Quatre années de développement, des ambitions monumentales, et pourtant, Ubisoft n’en a jamais parlé publiquement. Retour sur « Project Renaissance », un jeu voxel inspiré de Minecraft et Animal Crossing, mort-né mais pas tout à fait oublié.

Une plateforme créative dans l’univers voxel

Entre 2018 et 2023, Ubisoft Montréal a discrètement travaillé sur un projet baptisé Renaissance. L’idée : concevoir une plateforme immersive où chacun pourrait bâtir, explorer et partager ses propres mondes, dans un environnement constitué de blocs, à la manière de Minecraft. Mais là où Mojang mise sur une esthétique cubique stylisée, Ubisoft visait un rendu plus réaliste : avatars humains non caricaturés, outils détaillés, matériaux variés (neige, lave, métal… et même un élément fictif nommé « thermidium »).

L’objectif ne se limitait pas à la construction libre comme le rapporte MP1st. Project Renaissance devait proposer des expériences aux mécaniques variées, définies par l’environnement (grottes, montagnes, cavernes) et par le type de gameplay (exploration, courses contre la montre, coopération…).

Trois avatars réalistes sautant dans un monde voxel montagneux, utilisant un outil de construction pour créer une plateforme flottante violette.
Des avatars humanoïdes équipés de casques et d’outils technologiques bâtissent leur chemin dans un univers en blocs, entre montagnes et constructions improvisées. Une scène tirée du mystérieux Project Renaissance d’Ubisoft.

Un mélange ambitieux de Minecraft et Fortnite

Les documents internes et visuels qui ont fuité révèlent une volonté claire : combiner la créativité de Minecraft avec l’ergonomie moderne de Fortnite. Menus inspirés du célèbre battle royale, interface épurée, navigation fluide… Tout semblait pensé pour séduire un public jeune mais exigeant.

Certaines images montrent des avatars équipés de sortes de fusils-outils, destinés à générer ou modifier le décor. Un choix qui rappelle les mécaniques de construction rapides de Fortnite, tout en conservant une dimension bac à sable plus libre, à la Minecraft.

Une annulation révélatrice du climat interne

Selon plusieurs sources, Renaissance aurait été annulé entre février et mai 2023, dans le cadre d’une restructuration plus large au sein d’Ubisoft. D’autres projets comme XDefiant, Project Q ou The Division: Heartland ont subi le même sort, victimes de difficultés financières persistantes et d’un recentrage stratégique.

Ce timing coïncide avec le départ de Jean Guesdon, directeur créatif ayant piloté Renaissance. Connu pour son travail sur Assassin’s Creed Black Flag, il avait rejoint le projet dès ses débuts. En interne, plusieurs anciens développeurs l’auraient considéré comme l’un des projets les plus prometteurs du studio.

Trois personnages approchant un portail bleu lumineux encastré dans une falaise glacée d’un monde voxel arctique.
Dans un décor de glaciers monumentaux et d’eaux glacées, des explorateurs s’approchent d’un portail énergétique, suggérant une quête ou une transition vers un autre monde. Une vision du projet annulé Renaissance.

Une seconde vie avec le projet Alterra ?

Mais Ubisoft n’aurait pas totalement tiré un trait sur son moteur voxel. La technologie développée pour Renaissance servirait désormais un nouveau titre, Project Alterra, inspiré d’Animal Crossing. On parle d’un jeu axé sur la simulation de vie, la décoration, les relations sociales, mais toujours basé sur des mondes construits bloc par bloc.

Développé depuis 2023, Alterra en est encore à ses débuts. Il semble peu probable qu’il soit présenté lors des événements à venir comme Ubisoft Forward ou le Summer Game Fest. Et avec les récents retards annoncés sur plusieurs titres majeurs, l’avenir de cette nouvelle licence reste incertain.

Un échec ou une graine semée pour l’avenir ?

L’histoire de Project Renaissance illustre bien les paradoxes de l’industrie du jeu vidéo : même les projets les plus ambitieux peuvent disparaître avant d’avoir été montrés au public. Pourtant, les idées portées par Renaissance — créativité partagée, personnalisation avancée, outils innovants — pourraient bien ressurgir sous une autre forme dans les années à venir.

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