Depuis son lancement en septembre 2011, Skyblock s’est imposé comme l’une des maps les plus emblématiques de Minecraft. Avec des millions de téléchargements et une popularité croissante grâce à de nombreux YouTubers influents, cette carte est devenue un incontournable du jeu. Pourtant, depuis 2019, son créateur, Noobcrew, est engagé dans une bataille juridique difficile contre plusieurs grandes entreprises, parmi lesquelles Microsoft, qui auraient exploité sa création sans autorisation.

Le début d’une saga juridique

Le 21 août 2019 marque un tournant. Une première version de Skyblock est mise en vente sur le Minecraft Marketplace par l’entreprise Razzleberries, sans l’autorisation de Noobcrew. Ce dernier, qui avait toujours mis sa map à disposition gratuitement pour la communauté Minecraft, ne pouvait accepter que d’autres en tirent un profit financier sans son consentement. Trois jours plus tard, Sapphire Studios sort une autre version de Skyblock, revendiquant également son caractère original. Face à ces actes répétés, Noobcrew entreprend en septembre 2019 les démarches pour déposer la marque Skyblock.

Cartes "Skyblock Original" sur la place de marché Minecraft par différents studios.
Cartes “Skyblock Original” proposées par divers studios sur la place de marché Minecraft, reflétant l’appropriation commerciale du nom Skyblock.

En novembre 2019, il signe officiellement sa demande de marque, espérant ainsi protéger son œuvre. Pourtant, malgré ses tentatives, il se heurte à une opposition de la part de plusieurs entreprises du Marketplace, dont Microsoft. Ces dernières avancent l’argument que le nom Skyblock est désormais un terme générique, utilisé pour désigner n’importe quel environnement de jeu comportant une île flottante.

Un conflit aux enjeux financiers massifs

Le combat juridique s’intensifie au fil des années. Microsoft et les entreprises liées au Minecraft Marketplace refusent de reconnaître la propriété intellectuelle de Noobcrew sur Skyblock, malgré le succès colossal de cette carte. L’un des principaux points de discorde concerne l’utilisation trompeuse du terme original. Les versions vendues sur le Marketplace sont souvent présentées comme étant l’authentique Skyblock, générant ainsi des revenus conséquents, alors même que Noobcrew n’a jamais autorisé une telle exploitation.

Selon les estimations de Noobcrew, certaines de ces versions auraient rapporté plusieurs millions de dollars à leurs éditeurs, avec Microsoft prenant une part importante des bénéfices. En réaction, le créateur a tenté de faire valoir ses droits via des plaintes DMCA et des demandes de retrait de contenu sur le Marketplace. Cependant, ces demandes ont été systématiquement ignorées ou rejetées. Il a pourtant obtenu gain de cause dans des cas similaires, comme lorsqu’un jeu Roblox inspiré de Skyblock a été renommé Islands en 2020 après une discussion directe avec Noobcrew.

Un combat inégal

La lutte juridique de Noobcrew contre des géants comme Microsoft met en lumière l’asymétrie des ressources et du pouvoir. Avec des fonds quasiment illimités, ces grandes entreprises peuvent prolonger indéfiniment les procédures judiciaires, épuisant ainsi les créateurs indépendants. Noobcrew exprime sa frustration face à cette situation : “Ils savent qu’avec suffisamment de temps et de ressources, ils peuvent faire tout ce qu’il faut pour garantir leur succès”. Il explique également avoir dû fournir de nombreux documents confidentiels et personnels et participer à une déposition de sept heures avec les avocats de Microsoft, qu’il décrit comme un véritable interrogatoire.

Malgré tout, Noobcrew continue de se battre pour faire valoir ses droits, non seulement pour protéger Skyblock, mais aussi pour défendre les intérêts des créateurs indépendants dans un environnement où les grandes entreprises dominent de plus en plus le paysage de la création de contenu.

La vidéo de Themisterepic sur le sujet du vol du Skyblock.

Un avenir incertain pour Skyblock

Si Noobcrew perd cette bataille juridique, il perdra tous les droits sur le nom Skyblock, compromettant ainsi ses projets futurs pour la carte, notamment la possibilité d’en faire un jeu autonome. Cette affaire soulève également des questions plus larges sur la manière dont les grandes entreprises utilisent le Minecraft Marketplace pour tirer parti du travail des créateurs indépendants sans leur en accorder les bénéfices.

Le verdict de ce long combat reste incertain, mais il est clair que l’issue de cette affaire pourrait avoir des répercussions profondes sur l’avenir des créateurs au sein de l’écosystème Minecraft. Comme le souligne Noobcrew : “La véritable question ici est de savoir si les créateurs peuvent encore protéger ce qu’ils ont bâti, ou si leur travail peut être exploité sans conséquence par de plus grandes entités.”

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