Raillé par la presse, moqué pour son humour absurde, qualifié de “purge intersidérale” sur certains forums, le film Minecraft aurait pu finir dans les oubliettes des adaptations vidéoludiques ratées. Et pourtant. C’est bien l’un des plus gros succès du box-office mondial en ce début d’année 2025.

Un démarrage qui fait trembler Hollywood

Sorti aux États-Unis ce vendredi, Minecraft, le film dépasse déjà les 130 millions de dollars de recettes selon Deadline, certains analystes évoquant même un score final proche des 150 millions. Rien que sur la journée de vendredi, le film a généré 50 millions de dollars, dont près de 11 millions issus des avant-premières de la veille — un record absolu pour une adaptation de jeu vidéo. À titre de comparaison, Captain America: Brave New World avait récolté 88,8 millions sur trois jours, ce qui fait de Minecraft le plus gros lancement de l’année sur cette période.

scène du film Minecraft avec Steve (Jack Black) face à un loup agressif – adaptation 2025 Minecraft au cinéma
Tenter d’apprivoiser un loup hostile ? Pas si différent que d’essayer de convaincre la critique que le film Minecraft mérite sa place sur grand écran.

Le film est projeté dans plus de 4 200 cinémas à travers le pays, avec des salles parfois prises d’assaut par un public jeune et enthousiaste, criant des répliques cultes, ressortent avec des figurines Happy Meal Minecraft offertes chez McDonald’s, partenaire officiel du film et dansant dans les allées dès que Jack Black pousse la chansonnette. Un engouement renforcé par une campagne marketing particulièrement ciblée sur les réseaux sociaux, où A Minecraft Movie surperforme largement ses concurrents, atteignant une audience combinée de plus de 770 millions d’utilisateurs. La stratégie digitale de Warner Bros — déjà éprouvée sur The Meg ou Crazy Rich Asians — a une nouvelle fois porté ses fruits.

En France aussi, le succès est au rendez-vous

L’Hexagone n’échappe pas à la vague cubique. Le film, sorti mercredi, signe tout simplement le meilleur démarrage de l’année avec 157 000 entrées dès son premier jour, comme le rapporte Box Office Pro. Il surpasse Jumanji: Next Level, pourtant lui aussi emmené par Jack Black, et devance même Captain America sur le sol français.

tableau box-office cinéma avec Minecraft Le Film en tête du classement en France – avril 2025
Un démarrage fulgurant au box-office pour le film Minecraft, qui devance largement toutes les autres nouveautés de la semaine.

Avec 3 241 séances réparties dans tout le pays, Minecraft représente à lui seul 77 % des entrées du jour. Un score impressionnant dans un contexte de fréquentation historiquement bas — le plus faible depuis 1997. Pour les exploitants, ce succès inattendu a valeur de bouffée d’oxygène.

La critique toujours aussi sceptique

Malgré ce raz-de-marée commercial, les critiques, elles, restent de marbre. En France, le film peine à obtenir plus de 1,8 étoile sur Allociné côté presse. Aux États-Unis, les grands médias ont salué du bout des lèvres une tentative “sympathique mais bancale”, pointant du doigt un humour trop enfantin et un scénario “taillé à la hache”. Une réception qui tranche avec l’enthousiasme du public… et avec notre propre analyse

Car dès les premières projections, nous défendions un film imparfait mais sincère, destiné non aux cinéphiles exigeants mais à celles et ceux qui ont grandi dans le monde cubique de Mojang. Une position que nous développions dans notre article Minecraft, le film : une adaptation fidèle que la presse n’a pas comprise ?. Et les chiffres semblent aujourd’hui lui donner raison.

Un phénomène qui dépasse la logique du box-office

Minecraft réussit là où tant d’autres adaptations ont échoué : créer un lien immédiat avec une communauté mondiale, en assumant pleinement sa nature d’œuvre de fans. Le film ne cherche pas à plaire à tout le monde. Il parle aux initiés, avec leurs codes, leur langage et leur imaginaire. Et manifestement, cela suffit à remplir les salles.

Un carton que peu avaient vu venir, surtout après le bide de Borderlands en 2024. Mais Minecraft n’est pas un simple produit dérivé : c’est un phénomène culturel, qui transcende les formats et les générations. Et le cinéma vient d’en faire l’expérience… à grande échelle.

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