Dix ans après l’éviction de Frigiel du serveur Epicube, de nouveaux éléments viennent éclairer cette affaire emblématique. Grâce à une récente vidéo d’Aypierre, “L’Histoire des Serveurs Minecraft, Secrets et Trahisons”, et à un jugement du tribunal de commerce de Marseille, des détails méconnus sur cette dispute viennent enrichir notre compréhension de cet épisode marquant de l’histoire de Minecraft en France.
Les origines d’une rupture
Epicube, lancé en 2014, s’impose rapidement comme le plus grand serveur francophone de minijeux Minecraft. Frigiel rejoint le projet en tant qu’administrateur et ambassadeur, mettant sa notoriété au service de la promotion du serveur, tandis que les quatre autres administrateurs se concentrent sur le développement technique, la gestion et l’animation.
Cependant, au fil des mois, des tensions apparaissent. Les administrateurs reprochent à Frigiel une implication insuffisante par rapport à leur charge de travail. Alors qu’ils travaillent à plein temps sur le serveur, Frigiel jongle avec ses autres projets, dont sa chaîne YouTube. Malgré des réunions et avertissements, aucun compromis durable n’est trouvé. Le 13 mai 2015, Frigiel est évincé, une décision annoncée brutalement au cours d’une nuit, selon ses propres dires.
Un procès aux enjeux financiers importants
En 2017, Frigiel porte l’affaire devant le tribunal de commerce de Marseille, accusant ses anciens associés d’une exclusion abusive. Il avance que leur collaboration constituait une “société créée de fait” et formule plusieurs demandes financières :
- 290 000 € pour le rachat de ses parts, estimées sur la base des bénéfices générés par le serveur.
- 138 547 € au titre des profits réalisés après son départ.
- 50 000 € en dommages et intérêts pour préjudice moral.
- À titre subsidiaire, il réclame 361 425 € pour rupture contractuelle, ainsi que 25 000 € pour atteinte à son image.
Frigiel réclamait une somme globale de 864 972 €
Au total, Frigiel réclamait une somme globale de 864 972 €, incluant les parts sociales, les bénéfices, les dommages et intérêts, ainsi que les compensations pour rupture contractuelle et atteinte à son image.
La version d’Epicube
Les administrateurs d’Epicube contestent ces accusations, avançant que Frigiel n’était pas à l’origine du projet, lancé dès 2013. Ils soutiennent que sa contribution se limitait à la promotion, sans “affectio societatis” (volonté d’agir comme associés égaux). Ils précisent aussi que l’exclusion de Frigiel était une conséquence logique de son implication jugée insuffisante.
Le verdict du tribunal
Le tribunal de commerce de Marseille a donné raison aux administrateurs d’Epicube. Selon les juges, Frigiel n’a pas prouvé qu’il faisait partie d’une “société créée de fait” avec ses anciens associés. Pour cela, il aurait fallu démontrer un partage clair des bénéfices et des pertes, ainsi qu’une volonté d’agir comme des associés égaux, ce qui n’a pas été le cas.
De plus, aucune preuve d’un contrat formel n’a été apportée pour justifier une rupture abusive. Le tribunal a estimé que les désaccords et le manque d’implication de Frigiel rendaient son éviction légitime.
Résultat : Frigiel est débouté de ses demandes et condamné à payer les frais de justice, fermant ainsi un chapitre tendu de l’histoire d’Epicube.
Une affaire révélatrice
Ce conflit met en lumière les défis des projets collaboratifs dans l’univers des jeux vidéo, où des ambitions communes peuvent se heurter aux réalités économiques et organisationnelles. La médiatisation du départ de Frigiel avait déjà marqué les esprits, mais les détails financiers et juridiques de l’affaire, longtemps ignorés, viennent compléter ce tableau complexe.
10 ans plus tard, ce chapitre reste l’un des plus marquants de l’histoire des serveurs Minecraft, rappelant l’importance de structurer solidement des projets collectifs pour éviter de telles désillusions.