Depuis sa sortie en salles le 2 avril, Minecraft, le film agite autant les critiques que les spectateurs. Si la presse généraliste n’a pas été tendre — qualifiant le film de « purge absurde » ou de « fan service mal déguisé » —, le public, lui, semble bien plus nuancé. Pour comprendre cette divergence, nous sommes allés à la rencontre de ceux qui sortaient tout juste de leur séance, encore dans l’ambiance du film.
Un enchantement pour les plus jeunes
Les enfants, eux, ressortent avec des étoiles plein les yeux. Ce fut le cas de Léo, 10 ans, visiblement transporté par le spectacle :
« Je veux le revoir demain avec papa ! »
Ce qui l’a le plus marqué ? Les créatures hostiles, les gadgets bricolés à partir d’objets du monde réel et la construction d’une maison pour survivre à la tombée de la nuit : autant d’éléments directement inspirés du jeu qu’il connaît par cœur. L’univers lui est familier, mais sur grand écran, il prend une dimension épique. Le message sur la créativité, lui, passe comme une évidence.
L’impatience des ados face à une structure trop lente
À l’inverse, les adolescents ne sont pas toujours aussi indulgents. Lucas, 15 ans, s’attendait à une aventure plus intense, plus immersive :
« J’aurais préféré un vrai film dans Minecraft, pas ce délire avec des humains perdus au début. »
S’il concède que « les scènes d’action avec les Piglins » rattrapent un peu le tout, il déplore un démarrage poussif, un humour peu efficace, et une intrigue qu’il juge trop brouillonne. À ses yeux, le film n’exploite pas assez le potentiel dramatique et esthétique de l’univers original.
Des adultes plus mesurés
Pour les adultes venus accompagner leurs enfants, le bilan est plus nuancé. Marc, 42 ans, reconnaît que Minecraft, le film n’est pas fait pour lui — et ce n’est pas forcément un défaut.
« Mon fils a adoré, donc pour moi c’est réussi. Moi j’ai trouvé ça gentiment divertissant, mais pas plus. »
Il évoque quelques longueurs, notamment dans la première partie, mais souligne la qualité de la mise en scène et des effets spéciaux une fois l’action installée dans le monde cubique. Un film calibré pour les plus jeunes, qui assume pleinement son ton et son esthétique.
Un hommage vibrant pour les fans de la première heure
Amandine, 31 ans, joue à Minecraft depuis plus d’une décennie. Pour elle, le film est une réussite inattendue :
« J’avais peur que ce soit un truc creux pour vendre des produits dérivés. En fait, c’est une vraie lettre d’amour au jeu. »
Elle salue autant la fidélité aux mécaniques du jeu que les références cachées : le rôle des établis, les Elytras, les golems, et même une scène clin d’œil aux vidéos de la communauté. Le duo Jack Black / Jason Momoa l’a convaincue, de même que l’équilibre entre absurdité et émotion.
« C’est une version ciné de ce qu’on vit en multijoueur : c’est fou, ça n’a parfois aucun sens, mais c’est sincère. »
L’enthousiasme rattrape les maladresses
Enfin, Yassine, 14 ans, n’est pas passé loin du désintérêt… jusqu’à ce que le film bascule dans l’action.
« Le début, j’étais là en mode “qu’est-ce que je regarde ?”, mais après, c’est parti en mode Minecraft à fond. »
Il retient surtout les scènes spectaculaires — les affrontements contre les monstres, les vols en Élytres, les armes farfelues inspirées des objets du quotidien — et l’humour, « parfois bizarre mais marrant ». Son seul regret ? Ne pas avoir vu davantage de créatures emblématiques comme l’Ender Dragon ou le Warden.
« J’espère qu’ils feront un 2 avec encore plus de trucs du jeu. »
Un film clivant, comme Minecraft lui-même
À la sortie des salles, une chose est sûre : le film Minecraft ne laisse personne indifférent. Il émerveille les plus jeunes, amuse les connaisseurs, déroute ceux qui n’en maîtrisent pas les codes. Et ce n’est sans doute pas un hasard si cette réception ressemble autant à celle du jeu lui-même.
Car comme nous l’avons défendu, le long-métrage de Warner Bros n’est pas un produit calibré pour plaire à tout le monde — et c’est précisément ce qui en fait une œuvre intéressante. Une création imparfaite, mais fidèle à l’esprit d’un jeu qui n’impose aucune règle, si ce n’est celle d’imaginer.
Et ce pari semble déjà largement payant : comme nous le détaillons dans notre analyse du box-office, Minecraft, le film cartonne partout dans le monde. Malgré des critiques parfois féroces, il confirme son statut de phénomène.