Minecraft est aujourd’hui détourné par des groupes extrémistes pour diffuser des idéologies radicales et recruter de nouveaux adeptes. Des experts alertent sur l’utilisation de cet univers virtuel par des mouvances d’extrême droite, qui exploitent les outils créatifs du jeu pour propager leur propagande auprès des plus jeunes.
Certains utilisateurs transforment ainsi Minecraft en un espace où des avatars à l’effigie d’Adolf Hitler, des membres du Ku Klux Klan ou encore des auteurs de fusillades de masse sont mis en scène. Des reproductions de camps de concentration, où des caricatures de personnes juives sont représentées brûlant vives, ont été signalées. Le racisme et l’extrémisme se propagent aussi via les discussions en jeu, où des discours haineux sont régulièrement échangés.
Une radicalisation insidieuse et difficile à détecter
Ian Acheson, directeur de la sécurité communautaire au Home Office britannique, souligne que les jeux vidéo sont des outils de recrutement idéaux pour ces groupes radicaux. L’interaction y est fluide, sociale et difficile à repérer, ce qui permet aux recruteurs de s’implanter sans attirer l’attention.
Ashton Kingdon, auteur d’un rapport gouvernemental sur la radicalisation via les jeux vidéo, confirme que la propagande néonazie est omniprésente dans ces espaces numériques. Une étude menée par le Royal United Services Institute (RUSI) révèle que Minecraft est exploité par certains extrémistes pour bâtir des répliques de camps de concentration et diffuser des références aux Croisades, au Moyen Âge et à l’Angleterre anglo-saxonne. Ces éléments historiques sont souvent romancés afin de les aligner avec des idéologies radicales.
Des jeux dérivés pour amplifier la diffusion
Au-delà de Minecraft, certains groupes extrémistes développent leurs propres jeux indépendants, comme Tunnel Rabbi ou Yiddish Catacombs, conçus autour de stéréotypes antisémites. Bien que ces jeux restent marginaux, ils servent à générer des mèmes et des contenus viraux diffusés massivement sur Internet.
L’étude du RUSI indique que 34 % des joueurs ont déjà été exposés à des images, vidéos ou symboles extrémistes dans l’univers du jeu vidéo, et qu’un quart d’entre eux ont vu des contenus encourageant à rejoindre des groupes radicaux.
Une gamification de l’idéologie radicale
Ian Acheson met en garde contre la capacité des groupes extrémistes à exploiter la technologie du jeu vidéo pour créer des mondes sur mesure au service de leur propagande. Certains vont jusqu’à concevoir des jeux où les joueurs peuvent tirer sur des migrants arrivant en bateau, une référence explicite à la violence antimigrants.
Ces espaces virtuels sont souvent peu modérés, ce qui en fait un terrain propice à la diffusion de discours racistes et néofascistes. Pour de nombreux jeunes passionnés de jeux vidéo, ces communautés deviennent un point d’ancrage où ils peuvent trouver une forme d’appartenance. Les groupes extrémistes exploitent cette dynamique pour capter l’attention de publics vulnérables et les exposer progressivement à leurs idées.
Une modération insuffisante face à l’ampleur du problème
L’enquête du RUSI révèle également que 79 % des joueurs interrogés ont été témoins de harcèlement extrême dans les jeux en ligne, Call of Duty étant la franchise la plus citée dans les pays anglophones.
Ashton Kingdon, auteur du livre The World White Web, insiste sur la gravité du phénomène. Selon lui, la propagande fasciste et néonazie se répand aussi bien dans les discussions des jeux classiques que dans des expériences en réalité virtuelle, allant jusqu’à l’organisation de “dîners nazis” en ligne.
L’exposition répétée à ces contenus a pour effet d’anesthésier la sensibilité des jeunes joueurs face aux symboles et discours extrémistes. Progressivement, une banalisation s’installe, rendant ces idéologies plus acceptables.
La réponse de Microsoft
Microsoft, propriétaire de Minecraft, assure disposer d’une équipe dédiée à la sécurité et à la modération des contenus. Des outils de signalement et des filtres automatiques sont mis en place pour bloquer les contenus inappropriés. L’entreprise encourage également les utilisateurs à privilégier ses serveurs officiels.
Dans un communiqué, Microsoft affirme interdire les contenus terroristes et extrémistes et s’appuyer sur des technologies de détection proactive pour faire respecter ses règles. Toutefois, la firme reconnaît que la lutte contre ces phénomènes dépasse le cadre d’une seule entreprise et appelle à une mobilisation collective des gouvernements, des acteurs de la société civile et de l’industrie du jeu vidéo pour élaborer des solutions efficaces contre cette radicalisation insidieuse.
Source : thetimes.com
Ridicule
Développe ?
Bonne idée d’article sinon Clément, c’est une réalité dont il est important de parler.
AprEs c’est aussi aux gros serveurs comme Hypixel,Paladium, Craftok, etc… de modérer les contenus diffusés dessus. Après Microsoft pourrait ajouter un système pour signaler les serveurs, en plus du signalement de joueur.