Les profs devraient-ils donner leur opinion politique ?

9 Août 2014
1 411
494
267
Ce que tu écris me semble incohérent. Pourquoi pensez que "cela fait un peu de trop" si tu reconnais que ce n'est pas un mal en soi (tant que l'on en a conscience et que ça se fasse dans une optique discussion et pas débat selon les critères que j'expose plus haut) ? La politique n'est-elle un sujet important pour tout individu ?
 

Spirit

Méfie-toi.
2 Mars 2014
10 309
3 049
348
25
Pour ne pas influencer d'une quelconque manière.
@CPUser_ a très bien répondu, et je rajoute :
[...] et cela peut donner des pistes de réflexion aux élèves, en montrant sa manière de penser (pour le professeur), tout en restant neutre et faisant bien signifier qu'il n'est pas là pour influencer ou imposer sa vision des choses. Apparaître comme ouvert d'esprit (encore une fois pour le professeur) en montrant qu'on conçoit tout à fait que d'autres points de vue puissent exister me paraît important, car forcément les élèves ensuite s'inspireront de cela et seront eux-mêmes plus ouverts d'esprits. Je ne dis pas tous les élèves, mais une partie.

Oui oui c'est vrai. Mais lorsqu'une des partie n'a plus d'argument on peut considérer l'autre partie gagnante non?
Dans un débat, à nouveau, tu n'as pas que deux parties, ce n'est pas aussi manichéen. Exemple d'un débat sur l'habit des politiques : un va dire décontracté, l'autre va dire nope il représente l'état et la politique donc habit soigné, et enfin quelqu'un apportera une vision intermédiaire, etc.

Peut-être dans un débat. Je préfère parler de discussion. C'est discutable, évidemment, mais je trouve que la distinction entre débat et discussion se fait sur l'optique derrière l'exposition d'argument. En discussion, tu n'exposes pas des argument pour convaincre, tu le fais pour comprendre pourquoi tu fais ça, pourquoi tu dis ça et tu gardes à l'esprit que tu peux à tout moment changer d'avis si des arguments plus fort viennent se heurter à ta vision. En débat, tu essayes de convaincre ton interlocuteur avec des arguments choisis de telle manière à appuyer tes propos. De là découlent le déni, les attaques ad hominem, etc. Le but d'un débat n'est pas de savoir la vérité mais d'imposer ses idées. Selon moi.
La disjonction débat-discussion ne m'avait jamais frôlé (comme idée), j'ai toujours inconsciemment confondu les deux choses. Mais dans "débattre" il y a "battre", et le préfixe "dé" pour exprimer l'intensité. Peut-être est-ce la différence entre discussion et débat, un débat se veut plus intense et "technique" qu'une discussion. A voir ...
 

keyzerd

Bucheron
21 Février 2017
45
7
13
23
@CPUser_ : Moi je trouve que c'est un mal car
tant que l'on en a conscience
ne concerne pas tout le monde. Je te citais juste, du-coup c'est incohérent oui :/.
Et si, je suis le premier à penser que la politique est un sujet important pour tous, MAIS, pas à tout âge. Donc que les professeurs donnent leurs opinions à des mineurs je suis contre.

@Spirit :
Mais dans "débattre" il y a "battre", et le préfixe "dé" pour exprimer l'intensité. Peut-être est-ce la différence entre discussion et débat, un débat se veut plus intense et "technique" qu'une discussion. A voir ...
Le préfixe "dé" est utilisé pour donner un sens contraire à des noms/verbes. Donc pour "débattre", ça veut plutôt dire, je pense, que c'est le contraire de se battre au sens propre -donc au sens figuré-.
 

Spirit

Méfie-toi.
2 Mars 2014
10 309
3 049
348
25
@CPUser_ : Moi je trouve que c'est un mal car

ne concerne pas tout le monde. Je te citais juste, du-coup c'est incohérent oui :/.
Et si, je suis le premier à penser que la politique est un sujet important pour tous, MAIS, pas à tout âge. Donc que les professeurs donnent leurs opinions à des mineurs je suis contre.
C'est assez réac' comme pensée, faut au contraire initier les jeunes à la politique dans le sens leur apprendre plein de choses dessus, pour forger une personnalité mature, ouverte d'esprit et scient des différentes influences possibles. Si tu veux pas que les gens soient éduqués dans cette voie (oui je simplifie), bah c'est un peu con et contre-productif.

