Dans leur dernière vidéo critique, mise en ligne peu après la sortie française de Minecraft, Le Film, Fred et Seb — les deux visages du Bazar du Grenier — livrent un débrief à chaud. Littéralement. À peine sortis de la salle, ils peinent à trouver leurs mots. « Bon… on a vu Minecraft », lâche Fred d’un ton las. Une phrase d’ouverture simple, mais révélatrice : derrière la curiosité, un profond désarroi.
Le film met en scène Steve, interprété par Jack Black, qui découvre une orbe magique le propulsant dans l’univers cubique. Des années plus tard, Jason Momoa campe un ancien champion d’arcade (nommé “Poubelle” en VF) qui hérite de l’objet, déclenchant malgré lui une série d’aventures dans le monde de Minecraft. À l’écran, monstres et références s’enchaînent : Piglins, creepers, épées en diamant, redstone… mais rien ne prend réellement.
Pour Fred et Seb, l’univers du jeu n’est qu’un décor plaqué. « On t’explique comment crafter une épée, mais ça n’apporte rien à l’histoire », regrettent-ils. L’univers est bien là, mais vidé de sa substance : aucune exploration du sentiment de solitude, aucune mise en avant de la créativité ou du sentiment de liberté qui font la force du jeu. Une critique que l’on retrouve aussi dans les colonnes de Minecraft.fr, qui interrogeait récemment si la presse n’était pas passée à côté de l’intention réelle du film. Loin d’un échec total, certains y voient au contraire un hommage sincère à un jeu basé sur l’imagination, la découverte et l’expérimentation.
Sur la forme, les critiques pleuvent aussi. Jack Black cabotine, Jason Momoa semble peu concerné, et les personnages secondaires sont sous-exploités. L’humour, souvent basé sur des blagues de cour d’école ou du slapstick, vise clairement un public jeune, mais échoue à convaincre les plus âgés. « Ce n’est pas parce qu’un film est pour les enfants qu’il doit être médiocre », rappelle Seb, citant Karim Debbache. Une opinion largement partagée dans les commentaires.
Et pourtant, malgré ce feu nourri, le film connaît un succès retentissant. Comme nous l’analysions dans cet autre article consacré à son démarrage au box-office, Minecraft, Le Film dépasse toutes les attentes commerciales : des millions d’entrées, des salles pleines, un phénomène qui dépasse le simple cadre de l’adaptation vidéoludique. Ce qui pose une question essentielle : et si le film, imparfait, parlait simplement mieux aux fans qu’aux critiques ?
Reste une performance vocale saluée : celle de Christophe Lemoine en Jack Black, et un passage devenu culte — l’imitation improbable de Gainsbourg par Seb.
Au final, la vidéo du Bazar du Grenier n’est pas une charge agressive. Plutôt une forme de désolation amusée. Pas de haine, mais pas d’émerveillement non plus. Minecraft, Le Film n’est pas catastrophique — il est simplement creux. Et c’est peut-être là le plus grand reproche.