En salles depuis le 2 avril, Minecraft, le film n’a pas échappé à l’épreuve redoutable des premières critiques. Et le verdict, du moins dans la presse généraliste, semble sans appel : scénario « assommant », humour « pipi-caca », effets spéciaux « moches »… Le Parisien le déconseille aux plus de 8 ans, tandis que Les Numériques dénoncent une adaptation « dénuée d’âme ». Pourtant, une question s’impose : ces jugements traduisent-ils un réel échec artistique, ou bien un profond malentendu ?

Le scénario et les dialogues, d’une débilité certes assumée mais assommante, flirtent en permanence avec l’hyper lourdingue.

Le Parisien

Une œuvre taillée pour un public initié

Il est vrai que Minecraft, le film ne cherche pas à plaire à tout le monde. Mais faut-il le lui reprocher ? Adapté du jeu vidéo le plus vendu au monde, ce long-métrage assume d’emblée son attachement à l’univers cubique et foisonnant imaginé par Mojang Studios. C’est là sa force autant que sa faiblesse, du point de vue des critiques. Car pour qui n’a jamais passé des heures à miner du diamant ou à ériger un château en cobblestone, les références, les clins d’œil et l’humour décalé peuvent sembler obscurs, voire déroutants.

Le récit suit un groupe de personnages projetés dans le monde de la Surface, où ils doivent apprendre à survivre, à construire, et à coopérer. Un scénario simple, volontairement archétypal, mais qui colle à l’essence même du jeu : découvrir, expérimenter, et s’adapter à un univers sans mode d’emploi.

Un regard critique… souvent à côté

Une constante revient dans les critiques les plus sévères : une incompréhension manifeste de ce qu’est Minecraft. Le jeu n’a jamais reposé sur une intrigue linéaire ou sur une psychologie complexe des personnages. Il s’agit avant tout d’un espace de liberté, de création et de spontanéité. Ce que le film tente, à sa manière, de retranscrire. La narration adopte parfois les codes du jeu lui-même : des ruptures de ton, des moments absurdes, et une logique de progression par l’expérience.

Un scandale de “scénario” (notez les guillemets) qui aura tout de même nécessité six auteurs, rien que ça.

Les Numériques

Mais voilà : pour qui aborde cette œuvre avec les outils de lecture d’un film classique, le résultat peut sembler confus. Comme si l’on reprochait à une peinture impressionniste de ne pas être assez réaliste.

Un hommage sincère à un monument du jeu vidéo

Le film n’est pas exempt de défauts : certaines scènes sont effectivement bruyantes, l’humour parfois trop appuyé, et la structure narrative assez prévisible. Mais il serait injuste de ne pas reconnaître ce qu’il parvient à accomplir. Le monde de Minecraft y est richement représenté, des biomes aux créatures emblématiques, et le casting — Jack Black en tête — semble s’amuser sincèrement.

Loin d’une adaptation paresseuse, Minecraft, le film prend le parti de parler d’imagination à un public qui en déborde. Les plus jeunes, surtout s’ils connaissent bien le jeu, y trouveront un univers familier et une aventure rythmée. Les autres, peut-être, auront du mal à en saisir le sens. Est-ce un défaut du film ou une limite des regards qui s’y posent ?

Une expérience qui mérite d’être vécue

Pour ceux qui ont grandi avec Minecraft, qui y ont construit des mondes, imaginé des histoires ou partagé des moments entre amis, ce film n’est pas un simple produit dérivé. C’est une relecture, un prolongement, une manière différente de célébrer un jeu devenu univers culturel.

Alors faut-il suivre l’avis des critiques ? Peut-être. Mais mieux vaut, comme dans Minecraft, expérimenter soi-même, quitte à se tromper. Car parfois, ce que l’on croit être un bloc inutile recèle une surprise.

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