Pourquoi dis-tu que la laïcité ne laisse pas de place aux incroyants ? Je pense que c'est plutôt le contraire : avant, les athées étaient mal vus, alors qu'aujourd'hui ce sont les religions qui sont mal vues. Par "mal vu" j'entends mal considérés par la majorité, or il y a effectivement eu une transition de la majorité, de la croyance à la non-croyance. Donc pour moi la laïcité leur laisse justement une certaine place. Je pense que tu confonds dans le fait que la laïcité a d'avantage concerné les croyants qui étaient alors plus nombreux il y a un siècle, et où en soi peu d'incroyants furent touchés par la reconsidération de l'athéisme, l'agnosticisme etc. Mais aujourd'hui, il est certain que c'est exacerbé : beaucoup de gens sont totalement opposés à la religion, que ce soit l'institution ou la croyance divine qui selon moi est innocente.
Ce que je voulais dire, c'est que les incroyants, athées, agnostiques ne semblent pas être des convictions
sui generis, mais bien définie par et selon les croyants, déistes, théistes, etc, qui, contrairement à la première catégorie, se défini - et cela semble être accepté par le commun des mortels...- comme une conviction
sui generis.
J'écris que la laïcité ne laisse pas de place aux incroyants car elle semble plus faire l'affaire des religieux que des incroyants. Au final, ce n'est aujourd'hui qu'un genre de médiateur entre les différentes religions présentes sur un territoire. Tu as écrit plus tôt que, depuis que l'état français est laïc, ce n'est plus lui qui paye pour la restauration des églises - sauf patrimoine protégé - mais que ce sont désormais les communes qui en ont la charge. Les communes au lieu de l'état, quelle belle progression. Certains s'en contentent mais pas moi. Pourquoi ? Car c'est toujours une entité publique qui s'en charge. Alors, tu vas me dire qu'en étant à la charge des communes, la variation d'opinion et de prises de décisions sur le sujet est largement plus grande (1 état contre plus ou moins 35 000 communes). Certes, c'est vrai. Mais c'est sur le principe, tu comprends ? C'est toujours une entité publique qui s'en charge. Ce qui pose exactement les mêmes problèmes que si c'était encore l'état qui en serait chargé.
À savoir, premièrement, quand une entité publique intervient en son nom et frais pour restaurer un bâtiment religieux (je parle bien ici des bâtiment non classés, l'église du village en somme), il ne sert à rien d'évoquer ici le concept de séparation d'église et d'état étant donné qu'une mairie peut clairement indiqué sa non neutralité, voire même sa préférence de culte. Et pour une entité publique, je trouve cela inacceptable.
Deuxièmement, les entités publiques sont nourries par les impôts de - sauf quand tu en es exempté, ce qui n'est pas le cas pour la plupart - toute la population. Toute la population se voit donc, par les choix discutables d'une mairie, obligée de payer pour un seul culte. Encore plus affligeante est la position du Vatican sur la question ! Ce sont des bâtiments pour la religion
catholique, fréquentés par des
catholiques, dans lesquels ne se déroulent - pour la très grande majorité - qu'exclusivement des célébrations lié au culte catholique. Pourquoi diable le Vatican ne veut-il pas payer pour les bâtiments de ses fidèles ?! Pourquoi diable ces fidèles trouvent normal que ce soit les communes qui doivent s'en charger ?!
Tu me diras qu'une mairie peut choisir d'intervenir dans l'entretien des bâtiments de tout culte. J'en profiterai pour informer ceux qui ne le savent pas que les dignitaires religieux de toutes les religions reconnues par l'état belge sont payés par lui, pension comprise. En ce qui concerne les bâtiments, là aussi en Belgique, la situation est pareille. Les différentes entités publiques interviennent pour les bâtiments reconnus patrimoine du pays tandis que les autres sont principalement à la charge des communes. Et c'est là où le bât blesse pour les incroyants. Admettons, une mairie soucieuse de faire respecter la laïcité s'engage à entretenir tous les bâtiments de tous les cultes présents sur sa commune. Et les incroyants dans tout ça ? Alors, je ne geins pas en disant "C'est dégueu, eux n'ont pas de fonds alloués pour leurs causes", je pense que si des mouvements veulent leur reconnaissance, c'est à eux à faire le nécessaire pour le devenir. Et ça se fait dans certains endroits (aux USA, notamment). Mais là où je veux en venir, c'est que pour le coup, ta laïcité fait trinquer tous les incroyants pour le compte des croyants de tous bords. Alors, cette laïcité ne laisse-t-elle pas pour compte les incroyants, du fait de son héritage intrinsèquement judéo-chrétien ?
Je pense que cette réponse est déjà assez longue, néanmoins, je voudrais revenir en toute simplicité sur la dernière phrase de ton message. Est-ce exacerbé comme tu le dis ? Peut-être. Doit-on donner tort aux gens qui pratiquent cette haine exacerbée ? Sans doute, mais dans un certain sens. Critiquer la religion pour la critiquer est inutile. Surtout que la religion ne se résume pas à la chrétienté (bien que cette dernière aie souvent tenté de réduire la religion à elle seule, lel). Je ne suis pas l'athéisme qui se veut guerrier. Parce que, souvent, il tombe dans les mêmes travers que ceux-là même qu'ils reprochent aux monothéismes. Je finis simplement en disant que, oui, faire la distinction entre les religions et dieux est primordial.