Chers amis, en ce jeudi 9 mars, je vous propose de vous plonger à nouveau dans l'aventure de Valutsen Palensin et de ses compagnons, et de découvrir, pour ce cinquième chapitre, un nouveau personnage qui, je l'espère du moins, prendra une place de plus en plus importante au fil du récit. J'espère en tout cas que ce nouveau chapitre vous plaira autant qu'il a plu au reste de notre équipe. Bonne lecture, et n'hésitez pas à donner votre avis sur cette suite !
J'en profite pour annoncer que
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Chroniques d'Azilys - Un Voyage Extraordinaire
Acte I - Le Feu de la Terre
Chapitre V - Les Kanatatzla
Le village Kanatazla avait la même allure sinistre que Valutsen et ses compagnons. Malgré tout, les voyageurs étaient heureux de toucher enfin au but - qui n’était que le début de leur périple en Azilys - et de pouvoir enfin retrouver ceux qui les attendaient déjà. Effectivement, comme ils l’espéraient, le second groupe était déjà arrivé à Sakiluja, et avait établi un camp de fortune dans la ruine la plus épargnée, celle du temple de Pazca, le Dieu du Foyer, le plus important des nombreuses divinités du panthéon de ce peuple disparu. Ce temple était construit dans le plus pur et rigoureux style Kanatatzla. Une base géométriquement exacte, composée d’un carré, accompagnée de petits trapèzes sur trois de ses côtés soutenait - lorsqu’elle était intacte - une pyramide au sommet coupé. Laei Palensin, la compagne de Valutsen, en avait fait un croquis dans son carnet de voyage, afin de compléter ses connaissances sur Azilys. Elle était en effet, avant de fuir Thûme, une historienne et géographe renommée, en plus d’avoir un talent littéraire certain et de maîtriser au moins aussi bien que Valutsen les arts des lames. C’était une aventurière accomplie, une poète confirmée, et une escrimeuse de talent, une femme thûmienne comme il y en a peu.
Tandis qu’elle attendait que les marins arrivent, elle en avait profité pour étudier autant qu’elle le pouvait les ruines, et à vrai dire, elle n’avait presque pas eu le temps de s’impatienter, bien loin de se douter des malheurs que Valutsen et ses hommes avaient à endurer. Certes, la tempête l’avait forcée à limiter le nombre de ses sorties, mais Sakiluja avait cette caractéristique d’être peu exposée aux vents de l’Est, grâce à la colline couvrant son flanc et avait donc été préservée de la violence subie par l’autre groupe. Passé les réjouissances des retrouvailles et le soir tombant, les groupes réunis se retrouvèrent autour du feu, et Laei se lança dans un véritable cours sur l’histoire des Kanatatzla, cours qui n’aurait pu tomber plus à propos.
“Les Kanatatzla”, dit-elle, “sont un peuple natif d’Azilys. On fait remonter leur disparition à l’année 290, il y a à peine sept ans ! Les causes de leur extinction sont multiples, mais la principale est la maladie, qui aurait décimé environ 90% des effectifs en quelques années seulement. Malgré tout, c’est un peuple ancien, qui peuplait l’ensemble des jungles du sud du continent, nous sommes sans doute dans l’un de leurs villages les plus au nord et les plus proches de la cité d’Esendril. Les Kanatatzla disposaient de leur propre langue, de leur propre religion, ou encore de leur propre système numéraire. Pas plus politiquement que culturellement, on ne saurait les considérer comme des sauvages. Leur organisation était en effet structurée autour d’une dynastie d’Empereurs dont nul ne saurait questionner la légitimité, puis autour de gouvernements locaux dans les grandes cités ,certaines pouvant regrouper des centaines de milliers d’habitants ! Leur dernier empereur était non pas Pazcanala comme on a l’habitude de l’entendre, mais son fils Chapokama, qui a régné durant dix jours suite au décès de son père, foudroyé par la maladie, avant d’y succomber lui-même.”
Tous écoutaient la leçon avec une attention sincère, tant Laei s’animait lorsqu’elle dévoilait l’histoire. Sa voix envoutait désormais les spectateurs, convaincus d’assister alors au culte de Pazca dans le Grand Temple, ou se voyant chasser aux côtés des Archers des Lianes, ou encore s’imaginant écouter avec avidité les joutes oratoires de ce peuple si attaché au mot. La leçon était une transe, et Laei une prêtresse mais quoi d’étonnant lorsqu’elle est dispensée dans un temple ? Lorsque Laei se tut, nul n’aurait pu dire combien de temps cela avait duré, mais chacun était convaincu d’avoir voyagé davantage que depuis son départ de Thûme. Valutsen, émergeant du brouillard de l’Histoire, fut le premier à prendre la parole, de sa voix forte quoique ébréchée par une émotion dont il n’était pas maître. “Mes amis, dans deux jours nous partirons vers Esendril, c’est une route qui sera longue et périlleuse. D’ici là, il faudra tâcher de réparer et entretenir nos équipements ainsi que de reconstituer nos provisions. Nous nous organiserons demain. Tâchez de vous reposer, je prends le premier tour de garde”
Ainsi, la troupe s'endormit au complet pour la première fois, le feu crépitant et projetant ses lueurs dansantes sur les murs muets du temple de Pazca, comme au temps ancien où une divinité l’habitait.