Montrer aux élèves les opinions qui existent leurs permettront (pas à tous) de s'identifier, d'aller piocher un peu partout ET d'ajouter ensuite leurs propres concepts et définitions pour se forger. Mais après, tous les concepts que nous élaborons ne sont-ils pas des conséquences de notre éducation et vie passée ? Et par conséquent, ne serions-nous pas tous les reflets de notre milieu, vécu, environnement ? Spinoza disait : "la plupart des hommes se croient libres pour la raison qu'ils ignorent les causes qui les détermines". Ces concepts élaborés, que l'on prend pour des causes, seraient ainsi des effets, et seraient l'artifice d'une liberté car on les prend pour des causes. Sur cette pensée brouillonne et digressive, j'invite à créer un autre topic pour discuter de cela, si estimé nécessaire.

@Spirit :

Le préfixe "dé" est utilisé pour donner un sens contraire à des noms/verbes. Donc pour "débattre", ça veut plutôt dire, je pense, que c'est le contraire de se battre au sens propre -donc au sens figuré-.
https://fr.wiktionary.org/wiki/débattre
Et le sens propre de battre n'est pas forcément restreint aux œufs ou aux ennemis, battre renvoie à tout conflit quel qu'il soit, aussi bien physique, politique, épidémiologique (et lutte contre les pathologies) qu'intellectuel.
 

keyzerd

Bucheron
21 Février 2017
45
7
13
23
faut au contraire initier les jeunes à la politique dans le sens leur apprendre plein de choses dessus
Pour ça je suis d'accord : il y a un an je ne savais même pas ce qu’était la gauche et la droite...
Mais il y a une différence entre "apprendre plein de choses" sur la politique et écouter les opinions politiques des professeurs.
Cette année par exemple notre professeur des SES nous a carrément dit "qu'avec Trump, les américains étaient dans la m*rde", pour ensuite répondre à "Pourquoi ?" en disant qu'elle ne souhaitait pas entrer en débat.
Et puis, "apprendre plein de choses" sur la politique, c'est demander aux professeurs d'enseigner cette science de manière neutre. Je ne pense pas qu'un professeur puisse enseigner une science aussi débattue que celle de la politique sans suggérer son opinion lors de ses cours, et ainsi influencer les élèves. Bien sûr si on admet que l'influence
n'est pas un mal en soi
ça ne pose pas de problème. Mais il y a des influences négatives et des influences positives.
Encore un exemple : les SES sont à mon niveau (1ereES) la matière qui se rapproche le plus de la politique, donc où tout est contestable, où tout peut porter à débattre. L'année dernière, un élève de mon lycée a été exclu définitivement pour s'être battu avec un professeur -devinez de quoi- de SES, -devinez pourquoi- car il trouvait que le professeur enseignait les SES en transmettant ses idées communistes (il y a eu d'abord discussion mais ça a dégénéré).

Et le sens propre de battre n'est pas forcément restreint aux œufs ou aux ennemis, battre renvoie à tout conflit quel qu'il soit, aussi bien physique, politique, épidémiologique (et lutte contre les pathologies) qu'intellectuel.
Ah oui, tu as raison alors.
 

