efficace que de les combattre par l'échange ?
 

TexMexx

Architecte en herbe
24 Mars 2017
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Je ne pense pas qu'une idée soit dangereuse. Si danger il y a c'est que ce n'est déjà plus qu'une idée de ce que l'on pourrait établir.
" Interdire une idée " est une chose irréalisable à ce jour, et généralement proscrire son expression ne fait que la renforcer...
 

Hippotropikas

Lièvre arctique
31 Août 2013
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De même je pense qu'une idée n'est pas dangereuse, seules les actions qui en découlent peuvent l'être. "Idées dangereuses" est donc un raccourci que tu as bien fait de critiquer, tout comme "interdire une idée" pour "interdire son expression".
Mais même annihiler l'expression d'une idée est pratiquement impossible au sein d'une population aussi grande. Les discours racistes sont courants en France, seule une petite partie sont punis de jure.

Ce serait intéressant d'enquêter sur la raison de la soit disant meilleure propagation des idées lorsque leur expression est interdite par la loi. J'ai formulé une raison possible dans mon message précédant, qui est que les personnes ayant des idées dont l'expression est interdite osent moins les divulguer, et sont alors moins confrontés à des débats remettant en cause leurs idées. Peut-être aussi que les gens qui osent s'exprimer, ayant conscience qu'ils sont mal vus et par la loi et par une grande partie de la population, affirment plus leurs opinions ? Ils savent qu'ils sont très controversés donc ils s'habillent en contestataires lucides.