Le côté moins fédérateur, moins vaste des mouvements artistiques pour le coup c'est une autre question de savoir si y'a encore des mouvements artistiques ou non qui est la question en titre du topic, pour cette question là je pense qu'on peut se contenter purement et simplement d'un : "Oui".
Je te rejoins.
Pour en revenir sur l'ampleur des mouvements artistiques d'aujourd'hui par rapport à ceux d'avant, j'pense qu'on peut effectivement dire qu'elle est moindre. (Encore que si on prend le pixel art il a une grande influence sur l'art et la culture d'aujourd'hui je trouve). Déjà pour en revenir sur ce que j'ai peut être mal expliqué tout à l'heure c'est peut être, en premier lieu, dû au fait que les arts graphiques, s'ils sont bien plus accessibles et donc qu'on peut dire qu'il y a bien plus d'artiste qu'avant, le monde de l'art en lui même semble être plus petit qu'avant. Que ce soit par la concurrence d'autres formes d'art ou même le fait que ce monde de l'art synergise moins et puise moins qu'avant. On peut faire une comparaison avec la littérature pour laquelle il arrive à peu près la même chose, il y a sans doute plus d'auteurs qu'avant mais la diversification des moyens de raconter des histoires qui sont parfois peut être plus en phase avec le monde actuel fait que son champ d'action s'en retrouve réduit.
En gros, tu dis que l'art est davantage répandu mais moins érudit et moins développé, c'est ça ? C'est en tout cas ce que je comprends quand tu dis qu'il
"synergise moins et puise moins qu'avant". Si oui, je ne comprends pas le lien avec une soit disant diminution du
"champ d'action" de l'art, puisque ce n'est pas parce que l'art est plus démocratisé et donc plus populaire que son champ d'action est réduit, au contraire.
Autrement peut être qu'il y a aussi le fait qu'on soit dedans qui fait qu'on arrive moins facilement à définir précisément ces mouvements et leur ampleur, c'est plus facile sur une période pleinement ancrée dans le passé.
Pourtant on a autant du mal à lister les mouvements d'aujourd'hui que les mouvements des années 1970 (pour ma part du moins).
Mais sinon je comprends ce que tu veux dire : quand on étudie des mouvements passés on a plus de recul et les recherches historiques peuvent se faire sans encombre.
Il est même remarquable de considérer que beaucoup de mouvements artistiques passés ne se donnaient pas de nom à leur époque, comme la renaissance, le baroque, le classique. En fait, loin dans le passé, on ne parlait pas de mouvements mais de styles, qui sont des cases plus petites. Par exemple en Europe à l'époque classique, les compositeurs de musique parlaient du "style de Mannheim", du "style de l'opéra italien", du "style français", etc. mais pas de mouvement classique ; à la même époque on distinguait tout de même la musique "d'aujourd'hui" et la musique dite
ancienne, nom donné au mouvement baroque. Cela confirmerait donc que, tant qu'on vit dans un mouvement artistique, on sait moins le caractériser. Cependant les mouvements récents semblent tous s'être identifiés au cours même de leur existence, à commencer peut-être par le romantisme, et par la suite l'impressionisme, l'expressionisme, l'art nouveau, le cubisme, etc. baptisés à l'époque soit par des critiques d'art, soit par les artistes eux-mêmes.
Après quand tu parles d'une différence de nature des mouvements d'avant par rapport à ceux d'aujourd'hui comme quoi ceux d'aujourd'hui ne sont que des choix techniques, de style et d'approche je suis pas d'accord, je pense qu'il n'y a qu'une différence d'ampleur. un mouvement artistique étant en plus de tout ça quelque chose qui prend son sens par rapport à la société, qui traduit bien souvent quelque chose, soit de politique soit de philosophique, enfin bref c'est plus une "vision" partagée par un ensemble d'artistes que de simples choix. Et ça j'pense que c'est toujours le cas, par exemple j'pense qu'on peut bien s'en rendre compte dans le street art.
En fait je voulais mettre en lumière le fait que, quand les mouvements se succédaient de manière quasiment linéaire et ne se superposaient pas (en tout cas pas autant qu'aujourd'hui), et quand ils avaient une ampleur continentale, alors les artistes n'avaient pas de choix car ils ne pouvaient s'inscrire que dans un seul mouve
ment
* (ne pouvant pas s'inscrire dans un mouvement passé, certainement pour des raisons économiques, et peut-être pour des raisons philosophiques, politiques et esthétiques). Depuis le XIXème et le XXème siècle, un nombre considérable de mouvements cohabitent, et les artistes sont confrontés à un choix. Cela consiste soit à s'inscrire dans un mouvement particulier, soit à s'approprier plusieurs mouvements ou plusieurs idées issues de différents mouvements, ce qu'on appelle le polystylisme. Tu dis que ce n'est pas une question de choix, très bien, si on considère que la sélection d'idées (philosophiques, politiques & esthétiques) dans la vie d'un.e artiste ne relèvent pas de ses choix. Dans ce cas je ne parle pas de choix mais de sélections (absence de l'idée de liberté) : la sélection des idées artistiques est déterminée par des causes indépendantes de l'artiste, que sont l'origine, l'éducation, le contexte politique, etc.
Au fond, ma pensée était que, entre ces deux périodes que j'ai défini plus tôt (pré-XIXème et post-XIXème), la définition-même de mouvement artistique semble être altérée,
du point de vue de l'artiste. En cela, le mouvement artistique pré-XIXème apparait comme un trou noir dont on ne peut échapper, comme s'il y avait un engouement inévitable des artistes de cette ère pour le mouvement de leur temps ; dans l'ère post-XIXème, les artistes sont tiraillés entre différentes forces, différents courants, et il leur est impossible d'embrasser l'intégralité des mouvements de leur temps, par conséquent iels doivent nécessairement s'inspirer de quelques mouvements et délaisser tous les autres, de sorte qu'ils ne sont plus créateurs mais strictement spectateurs au regard de certains mouvements existants.
* Sans considérer la poignée d'artistes qui s'extrayaient par-eux-mêmes du mouvement de leur temps en en créant un nouveau.