Spirit

Méfie-toi.
2 Mars 2014
10 309
3 049
348
25
Pour ça je suis d'accord : il y a un an je ne savais même pas ce qu’était la gauche et la droite...
Mais il y a une différence entre "apprendre plein de choses" sur la politique et écouter les opinions politiques des professeurs.
Cette année par exemple notre professeur des SES nous a carrément dit "qu'avec Trump, les américains étaient dans la m*rde", pour ensuite répondre à "Pourquoi ?" en disant qu'elle ne souhaitait pas entrer en débat.
Et puis, "apprendre plein de choses" sur la politique, c'est demander aux professeurs d'enseigner cette science de manière neutre. Je ne pense pas qu'un professeur puisse enseigner une science aussi débattue que celle de la politique sans suggérer son opinion lors de ses cours, et ainsi influencer les élèves.
D'une part, je pense que tu ne réfléchis que du côté de d'élève. Je te le redis à nouveau, le professeur peut enseigner notamment de deux manière : descriptive (bien sûr l'objectivité totale n'est pas atteinte), ou de façon à imposer son idée. Pour ton exemple, je pense que la prof a "gaffé" et n'a pas voulu sortir de son cours ensuite, mais ça reste tolérable surtout pour une si petite phrase sans argumentation derrière. J'veux dire, c'aurait été mieux si évité, là, mais après c'est pas dramatique. Et j'confirme : avec Trump les USA sont pas au meilleur de leur forme ^^.

D'autre part, pour la neutralité du prof, même s'il présente ses idées de la manière la plus objective possible, il influencera en effet forcément inconsciemment les élèves. Mais c'est le cas aussi partout, à toutes les échelles, comme le disait @CPUser_. La vie est le résultat d'interaction et d'influence sociales, à cause de notre sédentarisation, modernisation et surtout médiatisation. Tant que le prof montre les différentes idées, certes avec son point de vue, en restant globalement neutre, je ne vois pas en quoi c'est problématique. Les élèves sauront faire la part des choses, et le cas échéant (car si ils sont tous pareils c'est pas drôle), ce ne sera pas grave d'autant plus que leur jugement ou perception/appréciation des choses est en perpétuelle évolution. À chacune de ces influences se superposeront d'autres influences, différentes selon chacun, ainsi que des idées "personnelles" (bien sûr résultant de l'éducation, du milieu de vie, etc) jusqu'à forger l'individu. Le tout est de savoir dans quelle mesure ces influences sont acceptables, personnellement je suppose que tant qu'on est au-delà de croire aveuglément ce qu'on nous dit, en sachant remettre en cause un minimum les choses, ça passe. Mais bien sûr existent des personnes qui acceptent avec une crédulité béate tout ce qu'on leur dit, on ne peut rien faire contre.

Mais il y a des influences négatives et des influences positives.
T'as aussi des trucs ni positifs ni négatifs :>, genre t'apprendre à réfléchir d'abord sur les chiffres ou sur les lettres (par exemple quand tu lis un truc, si t'es plus porté sur le qualitatif ou le quantitatif) n'a pas forcément un grand impact, tant qu'on est polyvalent et pas focalisé sur un mode unilatéral de réflexion.

Encore un exemple : les SES sont à mon niveau (1ereES) la matière qui se rapproche le plus de la politique, donc où tout est contestable, où tout peut porter à débattre. L'année dernière, un élève de mon lycée a été exclu définitivement pour s'être battu avec un professeur -devinez de quoi- de SES, -devinez pourquoi- car il trouvait que le professeur enseignait les SES en transmettant ses idées communistes (il y a eu d'abord discussion mais ça a dégénéré).
La décision d'exclure un élève pour battre un professeur est totalement légitime. Il n'y a rien à redire dessus. Si l'élève estime que le professeur outrepasse son code déontologique, il peut le signaler. Tant qu'il le fait avec respect, en restant ouvert d'idée (vu qu'il l'a remarqué - en supposant que c'était le cas - c'est qu'il n'est pas crédule, après se battre c'est pas forcément intelligent) et en discutant avec ses camarades (oui langage communiste, "komrad"), je ne vois pas en quoi il peut y avoir un problème. J'ai l'impression que tu opposes l'exclusion de l'élève à un "laxisme envers le professeur concerné". Je te réponds que s'il n'y a pas eu de signalement, notamment au professeur ou lors d'un conseil de classe, c'est compréhensible.

Ah oui, tu as raison alors.
Merciii ^^.
 

