Sous ses allures paisibles, le jeu culte de Mojang dissimule peut-être l’un des récits post-apocalyptiques les plus subtils du jeu vidéo.

Depuis ses débuts, Minecraft s’est imposé comme un terrain de jeu infini : un monde de blocs à explorer, à bâtir, à transformer. Une liberté totale, presque naïve. Et pourtant, derrière ses paysages paisibles et ses biomes colorés, le jeu semble porter les traces d’un passé oublié. Un passé sombre, marqué par l’effondrement d’une civilisation disparue. Car à y regarder de plus près, Minecraft pourrait bien être… un monde post-apocalyptique.

L’idée paraît saugrenue. Mais chaque mise à jour, chaque structure en ruine, chaque détail du décor semble nourrir cette théorie : vous ne construisez pas dans un monde vierge, mais dans les décombres d’un monde ancien.

Des ruines, partout. Et des questions.

Ruines végétalisées d’une cité ancienne dans Minecraft, avec un personnage observant les vestiges d’un monde oublié
Un monde abandonné, envahi par la végétation. À chaque coin de rue, des ruines qui interrogent : que reste-t-il de la civilisation des Anciens Bâtisseurs ?

Il suffit de s’arrêter un instant. Un temple enfoui dans le sable. Une forteresse abandonnée sous terre. Des couloirs de mines désertés. Qui a bâti tout cela ? Qui vivait ici, avant votre arrivée ?

Ce bouleversement pourrait-il être le fruit d’une catastrophe provoquée par les Anciens Bâtisseurs eux-mêmes ? Les portails en ruine, disséminés dans l’Overworld, prouvent qu’ils ont voyagé dans le Nether. Leur exploitation intensive des ressources aurait pu dérégler l’écosystème de la dimension, provoquant une élévation brutale de sa température. Une autre hypothèse, plus radicale, suggère une explosion technologique semblable à une fusion nucléaire — une apocalypse silencieuse transformant le Nether en fournaise.

Une théorie largement partagée évoque les Anciens Bâtisseurs, un peuple aujourd’hui disparu, à qui l’on attribue la création de ces structures. Certains estiment même qu’ils ressemblaient étrangement à votre propre personnage. Un détail intrigue : les zombies du jeu possèdent une silhouette presque identique à la vôtre. Et s’ils étaient les descendants déchus de ces bâtisseurs ? Transformés en créatures errantes par une contamination progressive, à la manière des spores de The Last of Us ?

Le monde tel qu’il apparaît dans Minecraft serait alors le vestige d’une civilisation décimée. Un royaume perdu, rongé par le temps… et par les morts-vivants.

Le Nether, ou la chute d’un monde

Paysage du Nether dans Minecraft, avec des Ghasts flottant au-dessus de colonnes de basalte et de lacs de lave
Une dimension ravagée, saturée de lave et de silence. Le Nether, témoin d’un cataclysme ancien aux origines encore incertaines.

Autrefois simple contrepoint infernal à l’Overworld, le Nether a changé de visage avec sa refonte en 2020. L’ajout de nouveaux biomes — forêts carmins, deltas de basalte, vallées des âmes — a apporté bien plus qu’une diversité visuelle : un véritable récit géologique et historique semble s’y dessiner.

Certains détails sont troublants. Dans les deltas de basalte, un bruit discret évoque celui d’un compteur Geiger — comme une alerte radioactive. Des Piglins vivent dans des bastions monumentaux, perchés au-dessus de mers de lave. Et enfouis dans le sol, des débris antiques laissent entrevoir un passé plus complexe.

Une théorie fascinante propose que le Nether fut jadis un monde froid et aquatique. Les arbres déformés que vous y croisez auraient appartenu à d’anciennes forêts boréales. Les océans de lave auraient été, autrefois, des nappes souterraines. Le basalte, d’ailleurs, peut être obtenu à partir de glace bleue. Quant aux Ghasts, ils peuvent aujourd’hui se dessécher dans le Nether, et être “réhydratés” avec de l’eau et de la neige pour se transformer en Ghastling puis Happy Ghast — deux éléments absents de la dimension. Autant d’indices qui laissent penser que ce monde fut un jour bien plus accueillant.

Un désastre causé par la main humaine ?

Les Piglins, intelligents et organisés, seraient les survivants mutés de ce cataclysme. Quant aux arbres torturés, ils porteraient les stigmates d’une faune autrefois luxuriante.

Dans cette lecture, le Nether devient un miroir déformé de nos propres inquiétudes climatiques : un monde ravagé par l’excès, vidé de ses ressources, devenu inhabitable.

L’End, dernier refuge ou ultime avertissement ?

L’Ender Dragon surplombant des Endermen au cœur des ruines d’une cité de l’End dans Minecraft
L’End, ou peut-être l’avenir ? Le ciel violet, les tours brisées et les Endermen transportant des blocs racontent un monde figé après l’effondrement.

La troisième dimension du jeu, l’End, demeure la plus mystérieuse. Depuis l’apparition de ses cités flottantes, les théories abondent. Certains imaginent que les forteresses de l’Overworld ont été construites en hommage à l’Ender Dragon, d’autres voient en elles les derniers bastions d’une société qui tentait de contenir le vide.

Mais une hypothèse radicale circule : l’End ne serait pas une autre dimension… mais l’avenir de l’Overworld. Un monde figé, vidé de sa lumière, où le ciel violet ne serait rien d’autre que l’extinction progressive des étoiles.

Et si les Endermen étaient vos lointains descendants ? Des êtres qui auraient fui l’apocalypse, avant de tenter de revenir dans le passé, volant des blocs pour reconstruire leur monde. Dans cette perspective, chaque geste de ces créatures énigmatiques devient chargé de sens.

Une version plus sombre encore imagine l’End comme un vide qui se nourrit des autres dimensions, l’Ender Dragon envoyant ses serviteurs piller les mondes pour mieux les anéantir.

Héritiers d’un monde brisé

Au fond, que ce soit dans l’Overworld, le Nether ou l’End, chaque dimension de Minecraft semble porter la marque d’un effondrement. Le jeu ne raconte pas une apocalypse… mais ce qui vient après.

Et c’est peut-être là que réside sa force. En vous laissant libre de construire, de réparer, d’imaginer, Minecraft vous confie un monde en ruine. À vous de l’habiter autrement. De reconstruire sans répéter les erreurs du passé.

Un monde à rebâtir. Brique par brique. Bloc par bloc.

Source : Thegamer.com / Illustrations générées avec l’IA à partir de consignes de Minecraft.fr.

5 / 5 - (4 votes)