Chers amis, cela fait maintenant quelques semaines que nous vous proposons de façon hebdomadaire de découvrir une mécanique de jeu qui viendra rythmer votre future aventure. Nous souhaitons comme cela vous faire connaître, petit à petit, le monde dans lequel vous pourrez évoluer.
Cependant, réduire les Terres d'Azilys à ces seules mécaniques de gameplay serait bien réducteur ! C'est pourquoi nous souhaitons vous proposer, à partir de ce soir et une fois toutes les deux semaines en alternance avec une nouvelle mécanique de jeu, un récit qui vous plongera dans l'histoire Aziléenne. Divisée en chapitres, et écrit par Léo Weber (Mithra), l'un de nos rôlistes, cette histoire vous permettra, on l'espère, de prendre la mesure de la richesse de notre univers et de l'épopée qui vous attends.
Bonne lecture !
Chroniques d'Azilys - Un Voyage Extraordinaire
Acte I - Le Feu de la Terre
Chapitre I - Le souffle du Bamelion
Le 3 Achale 297, par un Bamelion particulièrement chaud, une modeste goélette marchande filait sur les flots. Ses voiles étaient gonflées par le vent venu du nord-est, et si d’ordinaire celui-ci ne suffisait pas à mouvoir les vaisseaux les plus majestueux, l’embarcation thûmienne était suffisamment légère pour avancer à plusieurs nœuds. Un observateur attentif aurait remarqué que le navire ne suivait pas les routes maritimes habituellement empruntées par les marchands de Thûme. Au contraire, il semblait vouloir s’en éloigner le plus vite possible en longeant la côte vers le sud pour entrer dans la Baie des Épaves. Chez les marins thûmiens cette large ouverture béante dans la côte était pareille à une mâchoire, s’avançant largement dans les terres comme si la mer les eut dévorées. On murmurait dans les bars, entre les vapeurs d’alcool et les volutes de fumées, qu’aucun navire ne pouvait en ressortir intact. Une frégate thûmienne, l’Azileon, un immense vaisseau de guerre, y était entrée en 293. On retrouva deux ans plus tard la planche gravée de son nom sur les plages du sud, et jamais aucun corps ne fut rejeté par la mer. Depuis cet événement, le Capitole de Thûme avait interdit à tous ses navires de s’y rendre, et avait tracé de nouvelles routes maritimes afin de ne plus passer à côté. La goélette fugitive espérait semer ici ses poursuivants. On pouvait en effet distinguer depuis la poupe de l’embarcation deux points grossissants à l’horizon. La goélette marchande était un beau navire, mais elle n’était pas conçue pour la vitesse seule, contrairement à ses poursuivants. Les passagers le savaient, et une certaine anxiété était palpable sur le pont, inhabituellement silencieux. En effet, selon les lois thûmiennes, déserter une opération marchande et pire, fuir avec une cargaison, étaient des crimes de la plus haute gravité. L’homme qui tenait la barre, tenu informé par son second de l’avancée des poursuivants, plissa son front usé par le vent salé de la mer. Heilas Tholooi était un vétéran de la flotte marchande de Thûme. Il comptait une centaine de traversées entre Thûme et les colonies à son actif, et connaissait les rivages orientaux d’Azilys mieux que sa propre ville. Il savait cependant que son ancienneté et les services rendus au Capitole ne seraient pas tenus en compte s’ils étaient rattrapés, ce qui expliquait sa vive inquiétude à l’idée d’être capturé par la milice marchande thûmienne. Il vira de bord et se rapprocha encore davantage de la côte, esquivant avec habilité les récifs affleurants. Il espérait ainsi retarder ses poursuivants, qui ne prendraient pas le risque de le suivre dans ces eaux dangereuses, qu’ils ne connaissaient pas aussi bien qu’Heilas. La goélette prenait de la vitesse à mesure que le vent tournait, et elle longeait cette partie désolée de la côte, déchiquetée de rochers, qui annonçait l’ouverture proche de la baie. La vigie cria enfin cet appel attendu, qui dans d’autres circonstances aurait été funeste : “Baie des Épaves, droit devant !”. Heilas Tholooi maintint son cap, et le capitaine de la goélette, alerté par ce signal, sorti de sa cabine.