Hippotropikas

Lièvre arctique
31 Août 2013
619
145
155
23
Le truc est que la neutralité totale est impossible et la manière dont le prof enseignera son cours sera forcément influencé par ses propres opinions dans les matières pouvant être concernées, et si les élèves savent l'opinion du prof ils pourront avoir les clés nécessaires pour avoir plus de recul et de lucidité sur ces possibles influences dans le discours du prof et ainsi être moins influencés à leur insu.
Ils pourraient prendre du recul, mais est-ce qu'ils le feraient ? Déjà, est-ce qu'ils le font (au lycée, s'entend) ? Les jeunes sont facilement influençables, ou du moins légèrement plus que les adultes : la jeunesse est une faste période où l'esprit est confronté à une foultitude de pensées et d'idées, et où la découverte du monde est à son faîte. Dans cette période, l'esprit critique, s'il sera présent chez le futur citoyen, est tout juste en train de se forger. Nota bene : je ne dis pas que l'esprit critique est le moins présent chez les moins de 18 ans, ce serait possiblement faux.

Comme l'a dit CPUser_, l'influence n'est pas forcément une mauvaise chose. D'un côté, heureusement qu'on est tous influencés dès notre naissance, sinon on ne serait que des zombies ; de l'autre, malheureusement qu'on l'est, dans le sens où certaines idées sont nuisibles à l'intérêt du grand nombre. Mais je ne pense pas qu'il suffise d'en avoir conscience... Il faut se renseigner sur les idées qu'on a reçues et savoir les questionner, puis les juger comme bon nous semble, littéralement.

Une idée me passe désormais par la tête. Si on ne nous inculquait que des idées positives (ou les idées "les moins négatives", ou encore, "bénéfiques au plus grand nombre"), on ne saurait pas s'opposer à des idées vicieuses, n'ayant pas eu l'expérience d'être pénétré par des idées autres que toutes celles qu'on avait reçues et acceptées jusque là. L'expérience est aussi un moteur de réflexion personnel. J'ai donc de quoi relativiser puisque je suis pour qu'on fasse des erreurs, si tant est qu'elles soient instructives.
Cependant, il y a tout un champ d'idées qui ne sont ni totalement bonnes ni totalement mauvaises, et auquel il faut songer.
 
  • J'aime
Reactions: Spirit

Spirit

Méfie-toi.
2 Mars 2014
10 309
3 049
348
25
J'pense qu'à un moment le recul sera incontournable, que tout le monde remet en cause ses concepts (tous, en partie, voire très peu pour les plus fermés d'esprit) à un moment. Après tout dépend de quand, et là ... laissons-nous entraîner dans le fleuve de la vie j'ai envie de dire ^^. Pour ton premier paragraphe, c'est tout, j'approuve le reste.

Pour le deuxième : yep, dans l'idée j'suis d'accord qu'il faut se bouger et le cas échéant apprendre à se bouger.

Pour le troisième : yep pour l'idée, c'est comme la vaccination un peu : t'es exposé donc t'en sors résistant (même principe pour les médicaments homéopathiques). Le "donc" n'est pas forcément valable tout le temps pour ces "influences", mais j'pense que c'est une bonne base pour l'avenir.
 

keyzerd

Bucheron
21 Février 2017
45
7
13
23
Je ne suis pas pour l'élève hein!! (dans mon second exemple) Il n'aurait jamais dût se battre, et c'est NORMAL qu'il se fasse exclure. J'ai juste raconté ça pour mettre en évidence que les professeurs ne peuvent pas tous être neutre (mais ça on le sait déjà).

Tant que le prof montre les différentes idées, certes avec son point de vue, en restant globalement neutre, je ne vois pas en quoi c'est problématique
Oui tant que ceci alors cela.
 

Spirit

Méfie-toi.
2 Mars 2014
10 309
3 049
348
25
Je ne suis pas pour l'élève hein!! (dans mon second exemple) Il n'aurait jamais dût se battre, et c'est NORMAL qu'il se fasse exclure. J'ai juste raconté ça pour mettre en évidence que les professeurs ne peuvent pas tous être neutre (mais ça on le sait déjà).
Je voulais plutôt dire que je pensais que tu critiquais le laxiste (etc, cf message précédent), mais ok sinon pour ton but.

Oui tant que ceci alors cela.
Développe ? Tu veux dire que je suis trop hypothétique et absolutiste dans ma vision ? (le deuxième point serait vraiment tiré par les cheveux)